JO de Paris 2024 : entre Lyon et les Jeux, une histoire olympique contrariée

Devancée par Mexico dans la course à l'organisation des Jeux olympiques de 1968, la ville accueille 11 rencontres de football pour l'édition 2024. Les Bleues d'Hervé Renard ont d'ailleurs élu domicile dans le quartier de Gerland pour la durée du tournoi.
Article rédigé par Gabriel Joly - envoyé spécial à Lyon
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Le drapeau olympique flottant sur l'un des poteaux de corner du stade de Lyon durant le premier jour des Jeux, le 24 juillet 2024. (SIPA)

L'histoire retiendra que c'est avec un Irak-Ukraine que Lyon a renoué avec l'olympisme. A la veille du premier match de poules des Bleues du foot contre la Colombie, jeudi 25 juillet, le stade de l'OL a été le théâtre de la victoire des Lionceaux de Mésopotamie (2-1) devant des tribunes aux trois quarts vides. Une affluence - en dépit du fervent soutien des fans irakiens récompensés - qui témoigne d'un entrain encore mesuré pour les Jeux olympiques sur place.

Ce manque d'intérêt se ressent également dans le cœur de la capitale des Gaules, qui doit accueillir 11 rencontres de football au total, dont la petite finale pour la médaille de bronze chez les femmes le 9 août prochain. "Avec Paris 2024, Lyon fait un peu partie de cette aventure, mais la ville reste en retrait au niveau du symbole", reconnaît l'historien des JO Sylvain Bouchet, au moment d'évoquer le refus du département du Rhône et de la Métropole écologiste de recevoir le relais de la flamme olympique pour des questions de coût (Lyon accueillera l'une des 12 flammes paralympiques fin août).

Lyon 1968, candidature battue

"Et pourtant, on n'arrête pas de trouver des liens entre la ville et les JO. Il y a eu des venues très fréquentes de Pierre de Coubertin à Lyon pour rencontrer le maire de l'époque Edouard Herriot", poursuit le spécialiste en référence au projet avorté d'organiser cet événement planétaire en 1920 et 1924. La seule candidature aboutie de la cité lyonnaise remonte néanmoins aux Jeux de 1968. Le 18 octobre 1963, le Comité international olympique (CIO) avait opté pour Mexico, devant Détroit, Lyon et Buenos Aires.

"Ce qui a manqué, c'est tout simplement l'envergure de la ville. Lyon proposait une candidature volontairement simple qui ressemblait à ce que le CIO attendait dans les années 1920-30, raconte Sylvain Bouchet. Dix jours avant, un tournoi de hockey sur gazon, qui servait de test, s'était en plus mal passé. Cela a fait tache : les tribunes étaient vides et des délégations trouvaient la nourriture mauvaise, en plus d'être en quantité insuffisante". Le comble pour la capitale mondiale de la gastronomie, représentée notamment par le chef Paul Bocuse.

Le Théâtre antique de Lyon aurait pu accueillir les épreuves de lutte des JO de 1968 sur la colline de Fourvière dans le 5e arrondissement de Lyon. (MANUEL COHEN / AFP)

Pour tenter de rafler la mise, la municipalité avait néanmoins mis le paquet sur les équipements sportifs, sous l'impulsion de l'édile de l'époque, Louis Pradel, et son adjoint aux Sports, Tony Bertrand. Au point d'apparaître plus crédible que Paris aux yeux du Comité olympique français. Epreuves de cyclisme au vélodrome du parc de la Tête d'Or, lutte dans le site archéologique du Théâtre gallo-romain de Fourvière, sans oublier la piscine du Rhône construite spécialement pour l'occasion… Lyon avait mis les petits plats dans les grands, imaginant même un service de navettes fluviales sur le Rhône et la Saône pour acheminer athlètes et public. En vain.

Les Bleues pour sublimer l'histoire olympique à Lyon

56 ans plus tard, la ville a cependant une occasion de chasser définitivement les souvenirs de cet échec et de se réconcilier avec les Jeux. A l'endroit où aurait pu se tenir le village olympique de 1968, près du stade de Gerland, l'équipe de France d'Hervé Renard a pris ses quartiers depuis vendredi. Un beau symbole pour Eugénie Le Sommer, dans le berceau historique du football féminin tricolore.

"Jouer une grosse compétition ici c'est top, avec les deux matchs à Lyon [la Colombie puis la Nouvelle-Zélande le 31, après un détour par Saint-Etienne le 28 pour défier le Canada]. Ça fait bizarre d'être logées à deux pas de chez nous mais c'est une belle récompense pour la ville et pour l'Olympique lyonnais par extension", rappelle l'attaquante, sacrée à huit reprises en Ligue des champions avec le club depuis son arrivée en 2010.

Sur les 22 joueuses qui composent le groupe français, treize ont évolué ou évoluent à l'OL. De quoi les pousser à se sublimer pour aller décrocher la première médaille olympique de leur histoire ? Depuis le week-end dernier, les Bleues multiplient en tout cas les courtes allées et venues entre l'hôtel "The Ruck" et le centre d'entraînement de Tola-Vologe. Pour plusieurs joueuses présentes à Lyon avant le déménagement vers le nouveau fief du club en 2016 (à Décines-Charpieu), le retour dans leur ancien repaire est l'occasion de dépoussiérer quelques souvenirs.

"Comme les locaux appartenaient à la mairie, on ne pouvait rien laisser. A chaque fois, on ramenait nos crampons et nos gourdes à la maison... Parfois même les douches ne marchaient pas et on était obligées de se doucher chez nous, c'était vraiment une autre époque."

Eugénie Le Sommer, attaquante des Bleues

à franceinfo: sport

Cette fois, le lieu s'est drapé de ses habits olympiques. "Heureusement que le comité français a fait une décoration au top au camp de base et au centre d'entraînement, car on n'a pas la même atmosphère qu'à Paris où tu sens les JO dans toute la ville. A Lyon, c'est vraiment autour du stade, où il y a les anneaux olympiques et des références aux JO", a ajouté la meilleure buteuse de l'histoire de la sélection (93 réalisations) et de l'OL (303) mardi en conférence de presse.

Présente dans la liste de 18 noms concoctée par le staff français, "ELS" a repris lundi l'entraînement collectif et espère être remise à temps d'une blessure au genou survenue en avril pour disputer ses troisièmes Jeux. Une chose est sûre pour elle et ses partenaires : "L'objectif, c'est d'accéder au village olympique car cela voudra dire que l'on joue la finale à Paris." Si c'est le cas, on n'oubliera pas que Lyon aura, enfin, été le point de départ d'une grande aventure aux Jeux.

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