La prison a été requise en appel, mercredi, contre 6 ouvriers de l'usine Continental de Clairoix poursuivis pour saccage
Des peines de 2 à 5 mois de prison avec sursis, quasi-équivalentes à celles prononcées en première instance, ont été requises.
Les six ouvriers avaient été condamnés le 1er septembre à 3 à 5 mois avec sursis pour le saccage de la sous-préfecture de Compiègne en avril, dans le cadre d'une action pour dénoncer la fermeture du site.
"Je vous demande un verdict d'indulgence", de "compréhension", a déclaré l'avocat général Pierre Avignon, en soulignant qu'une relaxe, réclamée de toutes parts par les soutiens des prévenus, "serait la porte ouverte à l'impunité".
L'arrêt de la cour d'appel d'Amiens a été mis en délibéré au 5 février.
Le 21 avril dernier, quelque 200 ouvriers de l'usine de Clairoix, dont la fermeture avait été annoncée le 11 mars, avaient mis à sac des locaux de la sous-préfecture de Compiègne après avoir appris que la justice avait refusé d'annuler le plan social.
Large soutien aux Conti
Une marche de soutien aux "Conti" a réuni mercredi matin à Amiens 750 à 1.500 personnes, selon la police et la CGT. Le PS et la CGT ont appelé à "la relaxe". "Les voyous, c'est pas nous", ont scandé les manifestants.
Le cortège comptait plusieurs personnalités politiques comme le leader du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) Olivier Besancenot, la secrétaire nationale du PCF Marie-George Buffet, la secrétaire nationale des Verts Cécile Duflot, le député communiste dissident de la Somme Maxime Gremetz et le président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon. Une condamnation en appel des six ouvriers de Continental "serait une défaite pour l'ensemble du mouvement ouvrier", a estimé Olivier Besancenot.
Le Parti socialiste a demandé mardi au gouvernement de ne "pas se porter partie civile" et s'est élevé "contre toute forme de criminalisation des combats syndicaux". Le PS, qui "souhaite une décision juste", appelle, "pour ne pas ajouter une sanction judiciaire et financière à l'exclusion sociale, à la clémence et à la relaxe des six salariés du groupe Continental". "Si la violence ne peut être acceptée, la situation d'extrême détresse des salariés victimes de licenciements économiques et vivant dans des bassins d'emploi ravagés par le chômage doit impérativement être prise en compte", a également jugé le parti.
La CGT a réclamé dès lundi la "relaxe" des salariés de Continental-Clairoix. Selon la confédération de Bernard Thibault, "face à la désespérance, les salariés ne veulent pas "mourir en silence". "Ils sont souvent contraints face au mur patronal et des pouvoirs publics à exprimer fortement leur colère légitime", alors que "la crise est trop souvent le prétexte pour licencier, délocaliser ou fermer des entreprises".
Mercredi dernier, plusieurs dirigeants de partis de gauche et d'associations comme la Ligue des droits de l'Homme et le Syndicat de la magistrature, avaient apporté leur soutien aux ouvriers condamnés et annoncé qu'ils viendraient témoigner devant la cour d'appel d'Amiens.
Une longue lutte
1.120 salariés de Continental à Clairoix avaient appris en mars 2009 la fermeture de leur usine de pneus, la plus importante depuis le début de la crise économique. Après plusieurs semaines de mobilisation sans avancée notoire dans les négociations, les grévistes s'étaient radicalisés et avaient saccagé la sous-préfecture de Compiègne.
Des manifestations avaient eu lieu jusqu'à Hanovre, siège du groupe allemand, et un accord avait fini par être trouvé mi-juillet sur une prime de 50.000 euros pour chaque "Conti".
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