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Le taux directeur de la BCE abaissé à son plus bas niveau depuis la création de l'euro

Il a été abaissé d'un quart de point à 0,75%. Cette décision, attendue, est la 36e modification du taux directeur de l'institution depuis le lancement de la monnaie unique. C'est aussi le taux le plus bas de son histoire.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La Banque centrale européenne a décidé d'abaisser son taux directeur, jeudi 5 juillet 2012. (TIBOR BOGNAR / AFP)

La Banque centrale européenne (BCE) a décidé jeudi 5 juillet d'abaisser son principal taux directeur d'un quart de point. Il est désormais fixé à 0,75%, son plus bas niveau historique. Cet assouplissement de la politique monétaire intervient après des décisions similaires annoncées plus tôt dans la journée par la Banque d'Angleterre et la Banque populaire de Chine. 

Depuis le lancement de l'euro le 1er janvier 1999, la BCE a modifié ses taux 36 fois, 18 hausses et 18 baisses. Il est encadré par un taux plancher (dépôt au jour le jour), auquel les banques privées peuvent placer de l'argent pour 24 heures auprès de la BCE. Ce dernier a été lui abaissé d'un quart de point, à 0%. Le taux plafond (prêt marginal au jour le jour), auquel les banques peuvent emprunter sur la même durée, a été abaissé de 0,25 point à 1,50%.

• Pourquoi cette baisse ? 

La BCE tente de doper l'activité économique dans la zone euro sur fond de crise de la dette, quelques jours après un sommet européen marqués par plusieurs décisions visant à empêcher une extension à l'Espagne et l'Italie. Cette baisse, censée apporter une bouffée d'oxygène aux banques qui empruntent auprès d'elle, et en particulier celles qui sont coupées du marché interbancaire, était largement attendue. Elle doit par ricochet contribuer à soutenir l'activité en zone euro.

• Quelles limites à cette décision ?

Avant même son annonce, ces baisses étaient néanmoins jugées insuffisantes pour redonner du souffle à une région empêtrée depuis deux ans et demi dans la crise de la dette et confrontée à la récession de plusieurs de ses membres. "Cette baisse de taux est largement symbolique" dans le contexte actuel, a immédiatement commenté Jennifer McKeown, du cabinet-conseil Capital Economics, auprès de l'AFP.

Mercredi, trois instituts de conjoncture (l'Insee français, l'IFO allemand et l'Istat italien) ont prédit un recul du produit intérieur brut de la zone euro aux deuxième et troisième trimestres, soit une récession technique. Jeudi, l'Espagne a dû à nouveau consentir des taux en hausse pour emprunter à 10 ans, laissant craindre que les effets positifs du sommet européen de la semaine dernière, notamment sur le marché obligataire, ne se soient déjà dissipés.

• Quelles autres solutions ?

Selon les économistes, seule une intervention marquée de la BCE sur le marché obligataire secondaire, c'est-à-dire une reprise de ses achats de dette publique, pourrait véritablement calmer le jeu. Un avis partagé par la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde : "Si l'on cherche une vraie solution, l'expansion du programme de rachat de dette publique est le chemin à suivre", a-t-elle déclaré mardi 3 juillet à la chaîne américaine CNBC.

Mais tandis que la Banque d'Angleterre a annoncé jeudi l'injection de 50 milliards de livres (62,2 milliards d'euros) dans l'économie britannique, personne ne prend le pari que Mario Draghi, gouverneur de la BCE, annoncera la relance du programme de rachats d'obligations publiques, à l'arrêt depuis mi-février. Décidé à contrecœur en mai 2010, il fait depuis l'objet de vives critiques, notamment de la Banque centrale allemande, la Bundesbank, qui considère qu'il revient à financer les Etats, ce que les traités interdisent à la BCE.

Les dirigeants européens réunis à Bruxelles la semaine précédente ont acté la possibilité pour les fonds de secours FESF et MES de racheter de la dette publique, et prendre ainsi le relais de la BCE pour tenter de contenir l'envolée des taux d'emprunt des pays en difficulté. Mais la capacité d'intervention des fonds ne peut pas dépasser 700 milliards d'euros, dont environ 200 sont déjà utilisés pour la Grèce, l'Irlande et le Portugal, rappellent les économistes. Ils jugent cette somme insuffisante pour réellement impressionner les marchés et décourager la spéculation contre la zone euro.

Seule la BCE a la puissance de feu nécessaire pour intervenir, soulignent Holger Schmieding et Christian Schulz, de la banque Berenberg, auprès de l'AFP, estimant que l'institution devrait afficher un objectif clair au-delà duquel elle ne laissera pas se creuser les écarts de taux entre les pays en difficulté et l'Allemagne, référence en zone euro.

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