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Notre-Dame-des-Landes : heurts entre forces de l'ordre et opposants

Les gendarmes avaient commencé à évacuer le terrain du futur aéroport à 8 heures du matin.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Près de 500 gendarmes ont procédé à l'évacuation des squatteurs du bocage de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), le 23 novembre 2012 au matin. (FRANK PERRY / AFP)

NOTRE-DAME-DES-LANDES - "Notre-Dame-des-Landes est un projet d'intérêt général et pas un projet personnel. L'aéroport se fera", avait réaffirmé jeudi le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, interrogé par Paris Match. Vendredi 23 novembre, 500 gendarmes mènent depuis 7 heures du matin, une "importante opération" d'évacuation de squatteurs qui s'opposent à la construction de l'aéroport dans la commune de Loire-Atlantique. 

Elle vise à évacuer trois sites occupés illégalement depuis plusieurs mois par les anti-aéroport : Le Rosier, La Lande de Rohanne et la Châtaigneraie où les premiers défrichements doivent débuter en janvier 2013. Vers midi, opposants et forces de l'ordre se sont affrontés.

Les affrontements ont-ils fait des blessés ?

Sur le site Zone à défendre, les militants opposés au projet font état d'une manifestante blessée, tandis qu'une journaliste de l'AFP sur place indique sur Twitter qu'un gendarme et deux journalistes ont également été blessés au cours de ces échauffourées. D'après le site du Mensuel de Rennes, qui cite un journaliste de RennesTv"cinq opposants ont été blessés par l'explosion d'une grenade assourdissante au niveau de Nouveau-Bois, derrière le chantier de déconstruction. (...) Les militants ont été touchés par des éclats, notamment aux membres inférieurs. L'un d'entre eux a été [blessé] à la tête."

En quoi consiste l'opération évacuation ? 

La Châtaigneraie et la Lande de Rohanne sont les lieux où les opposants avaient collectivement construit de nouvelles habitations le 17 novembre lors d'une manifestation qui avait réuni entre 13 500 (selon la police) et 40 000 personnes (selon les organisateurs). La saisie et l'évacuation des matériaux, outils et matériels de chantier est également prévue.

Près de 500 gendarmes à Notre-Dame-des-Landes (Nicolas Bertrand )

D'après des témoins sur place, les forces de l'ordre sont intervenues avec des lacrymogènes au pied des cabanes construites dans la forêt de Rohanne, qu'ils ont encerclée. Ils ont donné entre trente et quarante minutes aux squatteurs pour quitter les lieux, et commencé l'évacuation vers 8 heures.

Comment les opposants ont-ils répliqué ? 

Les anti-aéroport ont organisé des opérations escargot et blocages pour empêcher les autorités d'accéder au site. En milieu de journée, alors que deux pelleteuses et une benne se trouvaient sur le site pour ramasser les matériaux de construction et les outils, plusieurs dizaines d'opposants ont surgi des bois jouxtant les constructions en jetant bouteilles en verre et cailloux, tandis que CRS et gendarmes répliquaient avec des grenades et bombes lacrymogènes, a constaté l'AFP.

Les anti-aéroport ont appelé à de nombreuses manifestations de soutien dans toute la France, notamment devant l'Assemblée nationale, à Paris.

Que dit le gouvernement ? 

"Il est hors de question de laisser un kyste s'organiser", a affirmé le ministre de l'Intérieur Manuel Valls vendredi, à propos de l'opération d'expulsion en cours. "Nous mettrons tout en oeuvre pour que la loi soit respectée (...) pour que les travaux puissent avoir lieu", a affirmé le ministre lors d'un déplacement à Lorient aux côtés du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. 

Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet, présent sur place, avait insisté plus tôt sur "la détermination du ministère de l'Intérieur de faire respecter la loi et les décisions de justice, de prévenir les troubles à l'ordre public, et d'empêcher l'installation d'un camp pouvant servir de base de soutien aux opposants les plus radicaux, pour mener des actes de sabotage et des actions violentes sur le chantier de l'aéroport".

L'évacuation est "parfaitement légitime", a jugé le chef du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux. "C'est le devoir de l'Etat de faire appliquer les décisions de la justice qui a rejeté tous les recours intentés par les opposants à ce projet." "Le débat public sur ce projet a eu lieu pendant vingt ans. La moindre des choses est d'en accepter le verdict", a-t-il conclu.

Comment réagissent les écologistes ? 

Le porte-parole national d'Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV), Jean-Philippe Magnen, a jugé "désolant" le recours aux forces de l'ordre pour évacuer les squatteurs. "C'est désolant. C'est la réponse à la mobilisation citoyenne de samedi [17 novembre]. Monsieur Hollande a invoqué la force du droit, mais c'est la force qui répond", a-t-il estimé.

"C'est d'autant plus désolant que nous avions proposé une sortie par le haut avec la nomination d'un médiateur pour réinstaurer un dialogue", a ajouté le porte-parole, également vice-président du conseil régional des Pays de la Loire. "On constate une situation de blocage. Il faut arrêter d'essayer de passer en force. Donc nous continuons de demander un médiateur", a renchéri le patron d'EE-LV, Pascal Durand, affirmant que depuis que cette proposition avait été faite, c'était "le silence" côté gouvernement. 

Le sénateur EE-LV de Loire-Atlantique Ronan Dantec a pour sa part estimé que "ce n'est pas la bonne méthode, ce n'est pas la bonne réponse à près de 40 000 personnes en majorité de gauche qui ont manifesté samedi dernier".

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