L'or sur marathon, le bronze sur 5 000 m et 10 000 m : le triplé "historique" de la Néerlandaise Sifan Hassan aux Jeux olympiques de Paris 2024

La coureuse de 31 ans a terminé ses Jeux en apothéose en s'offrant même le record olympique sur 42,195 km, dimanche.
Article rédigé par Marion Bothorel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
La Néerlandaise Sifan Hassan célèbre son titre olympique après avoir franchi la ligne d'arrivée du marathon, le dimanche 11 août 2024 à Paris. (ANDREJ ISAKOVIC / AFP)

Une entrée dans la légende, au dernier jour de la compétition. La Néerlandaise Sifan Hassan s'est imposée, au bout du sprint, sur la distance reine du marathon aux Jeux olympiques de Paris 2024, dimanche 11 août. Un exploit d'autant plus retentissant que l'athlète de 31 ans a établi un nouveau record olympique (2 heures 22 minutes et 55 secondes), après s'être déjà emparée de deux médailles de bronze lors de ces JO, sur 5 000 m et 10 000 m. 

Elle avait déjà réalisé un autre triplé inédit à Tokyo, doublement médaillée d'or sur 5 000 m et 10 000 m et en bronze sur 1 500 m. Mais avec cette victoire pour sa première participation olympique au marathon, Sifan Hassan entre dans l'histoire de son sport. "Ce qui m'impressionne, c'est cette capacité à être performante au même moment, sur les trois disciplines de front. On pourrait presque dire qu'elle réalise les épreuves combinées du fond", s'exclame Stéphane Diagana, consultant de France Télévisions pour les épreuves d'athlétisme aux JO.

Une polyvalence stupéfiante

Alterner entre le 5 000 m, le 10 000 m et le marathon est un "classique", explique le spécialiste du 400 m haies, avant de citer le titre de champion du monde du 5 000 m d'Eliud Kipchoge avant sa spécialisation en marathon, mais aussi de Kenenisa Bekele, multimédaillé sur 10 000 m et 5 000 m avant de passer, lui aussi, au marathon. Mais ces athlètes ont connu ces évolutions au cours de leur carrière, "toujours en deux temps, sur la piste puis sur la route"

"Aucun n'a eu le culot de tenter ce pari et elle, elle l'a fait, c'est ça qui est admirable."

Stéphane Diagana

à franceinfo: sport

En moins de dix jours, Sifan Hassan a donc enchaîné quatre courses olympiques : la série puis la finale du 5 000 m, le lundi 5 août, avant de décrocher, vendredi, sa deuxième médaille de bronze sur 10 000 m et d'enchaîner, moins de trente-cinq heures plus tard, avec les légendaires 42,195 km.

"Rien que d'imaginer prendre le départ de ces courses puis d'aller chercher la médaille d'or sur marathon est inconcevable pour tout un chacun", souffle encore ébahie Christelle Daunay. L'ex-championne de France du 10 000 m, puis d'Europe en marathon poursuit : "A chaque fois aller vers la performance maximale, tant physiquement et mentalement est une performance exceptionnelle." 

Pour les deux commentateurs, la préparation de toutes ces courses en amont des JO est également à mettre au crédit de la Néerlandaise, qui a dû à la fois travailler sa récupération, sa vitesse ainsi que son explosivité, tout en cumulant les kilomètres pour le marathon. Une distance qu'elle n'a d'ailleurs découverte en compétition que très récemment : en avril 2023, lors de sa victoire au marathon de Londres.

Un marathon particulièrement difficile

Christelle Daunay loue également les capacités de "fine tacticienne" de Sifan Hassan, revenue au contact après avoir été plusieurs fois décrochée par la tête de course, dans le parcours atypique de Paris 2024 avec ses 436 m de dénivelé positif. Et surtout, l'avoir terminé avec ce "finish exceptionnel, sur les derniers cent mètres, ce qui est très rare dans un marathon olympique", commente encore celle qui a longtemps détenu le record de France. 

Dans les derniers 100 m de course, Sifan Hassan a coiffé au poteau l'Ethiopienne Tigist Assefa, pourtant recordwoman du monde. S'être imposée face à une telle concurrence est aussi ce qui frappe Christelle Daunay : "Elle est en compétition avec les meilleures, je me suis demandé comment elle allait les battre." Avec un record olympique glané à la clé, "on a du mal à réaliser ce qu'elle a fait", témoigne encore l'ex-marathonienne. L'exploit de Sifan Hassan émerveille tout autant Stéphane Diagana, qui regrette cependant "sa collaboration avec Alberto Salazar, qui jette un voile sur ces performances extraordinaires". La Néerlandaise a été entraînée par cet homme suspendu quatre ans pour dopage et est désormais coachée par Tim Rowberry, qui était... l’assistant d’Alberto Salazar au Nike Oregon Project.

Une entrée dans l'histoire du marathon

Son arrivée devant le dôme doré des Invalides fait entrer Sifan Hassan dans la légende, réalisant une démonstration "historique", conclut le consultant de France Télévisions, "jamais vue" depuis le triplé d'Emil Zatopek. L'athlète tchèque avait été titré sur les mêmes distances lors des Jeux d'Helsinki en 1952. 

"Elle a marqué l'histoire de notre sport aujourd'hui", analyse encore Christelle Daunay, soulignant qu'au-delà des trois médailles remportées en trois disciplines de la Néerlandaise, ce 11 août restera "un jour exceptionnel" dans l'histoire du marathon féminin. La course olympique a été lancée, quarante ans après sa première édition, par Kathrine Switzer, première femme à avoir couru la distance mythique.

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