Le maire PS de Clamart soupçonné de corruption
Une vidéo mise en ligne montre le maire de Clamart, Philippe Kaltenbach, en train de recevoir de l'argent d'un tiers contre la promesse d'un logement social.
Flagrant délit de corruption ou piège tendu par des ennemis politiques ? Le parquet de Nanterre a annoncé jeudi 26 janvier avoir ouvert une enquête préliminaire pour corruption visant le maire PS de Clamart (Hauts-de-Seine). Incriminé par deux vidéos filmées à son insu, dont une qui le montre acceptant de l'argent en échange de son aide présumée pour obtenir un logement social, Philippe Kaltenbach a convoqué la presse vendredi afin de donner sa version des faits.
Les images l'accablent, mais le maire se défend. "Je ne me laisserai pas faire", a-t-il juré jeudi dans un communiqué.
• Qu'est-il reproché à Philippe Kaltenbach ?
Le maire socialiste de Clamart est soupçonné d'avoir accepté une somme d'argent en échange d'un coup de pouce dans l'attribution d'un logement social pour l'ami d'un proche, lequel a filmé la transaction en caméra cachée.
• Que montrent les vidéos ?
Un film, réalisé le 14 avril 2010, a été mis en ligne mardi sur la plateforme de vidéos YouTube, rapporte Le Figaro.fr. Phillipe Kaltenbach y est filmé à son insu par son collaborateur Mohamed Abdelouahed, à l'époque adjoint à la sécurité devenu depuis responsable de la voirie de Clamart.
Ce dernier lui rapporte la situation d'un proche qui a besoin d'être relogé. "Tellement qu'il est dans la merde, il m'a rajouté un billet, explique Mohamed Abdelouahed. J'en ai rien à faire. Moi je les garde pas...Tout ce que je veux, c'est qu'il ait un bel appartement, quoi." Le maire soupire : "Non, non c'est bon, attends." Quelques instants plus tard, il prend l'argent. "Sur le centre-ville, le premier trois-pièces, on lui proposera", conclut-il.
Le film montre l'adjoint donnant au maire 1 000 euros en billets de 50. Dans la conversation, il est question de 5 000 € qui auraient été remis plus tôt.
Dans une autre vidéo, plus longue, mise en ligne sur Dailymotion le 19 janvier, Philippe Kaltenbach et son collaborateur évoquent également l'attribution d'un logement à un tiers.
• Comment l'enquête a-t-elle démarré ?
L'enquête préliminaire a été ouverte au printemps 2011 par le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, saisi par le maire UMP du Plessis-Robinson, une ville voisine, Philippe Pemezec, qui entretient des relations conflictuelles avec Philippe Kaltenbach. L'enquête a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE).
Interrogé par l'AFP, Philippe Pemezec a justifié sa décision de dénoncer les faits sur le fondement de l'article 40 du Code de procédure pénale : "Lorsqu'un élu de la République a connaissance de faits qui peuvent apparaître délictueux, il est de son devoir d'en informer le procureur. C'est ce que j'ai fait." "Si ces faits sont avérés, ils sont d'une gravité extrême", a-t-il ajouté.
Interrogé par Le Figaro, Mohamed Abdelouahed a botté en touche : "Je n'ai pas de commentaires à faire là-dessus. Je n'ai pas vu cette vidéo, je ne sais pas si c'est un montage ou quoi."
• Quelle est la version des faits de Philippe Kaltenbach ?
Pour le maire PS de Clamart, cette vidéo est "un montage", "une manipulation grossière de [ses] ennemis politiques". Philippe Kaltenbach rappelle d'ailleurs combien ses relations avec Philippe Pemezec sont tendues.
"Il s'agit bien évidemment d'un coup monté et d'une barbouzerie", se défend le maire de Clamart. Le sénateur socialiste argumente : "Mohamed Abdelouahed, que je connais bien, était mon adjoint en charge de la sécurité. Egalement responsable d'une petite entreprise de travaux publics, il s'est retrouvé en grande difficulté en 2009 et m'a sollicité pour lui venir en aide. Je lui ai prêté 1 000 euros, somme qu'il m'a rendue."
"C'est vieux, ça a trois ans, moi je n'ai jamais touché de l'argent pour des logements, c'est diffamatoire, je vais attaquer, a menacé jeudi le maire, cité par Le Figaro.fr. Je ne sais pas qui filme ça, je ne sais pas si c'est un montage ou un faux, mais je n'ai jamais touché un centime, ni pour mon chef de cabinet Christophe Jaurrey, ni pour quelqu'un d'autre."
Pour l'élu incriminé, qui a demandé "une expertise technique de ces bandes", cette "mise en scène grossière et grotesque [est] réalisée à partir de vidéos manipulées".
Philippe Kaltenbach accuse également vendredi 27 janvier le procureur Courroye d'être à l'origine de cette opération, l'accusant d'être "un habitué de ce type de manoeuvre".
• Comment a réagi l'opposition municipale ?
Dès mercredi soir, le responsable du groupe d'opposition UMP à Clamart, qui ne croit pas à la manipulation, est intervenu en conseil municipal. Pour Jean-Didier Berger, ces faits, s'ils étaient avérés, ne feraient que confirmer ce qu'il dénonce déjà : l'opacité de l'attribution des logements sociaux à Clamart.
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