Les islamistes ont remporté les élections législatives au Maroc
Selon les résultats officiels partiels, les islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD) ont remporté les législatives qui se sont tenues hier au Maroc.
Les résultats définitifs seront connus dimanche. En attendant, le parti islamiste marocain, le Parti de la justice et du développement (PJD), est d'ores et déjà assuré de sa victoire aux élections législatives qui se sont tenues hier.
• Les résultats partiels
Le PJD qui a remporté 80 sièges, est suivi du parti de l'Istiqlal, le parti du Premier ministre Abbas El Fassi, qui a obtenu 45 sièges, selon le ministre qui annonçait les premiers résultats portant sur 296 des 395 sièges que compte la chambre. Le Rassemblement national des indépendant (RNI) et le Parti authenticité et modernité (PAM), deux formations libérales proches du palais royal, ont respectivement obtenu 38 et 33 sièges.
D'après le ministre marocain de l'Intérieur, Taib Cherkaoui, le taux de participation a atteint 45,4% des inscrits.
• Que va-t-il se passer dans les jours qui viennent ?
Dès l'annonce des résultats définitifs, prévue ce dimanche, le roi Mohamed VI doit désigner le chef du gouvernement au sein du parti vainqueur du scrutin, comme le veut la nouvelle Constitution.
Le chef du parti islamiste Abdelilah Benkirane s'est dit "diposé à ouvrir des concertations avec les autres partis", en vue de la formation de ce nouveau gouvernement.
• Quel place pour l'islam politique ?
Le Maroc a suivi suivre l'exemple de ses voisins. A l'image de la Libye ou de la Tunisie, le printemps arabe semble favoriser l'émergence de mouvements islamistes.
Comme le parti Ennahda en Tunisie, le PJD marocain a remporté les élections. Deuxième force politique du Parlement actuel, il devrait voir le premier parti, l'Istiqlal ("indépendance"), le soutenir à l'issue de cette victoire.
Mais pour Abdelilah Benkirane, le leader du PJD, qui affiche sa "référence islamique" et se dit "monarchiste", "on ressemble à Ennahda autant que le Maroc ressemble à la Tunisie". Le PJD n'évoque pas la charia (la loi islamique), a promis de ne pas interdire l'alcool, mais a insisté pour que la liberté de conscience ne figure pas dans la nouvelle Constitution, adoptée en juillet.
Un discours rassurant, corroboré par Khalid Naciri, porte-parole du gouvernement et membre d'un petit parti socialiste : "Il n’y a pas de danger islamiste. La Tunisie, elle, vient de découvrir le pluralisme politique, qui existe déjà au Maroc."
• Un scrutin très ouvert
Trente partis ont présenté des candidats, mais deux forces majeures étaient favorites : les islamistes modérés du Parti de la justice et du développement (PJD), victorieux samedi, et la Coalition pour la démocratie, qui réunit huit partis d'inspiration libérale prêts à gouverner ensemble.
Salaheddine Mezouar, candidat du Rassemblement national des indépendants (RNI), actuel ministre de l'Economie et des Finances, est l'un des favoris pour le poste de Premier ministre. Comme il l'explique au Figaro, il souhaite faire fructifier l'économie marocaine en cette période de crise, en profitant d'un taux de croissance supérieur à 4 % et de la position stratégique du Maroc en termes d'échanges entre l'Europe et l'Afrique.
Il est également à la tête de la Coalition pour la démocratie, huit formations appelées à s'allier en fonction des résultats des législatives. Des alliances parlementaires et gouvernementales seront d'ailleurs probablement nécessaires. Car comme le confirme Khalid Naciri, l'actuel ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, "le jeu n'a jamais été aussi ouvert (…) et le parti le plus puissant ne dépassera sans doute pas les 16 à 18 %".
• Un enjeu majeur pour le roi Mohammed VI
Contrairement à ses homologues tunisien, égyptien et libyen, Mohammed VI a évité un renversement. En mars, face aux mouvements de contestation naissants, il a provoqué une "révolution tranquille", comme le rappelle Le Monde.
Le roi a ainsi permis une réforme constitutionnelle majeure adoptée par référendum le 1er juillet. Un Premier ministre au pouvoir renforcé, une justice plus indépendante : le souverain a accepté un nouveau partage des rênes du pouvoir, symbolisé par ces législatives anticipées qu'il a lui-même annoncées le 30 juillet.
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