Handball aux JO 2024 : de la division 2 à un dernier sursaut olympique, Vincent Gérard ou l'art du rebond avant de raccrocher

Brillant contre l'Argentine et la Hongrie dans des matchs cruciaux, Vincent Gérard justifie sa sélection avec les Bleus alors qu'il évoluait en deuxième division depuis janvier.
Article rédigé par Hortense Leblanc
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Vincent Gérard lors du match France-Egypte en tour préliminaire du tournoi olympique de Paris, le 31 juillet 2024. (MATTHIEU MIRVILLE/AFP)

La fin de carrière d’une légende peut en cacher une autre. Si les projecteurs sont tournés vers Nikola Karabatic, qui prendra sa retraite à la fin des Jeux olympiques, ils se braquent plus discrètement sur Vincent Gérard, gardien de l’équipe de France, champion olympique en 2021, champion du monde en 2017 et champion d’Europe en 2014. Absent lors de l’Euro en janvier à cause d’une blessure, il a retrouvé sa place dans le groupe et y est pour beaucoup si les Bleus se sont qualifiés en quarts de finale, face à l’Allemagne, mercredi 7 août.

Il avait regardé l’Euro et vu ses coéquipiers sacrés champions d’Europe à la télé, en janvier. Un Euro marqué par l’éclosion de Samir Bellahcène, qui jouait sa première grande compétition avec les Bleus au même poste que lui. "Les gardiens ont fait le job à l'Euro, il n'y a pas de débat là-dessus", se remémore Jérôme Fernandez, consultant France TV sport. Pourtant, quelques mois plus tard, c’est Vincent Gérard, qui est titulaire dans la cage des Tricolores depuis le début du tournoi olympique. "Mais les JO, c'est différent", ajoute l'ancien capitaine des Bleus de 2008 à 2015.

Opéré d’une pubalgie en septembre 2023, le gardien a connu une saison difficile. Pour le remplacer pendant son absence, son club de Kiel (Allemagne) avait choisi de faire appel à ce même Samir Bellahcène comme joker médical, mais ce dernier a donné satisfaction, et même plus. En janvier, la formation allemande a préféré le conserver et mettre fin au contrat de Vincent Gérard. Sans club à quelques mois des Jeux, le portier a rebondi en Proligue, la deuxième division française, à Istres, qu’il a aidé à monter en première division en fin de saison.

"Ce n'est pas un cadeau de Guillaume"

 "J’ai essayé de chasser les pensées négatives pour me concentrer sur ce qui était en mon pouvoir : retrouver un club qui voulait bien me laisser jouer. Il y a eu des doutes, oui, mais aussi un gros travail sur moi pour ne pas me laisser parasiter par l’extérieur", raconte-t-il. Performant, il est donc rappelé en bleu par Guillaume Gille, qui accorde toujours beaucoup d’importance à l’expérience. Presque inespéré alors que le sélectionneur se disait "préoccupé" par la situation du gardien en janvier. "Rémi [Desbonnet] n'a pas eu l'expérience du village à Tokyo avec le Covid parce qu'il était remplaçant, et Vincent, lui, a l'expérience de deux finales olympiques", rappelle Jérôme Fernandez.

"Si j’ai pu survivre à la préparation et que je suis là, c’est parce que j’ai montré que je pouvais être performant. Ce n’est pas un cadeau de Guillaume à quelqu’un qui a fait 150 matchs avec l’équipe. Je suis là pour performer", déclarait-il quelques jours avant les Jeux olympiques. Et si le début de tournoi a été compliqué, à l’image de l’équipe de France, avec 24% d’arrêts (7/29) contre le Danemark, 27% contre la Norvège (10/37) et un petit 21% contre l’Egypte (4/19), le gardien est monté en puissance, comme ses coéquipiers.

Il a été très précieux lorsque les victoires sont devenues impératives, avec notamment une première période de folie contre l’Argentine (60%, 12/20), et contre la Hongrie (37%). De quoi confirmer les dires de son coéquipier et concurrent dans la cage, Rémi Desbonnet, qui le trouvait "très en forme" à l’issue de la préparation. "C'est quelqu'un qui a du caractère, qui porte le groupe. Il n'a pas la même constance que Thierry Omeyer, mais par moments il peut avoir le même niveau, comme ça a été le cas sur les derniers matchs.", analyse Jérôme Fernandez.

"Je suis dans le présent pour aider l’équipe de France à faire ce qu’aucune équipe n’a jamais fait : champion d’Europe et champion olympique la même année", assure-t-il. Et si lui ne pourra pas se vanter de ce doublé en raison de son absence à l’Euro, il veut faire "plaisir aux copains". Dans le Nord, où il fait figure de local de l’étape pour avoir joué cinq ans à Dunkerque, il est désormais déterminé à "profiter de tout cela", avant de prendre sa retraite, en mesurant le chemin parcouru cette saison.

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