Le Front de gauche prend une claque dans ses bastions
FRANCE - La soirée du premier tour a été difficile pour le parti de Jean-Luc Mélenchon et les communistes, qui accumulent les résultats décevants.
Le Front de gauche est tombé de haut, dimanche 10 juin, à l'issue du premier tour des élections législatives. Avec 6,91% des suffrages, l'attelage composé du Parti communiste et du Parti de gauche améliore certes le score du seul PCF en 2007. Mais paradoxalement, les communistes vont perdre des députés. Et leur groupe politique à l'Assemblée est menacé de disparition.
• Mélenchon, symbole d'une déroute
C'était la circonscription sur laquelle la France avait braqué tous ses yeux. En se parachutant à la surprise générale dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, sur des terres socialistes en voie de lepénisation, Jean-Luc Mélenchon a assuré le spectacle médiatique. Mais le résultat est sévère. Lui qui voulait combattre de front la patronne du FN se retrouve éliminé, relégué à la troisième position (21,48%), avec deux fois moins de voix que sa rivale et derrière le candidat PS, Philippe Kemel.
• Combien de députés Front de gauche ?
Le Front de gauche pourrait regretter de ne pas avoir réussi à nouer un accord avec le Parti socialiste. Réagissant au score de son parti dimanche soir, le sécrétaire national du PCF a préféré positiver : "Ce résultat confirme l'ancrage national" du Front de gauche "qui est à nouveau ce soir la seconde force de la gauche", devant Europe Ecologie-Les Verts. Ces mêmes Verts qui, en dépit d'un score décevant, devraient augmenter sensiblement leur nombre d'élus, en grande partie grâce à l'accord passé avec le PS.
Selon les estimations d'Ipsos-Logica Business Consulting, le Front de gauche pourrait obtenir entre 12 et 17 députés, contre 20 actuellement. S'il passe sous la barre des 15 membres, le Front de gauche devra trouver des députés d'appoint s'il veut conserver son groupe.
• Plusieurs bastions menacés
Faute d'accord avec le PS, le Front de gauche voit certains de ses plus importants fiefs menacés. Certains sièges sont d'ores et déjà perdus. Dans la 14e circonscription du Rhône, le communiste André Gérin ne se représentait pas pour un cinquième mandat de rang. Michèle Picard, qui lui a succédé à la mairie de Vénissieux, a été éliminée dès le premier tour au profit du PS. Même déconvenue pour Jean-Luc Lanouilh, dans la 4e circonscription de l'Aisne, qui devait succéder au député sortant Jacques Desallangre (Parti de gauche). Raté : il termine quatrième, derrière l'UMP, le PS et le FN. Idem pour Jean-Claud Renaux, dans la 1re circonscription de la Somme.
En région parisienne, les anciennes banlieues rouges continuent à se rosir. A Gennevilliers, la 1re circonscription des Hauts-de-Seine, acquise au PCF depuis le début de la Ve République, est en passe de rejoindre l'escarcelle du PS. Le président du groupe communiste à l'Assemblée nationale, Roland Muzeau, a été devancé par le socialiste Alexis Bachelay. A Bagneux, Malakoff et Montrouge, la surprise vient de Julie Sommaruga (PS), qui double sur le fil la sortante Marie-Hélène Amiable dans la 11e circonscription des Hauts-de-Seine. La même mésaventure est arrivée à Patrick Braouezec, à Saint-Denis. Indéboulonnable député de la 2e circonscription de Seine-Saint-Denis depuis 1993, il a été devancé par le candidat du PS, qu'il est censé affronter au second tour.
La situation n'est guère plus enviable pour Marie-George Buffet dans sa 4e circonscription de Seine-Saint-Denis. L'ex-patronne du PCF est arrivée en tête (33,64%), mais talonnée par une candidate socialiste (30,49%), qu'elle doit affronter dans un second tour périlleux. A moins que cette dernière ne se désiste. A Montreuil, dans la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis, l'ancien maire PCF Jean-Pierre Brard pourrait perdre son siège face à son rival socialiste, Razzy Hammadi, soutenu par les Verts.
Plusieurs cadres du Front de gauche ont par ailleurs été éliminés, à l'instar d'Eric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche, dans la 2e circonscription de Corrèze (6,93%), ou de Martine Billard, victime du redécoupage électoral, dans la 5e circonscription de Paris.
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