JO 2021. Masomah Ali Zada, première cycliste afghane aux Jeux, estime avoir gagné "contre les gens qui pensent que les femmes n'ont pas le droit de faire du vélo"
La cycliste de 24 ans, engagée dans l'équipe de refugiés créée par le Comité international olympique, a terminé dernière du contre-la-montre mercredi. Mais ce résultat est quand même une victoire pour cette sportive qui a fui son pays il y a trois ans parce qu'elle pratiquait cette discipline.
C'est une défaite qui est en réalité une grande victoire. Mercredi 28 juillet, Masomah Ali Zada a terminé à la dernière place du contre-la-montre féminin de cyclisme aux Jeux olympiques de Tokyo, à 13 minutes de la championne olympique, la Néerlandaise Annemiek Van Vleuten. Mais la cycliste de 24 ans vient pourtant de marquer l'histoire des Jeux car elle est la première Afghane à y participer. C'est également la première fois qu'une personne réfugiée en France est engagée aux JO.
Au pied du mont Fuji, les photographes et les caméras étaient donc nombreux à se presser sur la ligne d'arrivée pour immortaliser ce moment et le sourire radieux de Masomah Ali Zada. Il symbolise la liberté de faire du sport et la liberté pour une femme de pouvoir faire du vélo. "C'est vraiment un souvenir inoubliable", explique celle qui a dû fuir son pays il y a trois ans. "Je suis déjà gagnante parce que je gagne contre les gens qui pensent que les femmes n'ont pas le droit de faire du vélo", se félicite cette femme qui a été frappée, insultée et menacée de mariage forcé parce qu'elle pratique le cyclisme. "Je leur ai donné une réponse très forte."
Aujourd'hui étudiante en génie civil à Villeneuve-d'Ascq (Nord), elle fait partie des 29 athlètes sélectionnés dans l'équipe des réfugiés créée par le Comité international olympique. Celle qui avait été baptisée "la petite reine de Kaboul" dans un documentaire diffusé sur Arte il y a quelques années affirme que rien ne l'arrêtera, pas même les menaces.
"Si je n'ai pas peur en Afghanistan, pourquoi aurais-je peur aux Jeux olympiques ? Mon but était de participer, je ne regrette rien et je ne lâche rien."
Masomah Ali Zada, réfugiée afghane engagée aux Jeux olympiques de Tokyoà franceinfo
Elle se sent investie d'une mission. "C'est un très bon message pour les autres ! C'est vraiment une fierté pour moi de changer la vie des femmes qui pensent qu'elles ne peuvent pas y arriver et qu'elles sont faibles." Malgré les difficultés qu'elle rencontre, elle ne regrette pas son choix. "Peut-être que c'est dur pour moi mais quand je pense à elles ça me donne le courage, la force et l'énergie de continuer plus fort."
Un message qu’elle envoie, dit-elle, à toutes les Afghanes et les femmes qui se battent pour leurs droits, mais aussi aux 82 millions de refugiés à travers le monde. "Ces sportifs sont un symbole puissant, pas seulement pour tout le monde mais spécifiquement pour les autres réfugiés, surtout les jeunes", abonde Filippo Grandi, haut-comissaire des Nations unies pour les réfugiés. "C'est un message d'espoir et d'encouragement alors qu'ils vivent dans des situations difficiles où on perd facilement la perspective du futur. Cela leur donne donc d'une certaine manière une perspective."
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