Le Sénat élabore un "amendement Nutella"
La commission des Affaires sociales du Sénat a adopté mercredi un amendement visant à augmenter de 300% la taxe sur l'huile de palme.
BUDGET - Drôle d'appellation pour un amendement. La commission des Affaires sociales du Sénat a adopté mercredi 7 novembre un amendement visant à augmenter de 300% la taxe sur l'huile de palme. Concrètement, cette augmentation représentera par exemple une hausse de 30 centimes pour un pot géant de Nutella de 5 kg, dont le prix tourne actuellement autour des 37 euros.
Ce que dit le texte
Cet amendement au projet de loi de financement 2013 de la Sécurité sociale (PLFSS) institue une contribution additionnelle de 300 euros la tonne à la taxe spéciale prévue sur les huiles de palme, de palmiste et de coprah destinées à l'alimentation humaine. Déjà surnommé "amendement Nutella", le texte devrait être soutenu par le gouvernement.
La taxe actuelle sur ces produits est de 98,74 euros la tonne d'huile de palme et de 107,8 euros la tonne d'huile de coprah et de palmiste. Le rendement de la taxe additionnelle serait donc de l'ordre de 40 millions d'euros, estime Yves Daudigny (PS), auteur de l'amendement et rapporteur de la commission. Le PLFSS sera examiné en séance par le Sénat à partir de lundi prochain.
Le diesel, les margarines et la purée aussi concernées
Le Nutella n'est pas le seul produit alimentaire ou bien de consommation à comporter de l'huile de palme. Cette matière grasse se cache aussi dans le lait pour bébé ou viennoiseries, mais aussi au fond d'une large partie des cosmétiques et des produits d’entretien, tels que les shampoings, gels douche, déodorants ou mousses à raser, comme l'a révélé sur son blog Adrien Gontier, étudiant en géochimie qui a vécu un an sans consommer d'huile de palme.
Ainsi, par exemple, un paquet de purée de pomme de terre en flocons Vico de 1 kilo qui coûte 3,590 euros et dans lequel se trouve environ 1% d'huile de palme selon Adrien Gontier, devrait coûter 3,592 euros, soit une très légère augmentation. Les margarines aussi sont concernées : toutes ou presque comportent de l'huile de palme, selon la Cahambre syndicale de la margarine. Idem pour le diesel : "sur les 10 % d'agrocarburants imposés par l'Union européenne dans la composition du diesel, 1 % est ainsi constitué d'huile de palme, soit l'équivalent de deux cuillères à soupe pour un plein de 50 litres", d'après les propos d'Adrien Gontier sur Le Monde.fr. Et le calcul peut s'appliquer à tous les produits composés avec de l'huile palme qu'il a répertoriés.
Pourquoi cet amendement
Cette taxe doit constituer un signal, "non à destination des consommateurs, mais à destination des industries agroalimentaires pour qu'elles substituent à ces huiles de nouvelles compositions plus respectueuses de la santé humaine", a souligné Yves Daudigny. L'huile de palme, qui ne constitue pas à proprement parler une huile mais des graisses, est accusée d'avoir des effets nocifs sur la santé et sur l'environnement, entraînant notamment une déforestation.
La France consomme 126 000 tonnes d'huile de palme à usage alimentaire par an, soit 2 kg par habitant et par an. Selon l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), les acides gras saturés sont consommés en excès par la population française, contribuant au développement de l'obésité, et ils favorisent les maladies cardio-vasculaires.
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