Législatives pour les Français de l’étranger : les leçons du premier tour
Les Français vivant hors des frontières nationales ont voté ce week-end pour le premier round du scrutin, afin d'élire leurs députés. La gauche est arrivée en tête dans sept circonscriptions sur onze.
Une première. Jusque-là représentés uniquement par huit sénateurs au Parlement, les Français de l’étranger, expatriés et binationaux, doivent élire 11 députés parmi 178 candidats. Pour des raisons logistiques, le premier tour s’est déroulé samedi 2 et dimanche 3 juin 2012. FTVi vous résume les résultats et les enseignements du scrutin.
• La gauche arrive en tête
C’est la première surprise de ce scrutin. Alors que Nicolas Sarkozy est arrivé en tête dans 8 des 11 circonscriptions des Français de l’étranger lors du second tour de l’élection présidentielle, la gauche passe devant dans 7 d’entre elles.
Dans la 1re circonscription (Canada, Etats-Unis) d’abord, où la candidate socialiste Corinne Narassiguin obtient 39,65% des voix, devançant l'ancien secrétaire d'Etat UMP Frédéric Lefebvre (22,08%). Dans la 3e (Europe du Nord), la PS Axelle Lemaire (30,16%) devance l'UMP Emmanuelle Savarit. Dans la 4e (Bénélux), Philip Cordery (30,38%) distance l'ancienne ministre UMP Marie-Anne Montchamp (21,15%). Enfin Pouria Amirshahi, secrétaire national du Parti socialiste à la coopération, rassemble 47,23% des suffrages dans la 9e circonscription qui couvre l’Afrique du nord et de l’Ouest mais, étant donné la faible participation, cela ne représente que 8,3% des inscrits.
En Amérique centrale, du Sud et dans les Caraïbes (2e circonscription), Sergio Coronado, candidat de la gauche unie mais cadre d'Europe Ecologie-Les Verts atteint 35,88% et affrontera au second tour l'UMP Pascal Drouhaud (22,77%).
Finalement, l’UMP arrive en tête dans la 6e circonscription (Suisse-Lichtenstein), où Claudine Schmidt obtient 34,20%, 7 points de plus que sa rivale socialiste Nicole Castioni. L'ancien député UMP et juge anti-terroriste Alain Marsaud recueille 32,13% des voix dans la 10e (Afrique et Moyen-orient), devant le socialiste Jean-Daniel Chaoui. En Espagne et au Portugal (5e circonscription), UMP et PS sont au coude à coude, avec une légère avance pour l'UMP Laurence Sailliet (31,88%) sur le socialiste Arnaud Leroy (30,52%).
• L’abstention atteint un niveau record
L’abstention moyenne s’élève à 79,27% dans les 11 circonscriptions (221 244 votants sur 1 067 457 inscrits), et oscille entre 75,94% dans la 4e circonscription et 88,91% dans la 9e. A noter que la participation a plafonné à seulement 4% à Haifa (Israël) et à 6% à Tripoli (Libye), mais qu'elle a en revanche atteint 55% au Botswana, à 57,8% à Tachkent (capitale de l'Ouzbekistan) et à 59,5% à Tirana (capitale de l'Albanie).
"Peu de gens savent que cette élection a lieu", racontaient à FTVi l'UMP Marie-Anne Montchamp ou encore la radicale de gauche Muriel Guenoux. Plusieurs candidats expliquent même faire une campagne plus pédagogique sur l'existence de cette élection que sur leur propre candidature.
• Les personnalités politiques nationales s'en tirent bien
Quelques anciens ministres et personnalités politique d’envergure nationale se présentaient et, pour la majorité, s’en sont bien sorties. A commencer par Thierry Mariani. L’ancien ministre des Transports est arrivé premier dans la 11e circonscription (ex-URSS/Asie/Océanie) avec 32,59% des voix. Ou Sergio Coronado, cadre national écolo, qui devance de 13 points son concurrent de droite.
Frédéric Lefebvre, l'ancien secrétaire d'Etat UMP, arrive 17 point derrière la socialiste, mais a pâti de la multiplicité des candidatures à droite dans la 1re circonscription (Etats-Unis, Canada), avec notamment Julien Balkany, demi-frère du député maire des Hauts-de-Seine, et Antoine Treuille, oncle de Nathalie Kosciusko-Morizet.
Seul Dominique Paillé, ancien porte-parole de l’UMP et leader du Parti radical, est éliminé dès le premier tour. Il n'a réuni que 2,79% des voix dans la 4e circonscription (Bénélux). L’ancienne ministre UMP Marie-Anne Montchamp, elle, y obtient 21,15% et se qualifie pour le second tour.
• Le dépouillement a été laborieux
L’annonce des résultats a connu quelques couacs avec des ambassades qui communiquaient des résultats qui n'étaient pas définitifs. Il faut dire que l’opération était fastidieuse entre le décalage horaire, les plus de 800 bureaux de vote dans le monde entier et les quatre modes de vote proposés aux électeurs. En effet, ceux-ci pouvaient se rendre physiquement dans plus de 800 bureaux de vote, mais aussi voter par procuration, par correspondance et, nouveauté, sur internet.
Chaque président de bureau transmettait ses résultats à l'ambassade, chargée de compiler les données de tous les bureaux de son territoire avant d'envoyer un télégramme à Paris. Dans le même temps, le ministère dépouillait le vote électronique auquel près de 600 000 expatriés étaient inscrits et 130 000 ont participé. D'où quelques ratés...
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