Après la liquidation définitive, quelles pistes pour SeaFrance ?
Le tribunal de commerce de Paris a prononcé lundi la liquidation définitive de la compagnie de ferries SeaFrance avec cessation d'activité, malgré l'offre de dernière minute d'Eurotunnel.
Le tribunal de commerce de Paris a prononcé, lundi 9 janvier vers midi, la liquidation définitive de la compagnie de ferries SeaFrance avec cessation d'activité. Cette décision est intervenue malgré le soutien de dernière minute d'Eurotunnel au projet de reprise par les salariés sous la forme d'une société coopérative et participative (Scop).
"Il n'existe aucune offre de reprise valable, l'activité ne peut être poursuivie. Le tribunal met fin à la période de maintien de l'activité de SeaFrance", ont fait valoir les juges. Selon l'avocat des salariés de la compagnie Philippe Brun, 1 010 emplois seront supprimés après liquidation, en comptant les emplois indirects générés par l'activité de la compagnie. "C'est un gâchis énorme, un gâchis social", a-t-il déclaré. Mais d'ajouter : "C'est la liquidation définitive, le combat continue."
Le ministre chargé des Transports, Thierry Mariani, a pour sa part réagi en affirmant que "la totalité des pistes qui vont permettre aux 800 salariés de retrouver un emploi vont être explorées". Quelles possibilités se présentent désormais à SeaFrance ?
• Une possible reprise par un groupe étranger
Voilà ce que craignent les salariés à l'initiative du projet de Scop. "C'est assez écœurant de la part de l'Etat de préférer liquider une boîte pour peut-être la refiler à un groupe étranger. C'est vraiment dommage que l'Etat privilégie un concurrent étranger plutôt que de tout faire pour garder un pavillon français", s'est insurgé le trésorier de la CFDT maritime Nord, David Baré.
• Une offre de Louis Dreyfus Armateurs
Dans la soirée, lundi, Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l'Ecologie et des Transports, a déclaré sur TF1 que le groupe français Louis Dreyfus Armateurs "propose de mettre dans le détroit deux de ses bateaux et de reprendre 300 marins de SeaFrance, tous des marins français, sous pavillon français, pour assurer la liaison Calais-Douvres".
• La Scop de moins en moins envisageable
Concernant le projet de coopérative ouvrière, "j'espère que le combat n'est pas perdu. Monter la Scop, c'est toujours possible, mais ce sera très compliqué", a reconnu David Baré. Ainsi, aussitôt après le jugement, la Scop SeaFrance a annoncé qu'elle était prête à s'allier avec Eurotunnel pour sauver la compagnie malgré la liquidation, indique le quotidien Libération.
L'exploitant du tunnel sous la Manche a en effet créé la surprise dans la matinée en soutenant le projet de reprise de l'entreprise par les salariés, selon des informations révélées lundi par Libération.
Dans un courrier adressé vendredi aux administrateurs judiciaires, le PDG d'Eurotunnel, Jacques Gounon, a proposé de racheter les trois ferries de SeaFrance après la liquidation judiciaire du groupe dans le cadre d'une Société d'économie mixte (SEM) afin de les louer à la Scop. Cette dernière serait chargée de l'exploitation.
• La SNCF devrait pouvoir verser des indemnités de licenciement
En prononçant la liquidation définitive de SeaFrance, le tribunal ouvre la voie au versement d'indemnités de licenciement exceptionnelles pour les salariés. Propriétaire de l'entreprise, la SNCF a proposé lundi de débloquer 36 millions d'euros d'indemnités, soit près de 41 000 euros par salarié.
Il a été convenu que cette somme serait attribuée dans le cas d'une liquidation ou d'une relance de l'activité avec suppressions d'emplois. Elle serait accompagnée d'"une cellule de reclassement et de recrutement dans le groupe SNCF pour tous ceux qui le souhaitent".
Reste à savoir si ces indemnités vont servir à financer le projet de Scop porté par la CFDT Maritime Nord, conformément à une proposition émise la semaine précédente par le gouvernement. Les salariés réunis au sein de la coopérative ont rejeté jusqu'à présent cette solution qu'ils jugent trop périlleuse en raison de la difficulté à mobiliser les 880 salariées de l'entreprise autour de ce projet porté par un syndicat controversé.
• Des discussions larges qui doivent être reprises
"Il y aura une solution crédible pour tous les salariés", a promis dès lundi en début d'après-midi le président Nicolas Sarkozy. "Il faut être capable de trouver une solution", a pour sa part déclaré le Premier ministre devant des journalistes en marge de la présentation de ses vœux à Matignon, parlant de "reprendre les discussions" avec les acteurs économiques et politiques du dossier.
"Dès demain, Nathalie Kosciusko-Morizet et Thierry Mariani recevront les représentants du personnel pour faire des propositions", a fait savoir l'Elysée via son compte Twitter. Le gouvernement a rappelé à cette occasion sa volonté "d'explorer toutes les pistes".
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