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L'insatiable David Lappartient, nouveau patron du Comité olympique français

Le président de l'UCI a été élu à la tête du CNOSF jusqu'en 2025, alors qu'il occupe déjà de nombreuses fonctions dans le sport, mais pas seulement.
France Télévisions - Rédaction Sport
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David Lappartient, président de l'Union cycliste internationale (UCI), sur les Champs-Elysées à l'arrivée du Tour de France, le 24 juillet 2022. (SHUTTERSTOCK / SIPA)

A 50 ans, David Lappartient est un homme très occupé. A un an des JO de Paris 2024, le Français vient d'être élu, jeudi 29 juin, président du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). Une responsabilité qui vient s'ajouter à une longue liste de mandats sportifs et politiques, pour celui qui s'est imposé comme l'une des personnalités les plus influentes du sport tricolore ces dernières années.

Originaire de Pontivy, David Lappartient se rêve d'abord coureur cycliste, dans les traces de son père Joseph. Mais sa carrière de sportif ne décolle pas. Alors, après des études pour devenir ingénieur géomètre, il se lance à la conquête des instances de la petite Reine, à défaut de pouvoir lever les bras sur le Tour de France. C'est ainsi qu'en 1997, à 24 ans à peine, il devient président de son club du Vélo Sport de Rhuys (jusqu'en 2007) et organisateur du GP de Plumelec, le début d'une longue carrière.

Le monde du sport lui appartient

Dans les années qui suivent, après avoir gravi les échelons locaux, le Breton devient trésorier général puis vice-président de la Fédération française de cyclisme (FFC), intégrant par ricochet le comité directeur de l'Union cycliste internationale (UCI) dès 2005. Un peu comme si un président d'un club de football amateur intégrait la Fifa après huit ans de présidence. Cette trajectoire éclair n'a, d'ailleurs, fait que s'accélérer ensuite. En 2009, David Lappartient prend la présidence de la FFC, qu'il ne lâche qu'en 2017 pour prendre celle de l'UCI. Le tout après un coup de force politique.

A l'époque, c'est le Britannique Brian Cookson qui occupe ce siège. Après une campagne réussie, le Breton lui inflige une déroute historique en l'emportant 37 voix à 8, et devient le premier Français à occuper ce poste depuis soixante ans. Dans son programme : la lutte contre le dopage mécanique, redonner de l'importance aux fédérations nationales, une refonte du World Tour (abouti depuis), et des promesses comme celle d'offrir à l'Afrique ses premiers championnats du monde. Le Rwanda accueillera d'ailleurs l'édition 2025.

David Lappartient est président de l'UCI depuis 2017. (WILLIAM WEST / AFP)

Dans un article publié en mai dernier, le journal le Monde pointe des "liens troubles" avec l'oligarque russo-turkmène Igor Makarov, très influent dans le monde du cyclisme et notamment à l'origine de la création de l'équipe Katusha en 2008. Evoquant la nomination de Lappartient à l'UCI, le milliardaire russe avait indiqué : "C'est un peu ma victoire", selon des propos rapportés par L'Equipe [article payant].

Depuis cette élection, celui qui a également relancé l'Union européenne de cyclisme (UEC) (2013-2017) a fortement œuvré au développement express du cyclisme féminin, notamment en poussant pour la création du Tour de France Femmes en 2022. Année qui l'a également vu devenir le quatrième Français à siéger au CIO.

10 mandats en cours

Autant de fonctions qui confèrent à David Lappartient un agenda de ministre, même si le Breton a compris qu'il n'y avait pas besoin d'être au gouvernement pour peser dans la vie du sport tricolore. Mais le nouveau président du CNOSF est également un homme politique, puisqu'il n'y a pas que dans les instances sportives qu'il cumule les mandats. "J’ai toujours renoncé à choisir entre le sport et la politique, l’un se nourrit de l’autre", avouait-il d'ailleurs à Actu.fr.

Devenu le plus jeune maire de Bretagne en 2008 dans sa commune de Sarzeau, David Lappartient est également président du conseil départemental, président du parc naturel régional du golfe du Morbihan et conseiller communautaire de Vannes agglomération, sans oublier son titre de président de la compagnie des ports du Morbihan. Membre du parti Les Républicains, le Breton est un Sarkozyste convaincu. Il avait même offert à l'ancien président une licence dans son club et un vélo tout neuf. De quoi faire dire à David Lappartient qu'il travaille 85 heures par semaine et susciter les critiques de l'opposition. "Je serai une présidente à temps plein", avait insisté sa concurrente Emmanuelle Bonnet-Oulaldj lors de son grand oral devant les membres du CNOSF.

Dans les colonnes de L'Equipe, le Breton avait promis qu'il prévoyait de "réfléchir" à son organisation une fois élu : "J’ai prévu soit de démissionner de certains mandats, soit de changer un peu mon mode de fonctionnement parce qu'il y a des choses qui roulent tout à fait normalement". David Lappartient a toutefois précisé qu'il ne quitterait ni l'UCI, ni le conseil départemental :"Mais je démissionnerai sans doute de la présidence du Parc naturel du Golfe du Morbihan, de mon poste de conseiller communautaire. Je pourrai réduire la voilure sur d'autres engagements. Une chose est certaine, je ne cumulerai pas ces mandats au-delà de 2025".

Au sujet de ce cumul de mandats, le quotidien le Monde évoque "un signalement de l'association Anticor pour complicité de prise illégale d'intérêt" dans l'une de ses fonctions.
 "J'ai toujours œuvré dans le strict respect des règles et je pense être reconnu pour ma droiture et le respect scrupuleux des règles de déontologie (...)", a rétorqué l'intéressé dans un courrier adressé à ses pairs et électeurs, et relayé par L'Equipe. Et d'ajouter : "Cela ne fera pas dévier de mon souhait de servir le mouvement olympique français."

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