Déjà écrin d'un record du monde aux JO 2024, pourquoi la piste violette d'athlétisme du Stade de France se révèle "très rapide"

Flambant neuf et réalisé avec les dernières technologies, le tartan posé au Stade de France récolte les suffrages des athlètes qui l'ont foulé. Un premier record du monde y a été battu vendredi.
Article rédigé par Anaïs Brosseau - envoyée spéciale au Stade de France
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Des athlètes durant la première journée de compétitions d'athlétisme au Stade de France, lors des Jeux de Paris, le 2 août 2024. (MAXPPP)

Il n'aura pas fallu beaucoup de temps pour voir tomber un record du monde sur la si télégénique piste d'athlétisme du Stade de France. Les Américains y ont battu dès vendredi 2 août, pour la première journée d'épreuves sur piste, le record du monde du 4x400 m mixte. Alors que la piscine installée à La Défense Arena est assurément lente, du fait de sa faible profondeur, le ruban violet de l'enceinte dionysienne semble être rapide et pourrait être l'écrin parfait pour des performances de haut vol.

"J'ai eu l'impression de courir un 100 m en descente." La description du demi-fondeur tricolore Gabriel Tual ne laissait déjà pas de place au doute. Au lendemain du meeting de Paris, début juillet, l'équipe de France avait pu découvrir en avant-première le tartan et enchaîner quelques accélérations pour prendre des repères.

"Elle renvoie tellement, c'est exceptionnel. Quand on a des stades comme ça qui sont magnifiques, avec une piste toute neuve, avec la nouvelle technologie, on déroule", décrivait, enthousiaste, le champion d'Europe en titre avant son entrée en lice. Sa consœur du 800 m, Rénelle Lamote, ne disait pas autre chose. "La piste est super rapide. Je me suis sentie vraiment très bien. Je pense qu'il y aura de très grosses performances", prophétisait-elle. 

Fabrication italienne

Au premier tour du 100 m femmes vendredi, huit athlètes sont passées sous les 11 secondes, contre six à Tokyo. Auteure d'un chrono en 11"13, la Française Gémima Joseph a échoué d'un souffle (un centième seulement) à rejoindre les demi-finales, malgré de bonnes sensations.

"Normalement, les pistes sont assez similaires d'un endroit à l'autre. Celle-ci est vraiment particulière : elle renvoie beaucoup et en même temps elle est ferme. Je n'ai jamais couru sur une piste comme ça. Elle est très rapide et faite pour performer."

Gémima Joseph, sprinteuse de l'équipe de France

à franceinfo: sport

Comme lors des 12 précédentes éditions des Jeux d'été, la piste installée dans l'enceinte olympique a été fabriquée par l'entreprise italienne Mondo, spécialisée dans le revêtement de sol. Cette dernière a également fourni le tartan des 13 derniers Mondiaux et donc équipé le nouveau stade de Budapest, pour l'édition 2023. Lors de cette compétition, les sprinteurs français avaient déjà salué les performances du revêtement.

Installation de la piste du Stade de France, le 9 avril 2024. (THIERRY CHESNOT / GETTY IMAGES EUROPE)

Pour les Jeux de Paris 2024, au-delà d'innovations portant sur l'engagement environnemental, le fabricant a apporté de nouvelles modifications technologiques pour favoriser encore davantage les performances des athlètes. Grâce à des analyses biomécaniques, l'utilisation de grands jeux de données ou encore des simulations informatiques, Mondo a étudié "l'interaction entre la piste d'athlétisme et le pied d'un athlète virtuel" afin d'optimiser la conception du matériau. Pour cela, l'entreprise s'est associée avec un laboratoire d'une université milanaise, spécialisé dans le génie des polymères.

Prévention et recherche de performances

Les chercheurs ont travaillé avec deux objectifs en tête : d'un côté, "prévenir les blessures" grâce à "une surface capable d'accumuler suffisamment d'énergie pour réduire la tension articulaire", de l'autre, "améliorer la performance athlétique" avec un revêtement qui permet de restituer l'énergie "de manière idéale et au moment opportun". Leurs travaux ont conduit à la modification de la "géométrie de la sous-couche de la surface de la piste".

Désormais, la sous-couche est composée d'alvéoles en forme d'ellipses et non plus d'hexagones. "Leur capacité de déformation est plus grande en raison de leur forme plus flexible, de l'absence d'arêtes vives et d'une surface de contact plus grande", justifie le fabricant, qui pointe en conséquence "une capacité de redistribution de charge plus élevée".

L'objectif de cette transformation est de "maximiser le retour d'énergie, l'absorption des chocs et la traction", résume Mondo. A ce jour, l'entreprise italienne revendique près de 300 records du monde sur ses équipements. Reste à savoir combien au total tomberont lors de ces Jeux de Paris.

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