Infographie Médailles aux JO : à quel point accueillir les Jeux aide-t-il les athlètes du pays hôte à multiplier les exploits ?

Article rédigé par Brice Le Borgne
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Antoine Dupont et Jordan Stepho, médaillés d'or en rugby à 7, le 27 juillet. (HERVIO JEAN-MARIE / KMSP)
Lors de six des huit derniers JO d'été, le pays hôte a largement bénéficié d'un regain de médailles. Etre habitué des lieux et des conditions des épreuves favorise les exploits, en plus de la ferveur du public local.

Jean-Pascal Barraque, athlète couronné d'or en rugby à 7, exulte au Parc des champions au Trocadéro. "Vous nous avez galvanisés. Nous voulions vous remercier de nous avoir donné des émotions hors norme", lance le champion olympique à une foule en délire. Le lendemain, c'est Léon Marchand, médaillé d'or en natation, qui se réjouissait : "J'avais beaucoup de pression avant la course. J'ai essayé d'ouvrir les yeux et de me servir du bruit du public."

A en croire les vainqueurs français, le soutien du public serait primordial pour grimper sur le podium. Et à la vue des 16 médailles obtenues par les Bleus, lundi 29 juillet, dès le troisième jour de compétition – un record historique. Tout porte à croire que cela se confirme au classement général dans les jours à venir. Alors, accueillir les Jeux donne-t-il un avantage aux athlètes du pays hôte ?

D'après les résultats des huit dernières éditions, le pays accueillant les Jeux possède souvent un avantage. L'infographie ci-dessous représente le nombre de médailles obtenues (tous métaux confondus) pour chacun des huit pays ayant accueilli des Jeux olympiques, depuis 1992 (voir notre méthodologie). En rouge est représentée l'année où le pays a été l'hôte des Jeux olympiques.

Mais on note plusieurs contre-exemples dans ces huit dernières éditions. En 1996, lorsque les Etats-Unis accueillent les Jeux à Atlanta, les Américains ne remportent que 101 médailles, soit 6 de moins que leur moyenne entre 1992 et 2020. Vingt ans plus tard, à Rio, les Brésiliens ne remportent que 19 médailles, contre 21 à Tokyo. A Londres, en 2012, on ne note pas de record de médailles pour les Britanniques, mais tout de même une nette progression (14 médailles de plus) par rapport à l'édition précédente. Pour que cette tendance se confirme cette année, les Français devront dépasser le record des 43 médailles obtenues lors des Jeux de Pékin en 2008 (un total rehaussé a posteriori après les disqualifications d'adversaires).

La ferveur du public, mais pas que

Quel est le secret de ces bonnes performances à la maison ? Les acclamations du public sont loin d'être la seule raison. D'après Thierry Terret, historien du sport et ancien délégué ministériel aux Jeux, interrogé par franceinfo, le premier facteur, "c'est que les athlètes ont une meilleure connaissance de l'environnement. C'est aussi bien l'infrastructure que le climat, les horaires." Aux Jeux de Tokyo, en 2021, le décalage horaire et la très forte humidité avaient perturbé des athlètes étrangers, tandis que le Japon avait réalisé sa meilleure moisson.

Ces habitudes se cumulent parfois avec une meilleure connaissance des lieux des épreuves. Ces dernières années, les équipes de France de voile, de tir et de canoë-kayak ont pu s'entraîner sur les sites olympiques à Marseille, Châteauroux ou Vaires-sur-Marne. Jean-Baptiste Bernaz, champion du monde de laser (voile), racontait à franceinfo s'être installé à Marseille deux ans avant les Jeux, pour avoir une meilleure connaissance des lieux, des conditions météo, et ainsi mettre toutes les chances de son côté.

Et qui dit pays hôte, dit budget supplémentaire. L'Agence nationale du sport, créée en 2019 pour maximiser les chances tricolores, s'est vue octroyer un budget historique de 461 millions d'euros pour 2024. L'objectif est notamment de réduire le nombre d'athlètes en situation de précarité, grâce à des dispositifs financiers ou des contrats spécifiques. Un coup de pouce pas forcément présent lors d'autres JO, comme à Rio, où 40% des sportifs de haut niveau vivaient sous le seuil de pauvreté.

Pour autant, plusieurs études se sont penchées sur l'évolution de cet "home advantage", et semblent indiquer que cet avantage est de moins en moins marqué. Une analyse publiée en 2021 par l'université de Reading (Royaume-Uni ) montre qu'entre 1988 et 2016, le nombre de médaillés et finalistes augmente de 2 points de pourcentage pour le pays hôte par rapport aux autres éditions. Un chiffre dix fois plus faible que lors des JO organisés entre 1896 et 1936.


Méthodologie : les données utilisées pour réaliser cette infographie proviennent du site Olympedia.org. Seules les compétitions depuis Barcelone 1992 ont été analysées, afin de comparer les résultats de Paris 2024 avec des olympiades disposant d'un nombre d'épreuves comparables. Nous avons décompté l'ensemble des médailles, mais ce sont bien les seules médailles d'or qui priment pour le classement général.

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