JO 2022 : conseils de l'armée, chaussettes chauffantes... Comment les athlètes s'adaptent au froid glacial
Annoncées de longue date, les conditions extrêmes de froid et de vent perturbent les athlètes olympiques qui ont mis des choses en place pour y faire face.
"Il fait trop froid !" Voici les premières paroles lancées dans un sourire par la sauteuse à ski Julia Clair après son premier essai d'entraînement, jeudi 3 février, sur le tremplin olympique de Zhangjiakou. Elle a alors enfilé une longue parka descendant sous ses genoux pour retrouver un peu de chaleur. À l'instar de la Vosgienne, les athlètes de l'équipe de France sont confrontés à des conditions extrêmes depuis le début des Jeux olympiques de Pékin.
Le froid polaire, glacial, était annoncé de longue date et les différentes délégations ont pu et dû l'intégrer psychologiquement. S'y préparer est une chose, le vivre en est une autre. "Celui qui dit qu’il n’a pas froid, il ment un peu", glisse d'entrée le skieur alpin Maxence Muzaton.
-30°C ressentis
Depuis leur arrivée sur le sol chinois au gré des vols qui se succèdent depuis une dizaine de jours, les Tricolores ont découvert les températures extrêmes. Le thermomètre est inlassablement bloqué dans le négatif avec des données comprises entre -20 et -5°C lorsque le soleil est à son zénith en début d'après midi. Le ressenti, lui, approche parfois les -30°C quand le vent s'invite. Et à la vue des nombreuses éoliennes qui s'étendent à perte de vue autour de Zhangjiakou, les bourrasques ont leurs habitudes sur ce site niché à un peu plus de 1 600m d'altitude.
Si personne n'est épargné par ce froid qui agresse chaque partie du corps non couverte, nul n'est égal dans sa résistance au gel. "Je suis très frileuse. J'ai déjà froid à zéro degré donc qu'il fasse zéro ou -20, je me dis que c'est presque pareil", rigole la biathlète remplaçante Chloé Chevalier.
L'Iséroise pratique justement une des disciplines les plus touchées par le froid à cause du tir à la carabine. Le compromis entre enfiler une paire de gants plus épaisse et maintenir une certaine sensibilité pour appuyer sur la détente est compliqué à trouver. "J’ai peut-être fait 15, 20 courses dans ma carrière où je ne sentais plus les deux voire trois premières phalanges", raconte Quentin Fillon Maillet.
"Ça devient compliqué d’aller chercher la détente sur le tir, on y va juste avec la force du doigt."
Quentin Fillon Maillet, leader de la Coupe du monde de biathlonà franceinfo: sport
Pour tenter d'y remédier, Anaïs Chevalier-Bouchet s'est imposé un atelier couture pendant sa préparation. "J'ai rajouté une moufle escamotable sur les gants que je pourrai enlever pour tirer et remettre ensuite. Rien de bien sorcier : j'ai découpé et recollé", explique-t-elle. Lors du relais mixte argenté de samedi, Emilien Jacquelin a, lui, manqué de dextérité au moment de prendre ses balles de pioche à cause des gants plus épais qu'il a été obligé d'enfiler.
Afin de les aider à supporter le froid, les partenaires de la Fédération française de ski ont fourni aux biathlètes des chaussettes chauffantes avec batterie ainsi que des sous-vêtements et des sous-pulls beaucoup plus adaptés aux très froides températures.
L'Armée pour conseiller
Leurs cousins du ski de fond ont pu bénéficier durant leur préparation des conseils de l'Armée pour s'adapter au froid dans un contexte de performance. "Concrètement, on a fait un protocole sur les basiques comme s'entraîner sans aucune partie du corps à découvert", précise le directeur de l'équipe de France de ski de fond Olivier Michaud.
"L'Armée nous a donné de super conseils, surtout dans le fait de changer beaucoup de vêtements pour repartir avec des vêtements chauds, propres et secs, car le pire, c'est le froid et l'humidité", ajoute Lucas Chanavat dont l'épreuve du sprint consiste en plusieurs manches entrecoupées de plages de récupération durant lesquelles le corps se refroidit automatiquement et rapidement.
Le site de Yanqing, dédié au ski alpin, n'est pas davantage à l'abri du froid glacial. "Quand on descend, c'est saisissant", assure Maxence Muzaton. Lors du deuxième entraînement de la descente, déjà décalé d'une heure, vendredi, à cause du vent annoncé à environ 45 km/h. Les températures au départ étaient comprises entre -36 et -28°C. Johan Clarey a notamment skié avec des bandes sur le nez et les pommettes pour se protéger.
En début de semaine, Perrine Laffont annonçait de son côté devoir parfois écourter un peu ses séances d'entraînement pour que le corps ne souffre pas trop. Visiblement sans conséquence puisque l'Ariégeoise s'est qualifiée sans trembler pour la finale de ski de bosses. "On est des alpins, on sait ce qu'est le froid", conclut Olivier Michaud. Durant cette quinzaine, ils sont servis.
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