La rentrée électrique de l'UMP
Jean-François Copé et François Fillon s'opposeront à distance, dimanche, pour leur rentrée politique.
POLITIQUE - A l'UMP, ce que beaucoup redoutaient est en train d'arriver. A trois mois du vote des militants pour élire leur nouveau président, la campagne interne donne lieu à un affrontement de plus en plus virulent entre les deux favoris : François Fillon et Jean-François Copé. Dimanche 26 août, l'ancien Premier ministre et l'actuel secrétaire général de l'UMP s'affronteront à distance pour leur rentrée politique, et ouvriront officiellement les hostilités. Le premier réunira ses partisans à Saint-Denis-d’Orques (Sarthe), où il inaugurera son "tour de France des fédérations". Au même moment, le second annoncera officiellement sa candidature à la présidence de l'UMP depuis Châteaurenard (Bouches-du-Rhône), devant "sans doute plus de 2 000 militants" et une bonne soixantaine de parlementaires.
"Une petite démonstration de force, salive un proche de Copé, pour montrer à Fillon qui a le soutien des militants." Car dans le camp du secrétaire général de l'UMP, on refuse de croire aux sondages, qui pronostiquent une large victoire de François Fillon, mais se basent sur les sympathisants UMP et non sur les seuls adhérents du parti. "Moi, je connais tous les cadres du parti, et je passe mon temps depuis des mois à parler aux militants. Or ce sont eux qui votent, pas les sympathisants", signale Jean-François Copé au Point, dans son édition du 23 août.
Une analyse que partage Yves-Marie Cann, directeur d'études à l'institut CSA. "L'UMP revendique aujourd'hui 260 000 membres à jour de cotisation, soit un corps électoral très réduit par rapport aux quelque neuf à dix millions de sympathisants de l'UMP au sein de la population française aujourd'hui", rappelle-t-il sur L'Express.fr. Et de conclure : "Les enquêtes réalisées ne permettent pas de savoir qui de François Fillon ou de Jean-François Copé est le plus populaire aujourd'hui au sein des adhérents."
Fillon accusé de "manquer de droiture"
Du coup, les copéistes comptent bien passer à la vitesse supérieure pour rattraper l'hypothétique retard de leur champion. Quand, dans un long entretien paru dans Le Point jeudi 23 août, François Fillon explique que "le fillonisme pourrait être une approche plus sereine et plus pragmatique des choses" que le sarkozysme, le clan Copé lui tombe dessus à bras raccourcis, dénonçant une quasi-trahison.
"Dans l'opposition et en période de reconquête, on pouvait attendre de l'ancien Premier ministre davantage de droiture", persifle la déléguée générale de l'UMP, Valérie Rosso-Debord. "Les militants et sympathisants de l'UMP apprécieront…", grince le député Sébastien Huyghe. "Aujourd'hui, les adhérents se sentent orphelins de Nicolas Sarkozy, ajoute un autre responsable du parti. Le futur président de l'UMP ne gagnera jamais en disant 'Sarkozy, c'est fini, on regarde devant'."
Jean-François Copé lui-même a répliqué à François Fillon, sans toutefois citer son nom, à son arrivée à Nice vendredi. L'actuel patron du parti s'est en effet dit "surpris et même parfois un peu choqué" lorsque il entend "certains qui ont été membres de ses gouvernements et à qui il a tant donné aujourd'hui le critiquer comme ils le font". "Je ne fais partie des gens qui, comment dit-on, prennent leurs distance. Non, moi je ne suis pas de ceux-là."
Copé accusé de faire campagne "avec les moyens du parti"
La riposte ne s'est pas fait attendre. Directeur de campagne de François Fillon, Eric Ciotti a lancé une contre-offensive en exigeant de Jean-François Copé qu'il se mette en congé de ses responsabilités de secrétaire général de l'UMP : "On ne peut pas organiser une élection à laquelle on est soi-même candidat. Loin de moi de lui reprocher de faire campagne, mais pas avec les moyens du parti !", a-t-il justifié mercredi 22 août sur Europe 1, jugeant qu'il s'agissait d'une question de "morale".
"Pour des favoris, ils sont vraiment fébriles", note en retour le camp Copé. Pour David-Xavier Weiss, proche de l'actuel patron de l'UMP et interrogé par Le Figaro, voilà "une manœuvre inélégante, digne d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, de la part de ceux qui prétendent donner aux autres des leçons de probité". "On ne change pas les règles en cours de campagne", ajoute dans Le Parisien du 23 août le sénateur Roger Karoutchi, qui accuse le clan Fillon de vouloir "créer des tensions internes inutiles".
Deux camps de plus en plus divisés, donc, mais qui se retrouveront vendredi et samedi à Nice, à l'invitation de "l'Association des amis de Nicolas Sarkozy", présidée par Brice Hortefeux. Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire, Xavier Bertrand, Christian Estrosi… Déclarés ou non, tous les prétendants à la présidence de l'UMP seront au rendez-vous. Tous… sauf un, François Fillon, qui a toujours la jambe dans le plâtre depuis son accident de scooter en Italie fin juillet.
Selon son entourage, les médecins lui ont déconseillé de faire le déplacement. L'ex-Premier ministre fera donc parvenir un message aux participants, et son trio de lieutenants (Ciotti, Wauquiez, Pécresse) sera présent. "Il a une excuse médicale, il fait sa rentrée dans la Sarthe le lendemain", raille aussitôt un proche de Jean-François Copé. La guerre ne fait que commencer.
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