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Les Anonymous quittent la toile et se dévoilent

Plusieurs centaines de manifestants, sympatisants ou membres du collectif, ont défilé samedi dans plusieurs villes de France. 

Article rédigé par franceinfo
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Des internautes qui se revendiquent appartenant au mouvement Anonymous, à l'occasion d'une manifestation à Paris le 25 février 2012.  (VALERY HACHE / AFP)

Sourire ironique, fine moustache et teint blanc, le célèbre masque des Anonymous, inspiré du conspirateur anglais du XVIe siècle, Guy Fawkes, a défilé samedi 25 février dans plusieurs villes de France. Le collectif s'est mobilisé dans toute l'Europe contre l'Accord multilatéral sur la contrefaçon (ACTA). Contesté par nombre d'internautes, il constitue "une atteinte aux libertés", clament les Anonymous. A Paris, 650 personnes s'étaient mobilisées selon la police. Petit portrait en trois slogans. 

Le slogan du moment : "Acta tu passeras pas"

"Acta tu passeras pas!", "partage, culture, liberté!","liberté sur internet !", ont scandé les manifestants. Négocié entre l'Union européenne, les Etats-Unis, le Japon, le Canada, la Nouvelle-Zélande, l'Australie, Singapour, la Corée du Sud, le Maroc, le Mexique et la Suisse, l'Acta vise à lutter contre la contrefaçon au sens large : de celle des médicaments et autres marchandises au téléchargement illégal sur internet.

Pour ses opposants, l'accord représente une atteinte potentielle grave à la liberté d'expression et aux droits des utilisateurs d'internet, une "censure",contre laquelle ils entendent lutter à leur façon. "Cet accord prévoit des lois répressives qui font de tous les internautes des délinquants potentiels", estime Frédéric Couchet, délégué général de l'association de promotion et défense du logiciel libre (April). Bien sûr il y a les droits d'auteurs et les artistes doivent être rémunérés mais ce qui risque d'arriver si les gouvernants continuent dans la même logique, c'est qu'ils soient boycottés". 

Pour ces "hacktivistes" (contraction de hackers et activistes), les manifestations "permettent de créer une passerelle entre le virtuel et le réel". Entre deux façon de protester également : piratages sur la toile, défilé pacifiques IRL (pour "in real life" en anglais, dans la vie -ndlr.)

Le concept fondateur : "internet est né libre et doit le rester."

Pour la première fois, le collectif a donné vendredi 24 février une conférence de presse en ligne. Ils ont répondu collectivement aux questions des journalistes sur leurs intentions. "Internet est né libre et doit le rester", ont-il dit. "Justice et respect de la dignité humaine, droit à l'anonymat et respect de la vie privée de chacun, sur internet comme ailleurs", ont-il énuméré pour décrire leur combat.

Ils promeuvent notamment le partage sur internet, de l'information comme de la culture, comme l'a montré leur récente mobilisation contre la fermeture par le FBI du site de partages de fichiers Megaupload. Ils sont par ailleurs partisans d'une réforme globale, favorable aux artistes plutôt qu'aux majors de l'industrie du divertissement, détaille Le Parisien. 

Le fonctionnement : "une voix ne vaut pas plus qu'une autre"

S'il est possible de mettre un visage symbolique sur les Anonymous (le fameux masque), le collectif n'a pas de leader à sa tête et se veut démocratique dans son fonctionnement. "Une voix ne vaut pas plus qu'une autre. Tout le monde se concerte, et les décisions se prennent avec la masse", ont-il indiqué au Parisien lors de leur conférence de presse en ligne. Cette dernière s'est d'ailleurs déroulé selon les préceptes du collectif, raconte le quotidien : "Chaque réponse a été rédigé de façon collective et après débat, seul moyen, selon ses justiciers du Net, d'éviter les avis individuels et non représentatifs."

Les franc-tireurs pourraient en effet nuire à l'image de l'action des Anonymous. Lorsqu'en janvier dernier, des internautes ont bloqué temporairement le site internet de l'hebdomadaire L'Express à la suite d'une intervention télévisé de son directeur de la rédaction Christophe Barbier, hostile à l'égard des Anonymous, les historiques du mouvement avait contesté ce mode d' action. 

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