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La guerre des mots franco-britannique s'envenime

Depuis la décision du Royaume-Uni de ne pas signer l'accord européen né de la crise de la zone euro, Paris et Londres ne cessent de multiplier attaques et railleries. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Le Premier ministre britannique David Cameron au Parlement britannique à Londres (Royaume-Uni), le 14 décembre 2011. (PARBUL TV / REUTERS)

C'est passablement énervé que Nick Clegg, le vice-Premier ministre britannique, a répondu à un coup de téléphone de François Fillon vendredi 16 décembre. Il a fait savoir au Premier ministre français que, selon lui, "les récentes remarques de membres du gouvernement français sur l'économie britannique étaient simplement inacceptables et que des mesures devaient être prises pour calmer la rhétorique".

Depuis que David Cameron, le Premier ministre du Royaume-Uni, a refusé de signer l'accord européen du 9 décembre sur la stabilité financière de la zone euro, l'ambiance est tendue entre Londres et Paris.

Ulcéré par la position protectionniste de Cameron, le gouvernement français, qui compte sur la solidarité européenne pour résoudre la crise de la dette, a durement critiqué l'économie britannique.

"Mieux vaut être français que britannique"

Les derniers épisodes en date tournent autour de la menace de perte du triple A français. Le 15 décembre, François Fillon a ainsi déclaré que "nos amis britanniques sont encore plus endettés que nous et ont un déficit plus élevé", sans que les agences de notation "ne semblent le remarquer". Dans la foulée, Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France, a appelé les agences à dégrader la note du Royaume-Uni avant celles des pays de la zone euro.

Le lendemain, vendredi 16 décembre, c'est au tour de François Baroin, le ministre de l'Economie, d'enfoncer le clou : "C'est vrai que la situation économique de la Grande-Bretagne est aujourd'hui très préoccupante, et qu'on préfère être français que britannique en ce moment."

Les critiques venues de Paris ont été mal accueillies de l'autre côté de la Manche. Le 10 Downing Street, siège du Premier ministre britannique, a rappelé l'existence de son "plan crédible approuvé par de nombreuses organisations internationales" d'élimination de la quasi-totalité du déficit public d'ici à cinq ou six ans.

Juifs et musulmans "plus heureux en Grande-Bretagne"

La coalition britannique au pouvoir, écartelée entre des conservateurs eurosceptiques et des libéraux qui ne veulent pas quitter l'Union européenne, avait décidé de détourner les critiques nées de son refus de signer l'accord européen. Mieux valait pointer du doigt la France, accusée de faire preuve d'arrogance et de manque d'ouverture face aux demandes du Royaume-Uni d'épargner les traders britanniques des règles à venir.

Si l'image n'a pas été particulièrement relevée en France, la main tendue par David Cameron et esquivée par Nicolas Sarkozy à Bruxelles a ainsi fait le tour des médias outre-Manche, comme le raconte Europe 1.

Le débat enflammé a également dévié sur des considérations moins économiques. David Cameron a ainsi déclaré que "les juifs ou les musulmans sont plus heureux en Grande-Bretagne que dans un pays laïc comme la France". Car, selon le Premier ministre britannique, cité par le quotidien The Guardian (article en anglais), "la tolérance que demande la chrétienté donne plus d'espace aux autres religions".

Fillon veut "dissiper les malentendus"

La presse britannique s'est déchaînée contre les attaques françaises. Le rédacteur en chef adjoint du quotidien The Daily Telegraph (article en anglais) a ainsi appelé la France à se souvenir que, sans le Royaume-Uni, elle serait restée sous le joug nazi lors de la seconde guerre mondiale.

François Fillon a voulu calmer le jeu en téléphonant à Nick Clegg pour "dissiper les malentendus". Le Premier ministre français "ne voulait en aucun cas remettre en cause la notation du Royaume-Uni", selon son entourage. On est quand même loin de l'image de Nicolas Sarkozy et de David Cameron, portés conjointement en triomphe à Benghazi (Libye), comme le rappelle RFI. Après avoir été côte à côte contre Kadhafi, Paris et Londres se retrouvent aujourd'hui face à face dans un conflit économique.

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