JO de Paris 2024 : la victoire de la boxeuse algérienne Imane Khelif crée la polémique après l'abandon de son adversaire
Un abandon qui va alimenter la polémique. La boxeuse algérienne Imane Khelif a fait son entrée en lice en moins de 66 kg, jeudi 1er août, aux Jeux olympiques de Paris 2024. Elle a remporté son huitième de finale contre l'Italienne Angela Carini, après un abandon de cette dernière après moins d'une minute et un direct au visage.
Une décision de l'Italienne, en pleurs au milieu du ring de boxe, alors qu'une polémique a enflé avant son match contre l'Algérienne. "Je suis montée sur le ring pour combattre. Je ne me suis pas rendue, mais un coup de poing m'a fait trop mal et j'ai dit ça suffit", a déclaré après sa défaite la boxeuse italienne aux médias de son pays. "Je ne suis personne pour juger ou prendre une décision, si cette femme est ici, il y a une raison", a-t-elle ajouté.
La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a pris la défense d'Angela Carini, estimant que "les athlètes qui ont des caractéristiques génétiques masculines ne devraient pas être admis aux compétitions féminines". Matteo Salvini, vice-président du Conseil et ancien ministre de l'Intérieur, dénonce une "gifle à l'éthique du sport et à la crédibilité des JO". L'homme politique d'extrême droite s'insurge que "la boxeuse trans algérienne (sic)" puisse participer aux JO alors qu'elle a été "interdite des championnats du monde de boxe".
Née femme, Imane Khelif est la cible d'accusations non fondées l'accusant d'être transgenre. Elle avait été écartée des Championnats du monde amateurs à New Delhi (Inde) en mars 2023, juste avant son combat pour la médaille d'or, après avoir échoué à répondre aux tests mis en place par la fédération internationale (IBA). Elle avait été disqualifiée après "des taux élevés de testostérone" selon la fiche de la boxeuse algérienne fournie par le CIO. Un an plus tard, elle a été autorisée à participer aux Jeux olympiques de Paris 2024, car elle remplit "les règles d'éligibilité", rappelle le Comité international olympique (CIO).
Sur les réseaux sociaux, un hashtag #IStandWithAngelaCarini défend l'Italienne ("Je soutiens Angela Carini) et de nombreux messages dénoncent le fait "qu'un homme puisse frapper une femme devant le monde entier". L'écrivaine J.K. Rowling interpelle "des pouvoirs sportifs misogynes", selon elle, qui ont estimé Imane Khelif éligible pour les JO : "Une jeune boxeuse vient de se voir voler tout ce pour quoi elle a travaillé et s'est entraînée parce que vous avez permis à un homme de monter sur le ring avec elle."
Les fédérations fixent les règles
La participation des athlètes transgenres aux JO est laissée à l'appréciation des fédérations qui fixent donc les règles. Pour la boxe, elles ont été établies par une autre organisation que celle des Mondiaux de 2023, la Paris Boxing Unit (PBU), car l'IBA, présidée par le Russe Umar Kremlev, n'est plus reconnue depuis juin par le CIO pour mauvaise gouvernance.
Les critiques, notamment venues d'Italie, ont provoqué un tollé en Algérie où on estime que la boxeuse a subi une campagne de dénigrement, notamment sur les réseaux sociaux. Le Comité olympique et sportif algérien a condamné "fermement la fausse propagande et le comportement immoral vis-à-vis de notre championne, Imane Khelif, de certains médias étrangers. De telles attaques contre sa personne sont totalement contraires à l'éthique, d'autant plus qu'elle se prépare pour l'événement le plus important de sa carrière sportive, à savoir les Jeux olympiques".
"Ce sont des femmes dans leur sport"
Le CIO a de son côté soutenu la boxeuse algérienne, ainsi que la Taïwanaise Lin Yu-ting. Cette dernière a également été autorisée à concourir en boxe en catégorie plume alors qu'elle n'avait pas "n'a pas répondu aux critères d'éligibilité après un test biochimique" lors des Mondiaux, selon l'IBA, et perdu sa médaille de bronze. "Ce sont des femmes dans leur sport, et il est établi dans ce cas que ce sont des femmes, a expliqué Mark Adams, porte-parole du CIO. Toutes les compétitrices qui participent aux JO, suivent, respectent les règles d'éligibilité. Ces athlètes ont boxé à plusieurs reprises depuis plusieurs années", dans les catégories féminines, "elles ne viennent pas juste d'arriver (...), elles ont boxé à Tokyo" pour les JO de 2021, a rappelé Mark Adams.
"Le test de testostérone n'est pas un test parfait. De nombreuses femmes peuvent avoir un taux de testostérone égal à celui des hommes, tout en étant des femmes."
Mark Adams, porte-parole du CIOà franceinfo
Cette polémique rappelle le conflit qui existe entre la Fédération internationale d'athlétisme (FIA) et les athlètes hyperandrogènes, c'est-à-dire qui présentent un excès naturel d'hormones sexuelles mâles, comme la Sud-Africaine Caster Semenya. La double championne olympique du 800 m ne peut plus participer à certaines courses, car elle refuse un traitement pour faire baisser son taux de testostérone que la FIA impose au nom de l'équité sportive. En 2014, la sprinteuse indienne Dutee Chand avait également été suspendue par la FIA en raison de son hyperandrogénie.
Imane Khelif, qui représente une réelle chance de médaille pour l'Algérie, était donc bien sur le ring des JO. À l'issue du combat, l'entraîneur de Khelif, Mohamed Chaoua a déclaré que "toutes ces polémiques lui donnent de la force pour avancer". "Je remercie le peuple algérien. C'est la première victoire, et j'espère obtenir la deuxième pour garantir la médaille. Ensuite, j'espère gagner une médaille d'or", a de son côté déclaré Imane Khelif.
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