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JO 2022 : Dinigeer Yilamujiang, dernière porteuse de la flamme, une Ouïghoure dans la lumière olympique

Alors que des stars du sport sont habituellement choisies pour ce geste symbolique, la skieuse de fond, inconnue du grand public, a été désignée vendredi soir pour conclure la cérémonie d'ouverture des JO 2022.

Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Dinigeer Yilamujiang a porté le dernier relais de la torche olympique avec Zhao Jiawen, lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux de Pékin, le 4 février 2022. (LIU XU / XINHUA / AFP)

Elle appartient à une minorité ethnique au cœur des différends entre la Chine et l'Occident : la sportive ouïghoure Dinigeer Yilamujiang a allumé la vasque olympique lors de la cérémonie d'ouverture des JO 2022 de Pékin, un choix délibéré du régime chinois.

Sous le regard du président Xi Jinping et de millions de téléspectateurs, la skieuse de 20 ans, tout sourire, a été la dernière porteuse de la flamme avec son compatriote Zhao Jiawen.

La flamme qui illuminera les deux semaines de compétition à Pékin s'est allumée ! Les Jeux Olympiques 2022 sont officiellement lancés.
Jeux Olympiques 2022 : la flamme s'est allumée ! La flamme qui illuminera les deux semaines de compétition à Pékin s'est allumée ! Les Jeux Olympiques 2022 sont officiellement lancés.

Ensemble, ils ont déposé la torche sur une structure représentant un flocon de neige géant qui s'est élevée au-dessus du stade olympique de Pékin, le fameux "Nid d'oiseau". Elle y brûlera jusqu'à la cérémonie de clôture le 20 février.

Une réponse au boycott diplomatique

Ce choix apparaît comme un pied de nez aux pays occidentaux, États-Unis en tête, qui ont choisi de boycotter diplomatiquement les JO de Pékin, invoquant des violations des droits de l'homme au Xinjiang (nord-ouest), région où l'ethnie musulmane ouïghoure est majoritaire.

Interrogé lors d'une conférence de presse, le porte-parole du Comité international olympique (CIO) Mark Adams n'a pas évoqué l'origine ethnique de Dinigeer Yilamujiang, faisant simplement remarquer qu'"en tant que sportive qualifiée pour les Jeux, elle avait le droit d'être là d'où qu'elle vienne, quel que soit son origine".

Washington évoque depuis plusieurs mois un "génocide" au Xinjiang, à la suite d'informations faisant état de stérilisations forcées des Ouïghoures. Le régime communiste dément cette accusation ainsi que celle selon laquelle il aurait interné plus d'un million de Ouïghours dans des camps de rééducation politique et les soumettrait à du travail forcé.

Des accusations qualifiées de "mensonge du siècle"

Pékin affirme que ces camps sont "des centres de formation professionnelle" destinés à éloigner "les stagiaires" de la radicalisation islamiste. Le Xinjiang a été frappé par le passé par des attentats attribués à des séparatistes ou des islamistes ouïghours et fait l'objet d'une surveillance draconienne.

Le régime chinois qualifie les accusations occidentales de "mensonge du siècle" et ses médias s'efforcent de présenter la région et les relations entre communautés sous un jour avenant.

Dans ce contexte, les médias chinois soulignent, samedi 5 février, l'origine ethnique de Dinigeer Yilamujiang, et des diplomates ont diffusé sur Twitter, réseau social bloqué en Chine, une vidéo de sa famille émue aux larmes au moment où la jeune femme allume la vasque olympique.

"Se couvrir de gloire pour le pays"

Fille d'un moniteur de ski, Dinigeer Yilamujiang a terminé à la 43e place du skiathlon, sa première épreuve olympique disputée samedi, quelques heures seulement après la cérémonie d'ouverture. Membre de l'équipe nationale de ski de fond depuis 2017, elle a passé ces trois dernières années en Norvège afin de s'entraîner pour les Jeux.

"La seule chose que nous pouvons faire c'est nous entraîner dur et nous couvrir de gloire pour le pays", promettait-elle récemment dans un reportage consacré aux sportifs du Xinjiang participant aux JO de Pékin.

Dinigeer Yilamujiang est originaire d'Altay, dans le nord du Xinjiang, une région montagneuse où la Chine revendique l'invention du ski. Les médias chinois ont fait ces dernières semaines l'éloge de cette destination de sports d'hiver.

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