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JO 2021 : "Ce sera peut-être entre 2 et 2,5 milliards de manque à gagner", estime l'économiste du sport Michael Tapiro

L'économiste du sport Michael Tapiro estime que le huis clos décrété aux Jeux olympiques est "la bonne décision" malgré les conséquences économiques importantes qui en découlent.

Article rédigé par Vincent Daheron, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les anneaux olympiques devant le stade olympique de Tokyo. (NORIKAZU TATEISHI / YOMIURI / AFP)

Repoussée le plus tard possible, la décision de mettre les Jeux olympiques à huis clos a finalement été officialisée jeudi 8 juillet par les organisateurs de Tokyo 2021. Une décision motivée par la mise en place, le même jour, de l'état d'urgence dans la capitale japonaise jusqu'au 22 août pour faire face à la prolifération du virus. "La décision est la bonne", selon Michael Tapiro, économiste du sport et fondateur de Sports Management School.

Le débat sur la présence ou non de spectateurs pour les Jeux olympiques de Tokyo (23 juillet au 8 août) ne date pas de ce début juillet. Depuis janvier 2021, la population japonaise a souvent manifesté un certain scepticisme à l'égard de la compétition. Dans un premier temps, le 20 mars 2021, les organisateurs avaient interdit aux spectateurs étrangers de se rendre sur l'archipel. Cette fois-ci, le gouvernement japonais passe au huis clos. "Avec les incertitudes sanitaires, je n'imaginais pas autre chose", assure Michael Tapiro avant de s'interroger : "La bonne réponse n'aurait-elle pas été d'annuler les JO ?"

L'absence préjudiciable du tourisme sportif

Les Jeux olympiques auront bien lieu mais c'est toute l'économie de la compétition qui vacille en l'absence de spectateurs. "Il n'y aura pas le tourisme sportif que l'on a l'habitude de voir dans ce genre de compétitions, estime l'économiste. C'est extrêmement préjudiciable, vraiment une grosse perte. Le sel des JO s'envole."

Le "tourisme sportif" est un terme assez large qui englobe à la fois les recettes de billetterie et de merchandising. Selon Takahide Kiuchi, économiste de l'Institut de recherche du groupe financier Nomura, le manque à gagner sans public étranger et avec une jauge limitée de spectateurs locaux s'élevait à 1,5 milliard d'euros. Avec le huis clos, "ce sera peut-être entre 2 et 2,5 milliards de manque à gagner", évalue Michael Tapiro. "Les pertes en billetterie et en merchandising sont une catastrophe. Il faut savoir que le panier moyen se situe entre 50 et 100 euros par personne pour l'achat de 'goodies'." 

Des conséquences sur Paris 2024 ?

Au-delà des spectateurs, les sponsors vont également espérer "une renégociation à la baisse, voire une potentielle annulation de leur contrat", étant donné le manque de visibilité et l'impossibilité pour eux d'assister à l'événement. Michael Tapiro prévoit même un risque pour l'avenir et en premier lieu concernant Paris 2024 : "ll n'est pas question de revenir sur les Jeux de Paris mais cela va se faire différemment. Je n'imagine pas la prise de risques pour un sponsor de s'engager sur la durée avec un événement olympique."

Avec 15,5 milliards d'euros déboursés pour organiser les Jeux olympiques, notamment à cause du surcoût lié au report d'un an, Tokyo paie la plus grosse facture de l'histoire pour des Jeux d'été. Pas de quoi fragiliser l'économie japonaise à long terme selon Michael Tapiro : "C'est un pays très bien organisé, qui aurait eu bien besoin d'une reconquête touristique et commerciale mais je ne suis pas inquiet pour le Japon."

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