Basket 3x3 aux JO 2024 : "air-ball", petit pourcentage... Pourquoi l'adresse en basket 3x3 semble plus faible qu'en 5x5 ?

Seulement 12% de tirs à deux points réussis par les Français face aux Pays-Bas, seulement 28% de réussite depuis le début des Jeux olympiques de Paris 2024. Des statistiques qui donnent l'impression que les joueurs de basket 3x3 sont moins précis, moins adroits, que leurs congénères du basket 5x5. Surtout si on la compare avec la réussite des Bleus du 5x5 au tir à trois points (qui peut être comparé au shoot à deux points en 3x3) : 37 % depuis le début d'un tournoi olympique pour l'instant terne. Mais cette soit-disante maladresse; est-ce une impression ou une réalité ?

De fait, les pourcentages de tirs réussis en basket 3x3 restent inférieurs à ceux du basket classique, chez les hommes comme chez les femmes. Même si chez les hommes, la Lettonie, championne olympique en titre que la France a battue lundi 5 août pour filer en finale, culmine à 39 %, pas si loin des 42% à 3 points de la Dream Team. Pourquoi cette différence ? "Beaucoup de personnes se posent la question", confirme Sandra Dijon, la consultante en basket 3x3 de France Télévisions. 

Deux sports qui ont finalement peu à voir 

Pour celle qui a touché aux deux disciplines, ayant joué 18 ans au basket, notamment comme pivot à Bourges, mais également en équipe de France de basket 3x3, les raisons sont multiples. La première réside dans la différence de jeu : si, en apparence, il pourrait s'agir exactement du même sport, simplement condensé sur demi-terrain et en 10 minutes ou 21 points, il n'en est rien. 

"C'est plus facile de se cacher sur du 5x5 en se mettant dans un coin, en attendant que la balle nous arrive (...) En 3x3, tenir l'impact physiquement, avoir le cardio sur la durée, c'est très dur. Du coup, on n'a plus d'énergie pour le shoot."

Sandra Dijon, consultante France Télévisions

à franceinfo: sport

"On ne peut pas aujourd'hui comparer ces deux sports, poursuit Sandra Dijon. On monte beaucoup plus vite en cardio au 3x3, alors qu'en 5, on peut récupérer en énergie après avoir marqué un panier, le temps de remettre en jeu, de remonter plus tranquillement le terrain". Avec une limite de douze secondes de temps de possession lors d'une attaque, cela laisse très peu de temps pour ajuster son tir. 

Des évolutions stratégiques compliquant le jeu près du cercle

D'autant que dans ce sport, devenu olympique seulement à Tokyo, on défend désormais beaucoup plus. De fait, la stratégie a indéniablement changé à Paris 2024 : "Les équipes ont énormément défendu sur la ligne des deux points pendant ce tournoi, ce qui laisse moins de temps pour poser ses appuis, sa gestuelle, surtout qu'on ne peut pas trouver de solution comme au 5 où on peut faire tourner le ballon", observe la consultante de France Télévisions. 

Un autrement changement stratégique s'est visuellement imposé à Paris 2024, notamment chez les féminines : la taille des joueuses sélectionnées. Si la France a aligné quasiment la même équipe que celle qui a décroché le titre de championnes du monde, ses joueuses sont en dessous des 1,85 m sous la toise. Or, "toutes les équipes qu'on a affrontées ont mis des grandes joueuses à l'intérieur, donc ça a été très compliqué de venir défendre sur certaines qui frôlent les 2 mètres (...), fait remarquer Sandra Dijon. On doit compenser en cherchant d'autres stratégies comme la vitesse. Mais qui dit vitesse, dit perte d'énergie."  Et donc encore moins pour s'appliquer sur son tir. 

Des joueurs montant en puissance 

Autre critique régulièrement faite par les néo-spectateurs de ce sport serait le niveau moins élevé des joueurs et joueuses par rapport au 5x5. Dans l'équipe tricolore, entraînée par Vincent Collet, cinq sont sous contrat en NBA (Evan Fournier n'a plus de club alors qu'il évoluait à Détroit) et les six autres évoluent dans les plus grands clubs européens ou turcs, ce qui n'est pas le cas des quatre Français sélectionnés en 3x3, dont deux évoluent toute l'année en 5x5 : l'arrière Lucas Dussoulier (Nanterre) et le meneur-arrière Timothé Vergiat (Blois).

A l'exception de la Serbie, aucun pays n'a développé de filière spécifique au basket 3x3, qui pioche habituellement dans le vivier du 5x5, en particulier parmi les joueurs en fin de carrière. Mais pour Sandra Dijon, la discipline dispose désormais "de joueurs très expérimentés, qui font du 3x3 depuis des années". Les 41 % de réussite des Allemandes depuis le début du tournoi olympique de 3x3, huit points au-dessus de la deuxième équipe la plus adroite dans l'exercice, montre qu'il y a des progrès.