Bruxelles plus pessimiste que Hollande en matière de croissance et de déficit
La Commission européenne prévoit 1,3% de croissance en France en 2013, alors que le président élu table sur 1,7%. Bruxelles évalue le déficit public à 4,2%, contre un objectif de 3% affiché par Hollande.
Des chiffres de mauvais augure. La Commission européenne a publié ses prévisions de printemps vendredi 11 mai. Pour la France, elle table sur une croissance inférieure à celle prévue par le président élu, François Hollande, et sur un déficit public plus important en 2013. Comment interpréter ces chiffres ?
• Bruxelles prévoit 1,3% de croissance et 4,2% de déficit
Dans ses prévisions de printemps, la Commission prévoit une croissance en France de 1,3% en 2013. François Hollande estimait qu'elle s'établirait à 1,7%, soit le même niveau qu'en 2011. De son côté, le FMI avait tablé sur 1%.
La France devrait également connaître un dérapage de son déficit public en 2013 à 4,2%, contre un objectif de 3% affiché par François Hollande. La dette publique devrait elle aussi continuer à augmenter, passant de 85,8% du PIB en 2011 à 90,5% cette année et 92,5% en 2013.
Par ailleurs, la lente amélioration de la situation économique du pays, après 0,5% de croissance attendue cette année (soit un chiffre conforme à ce qu'attend François Hollande), "devrait être insuffisante pour mettre fin à la détérioration du marché du travail", souligne la Commission. Celle-ci table sur un taux de chômage en hausse : après 9,7% en 2011, il devrait atteindre 10,2% en 2012 et se stabiliser à 10,3% en 2013.
• Des prévisions réalisées "à politique constante"
Ces prévisions sont réalisées "à politique constante", c'est-à-dire en prenant seulement en compte les engagements pris officiellement par Nicolas Sarkozy. Elles ne tiennent donc pas compte du changement de politique économique qui pourrait résulter, en France, de l'élection de François Hollande.
D'après Bruxelles, le dérapage attendu du déficit public s'explique par l'anticipation d'une "hausse des dépenses publiques et d'un ralentissement de la croissance du PIB".
• François Hollande accuse le bilan du président sortant
Le président élu a aussitôt commenté ces chiffres. "J'ai demandé une évaluation par la Cour des comptes de la réalité budgétaire de notre pays, a rappelé François Hollande dans son fief de Tulle (Corrèze). Je savais déjà depuis plusieurs semaines qu'il y avait une dégradation plus grande que le gouvernement sortant ne le disait de nos comptes publics. Nous en avons confirmation et ça méritera d'être regardé, analysé. J'attends le rapport de la Cour des comptes pour ensuite prendre les décisions qui s'imposeront."
"Cette analyse valide celles que nous avons faites : elle conforte notre volonté d'avoir des mesures de croissance", estime de son côté Michel Sapin, joint par FTVi. Selon le député de l'Indre, qui était en charge du projet du candidat socialiste, la Commission européenne démontre aussi que les recettes affichées par le président sortant "n'étaient pas réelles". Or, conclut-il, "nous avons un programme de redressement prévoyant 29 milliards d'euros de recettes supplémentaires." L'objectif de déficit à 3% est donc maintenu par François Hollande.
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