Cellule terroriste : "Le groupe le plus dangereux depuis 1996", selon le procureur
Le procureur de la République de Paris a indiqué jeudi que la cellule islamiste démantelée ce week-end était composée de "convertis plus ou moins récents".
ANTITERRORISME – On en sait davantage sur le profil et les motivations des suspects dans l'affaire de la cellule islamiste démantelée samedi. Lors d'une conférence de presse, jeudi 11 octobre, le procureur de Paris, François Molins, a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire pour de multiples motifs, notamment "tentative d'assassinats en lien avec l'appartenance avec une religion, en relation avec une entreprise terroriste".
Sur les douze personnes interpellées samedi et soupçonnées de faire partie d'une cellule radicale terroriste, sept ont été déférées devant la justice jeudi matin en vue d'une mise en examen. Les cinq autres ont été remises en liberté à l'issue de cinq jours de garde à vue.
L'enquête a été scindée en deux volets qui se sont finalement rejoints. Le premier concerne l'attentat dans une épicerie casher de Sarcelles (Val-d'Oise), dont les auteurs ne sont pas encore tous formellement identifiés. Le second porte sur un réseau prêt à se former auprès de jihadistes basés à l'étranger. Voici ce que l'on sait des sept personnes déférées devant la justice.
Qui sont les suspects ?
Tous les individus déférés jeudi devant le juge antiterroriste sont âgés de 19 à 25 ans, nés en France et de nationalité française. Presque tous sont des convertis récents à l'islam et possèdent un profil de petits délinquants.
Le procureur a néanmoins estimé que leur radicalisation n'était pas liée à leur détention. Outre Jérémie Louis-Sidney, mort samedi lors de son interpellation à Strasbourg, seulement deux des suspects ont été incarcérés par le passé, respectivement pour deux et trois mois, dans des affaires de vols ou trafic de stupéfiants.
Que leur reproche-t-on ?
Cinq personnes, dont Jérémie Louis-Sidney, abattu par la police, sont soupçonnées d'avoir pris part à l'attentat antisémite contre un commerce casher de Sarcelles le 19 septembre.
Parmi les suspects présumés de cet attentat figurent également Jérémy Bailly, interpellé en Seine-et-Marne et qui apparaît comme le membre principal du groupe, et un autre homme ayant fait des repérages. Deux autres personnes sont suspectées d'avoir participé à cet attentat – deux individus jeunes, l'un "de type européen, l'autre de type africain" –, mais les enquêteurs ne savent pas pour l'heure si elles figurent parmi les personnes interpellées.
Les perquisitions menées depuis mardi soir à Torcy (Seine-et-Marne) ont permis de découvrir un fusil à pompe, une arme de poing, "des sacs contenant du nitrate de potassium, du soufre, du salpêtre, des récipients type Cocotte-Minute et des ampoules de phare, tous produits ou instruments utiles à la fabrication de ce que l'on appelle des engins explosifs improvisés", a confirmé le procureur.
Ces produits permettent la fabrication de bombes du même type que celles utilisées lors des attentats perpétrés en France en 1995 par des terroristes du GIA. Le procureur a d'ailleurs estimé que la cellule démantelée était "le groupe terroriste probablement le plus dangereux mis au jour depuis 1996".
Dans le second volet de l'affaire, plusieurs suspects projetaient de se rendre en Syrie pour rejoindre des groupes jihadistes. Deux d'entre eux ont joué un "rôle clé" dans ce projet, a indiqué le procureur. L'un avait un contact à l'étranger et "servait de relais" pour les candidats au jihad, tandis que le second s'est récemment rendu en Egypte et en Tunisie avec Jérémie Louis-Sidney.
Et maintenant ?
Une information judiciaire a été ouverte notamment pour "tentative d'assassinat en lien avec l'appartenance à une religion, en relation avec une entreprise terroriste", ainsi que pour "association de malfaiteurs".
Le procureur a évoqué une "absence totale de coopération" des suspects durant les interrogatoires de police. Jérémy Bailly a certes reconnu vouloir fabriquer une bombe, mais "sans désigner de complice ou de cible".
Trois juges sont chargés de conduire l'enquête. Le procureur a requis la mise en examen et l'incarcération des sept personnes déférées.
Parmi les cinq personnes relâchées figurent trois proches des suspects qui se trouvaient sur place lors des interpellations de samedi et dont les liens avec l'affaire n'ont pas été établis. Les deux autres étaient des "objectifs initiaux" des policiers, mais il n'y avait pas suffisamment d'éléments contre eux pour justifier un défèrement.
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