Cet article date de plus de deux ans.

JO 2022 : ils se sont isolés "pour vivre le rêve olympique"

Après des semaines d’inquiétude face à la menace du Covid-19, l’arrivée dans la bulle sanitaire des Jeux a été un soulagement pour beaucoup de participants.

Article rédigé par Apolline Merle, franceinfo: sport - De notre envoyée spéciale à Zhangjiakou
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
L'ensemble des sites des Jeux olympiques de Pékin est soumis à bulle sanitaire très stricte.  (KOKI KATAOKA / YOMIURI / AFP)

Les Jeux olympiques d’hiver de Pékin 2022 n’ont pas encore officiellement commencé mais pour les athlètes et les encadrants déjà sur place, un premier sentiment de soulagement se fait ressentir. Alors que la Chine a mis en place une bulle sanitaire stricte face au Covid-19 pour les JO, l’inquiétude était de pouvoir y entrer… et surtout y rester.

Alors, afin de mettre toutes les chances de leur côté, certains ont pris des mesures drastiques avant le départ. "Les conditions pour venir ici étaient très difficiles. On a des coachs qui se sont isolés depuis des semaines loin de leurs enfants et de leur femme pour venir ici. On a donc envie d’honorer leurs efforts", explique Benjamin Cavet, vice-champion du monde de ski de bosses et déjà qualifié pour la finale des Jeux, samedi 5 février (12h30 heure française).

Passer le cap du premier test chinois

Damien Maître, entraîneur de l'équipe féminine de saut à ski, s'est lui aussi isolé dès le début du mois de janvier après que l'un de ses deux enfants a été testé positif au Covid. "J'ai dormi à l'hôtel pour éviter d'être contaminé et je me testais tous les jours", raconte celui qui est domicilié à Courchevel. Après deux semaines d'isolement strict, Damien Maître a rejoint ses proches mais a continué de faire chambre à part avec sa femme et n'a pas quitté son masque jusqu'au départ.

"C'était une vie bizarre. Je ne l'ai pas fait pour moi mais pour les filles de l'équipe, car je n'aurais pas trouvé les mots si je les avais contaminées".

Damien Maître, chef de l'équipe dames de saut à ski

à franceinfo: sport

Cette option a également été choisie par Cyril Burdet, coach du groupe sprint de l’équipe de France de ski de fond. L’encadrant a décidé de s’isoler quinze jours avant de prendre l’avion, en plus de respecter scrupuleusement les gestes barrières. "Je voulais éviter à tout prix d’être contaminé afin de passer ce premier cap du test négatif en Chine. Je me suis donc isolé dans l’appartement de ma mère, qui n’était pas là", raconte Cyril Burdet. L'entraîneur avait pris cette décision après avoir constaté une situation épidémique en hausse en France à la suite de l'apparition du variant Omicron.

Des restrictions qui se sont ajoutées à celles prises par l’ensemble de l’équipe de France de ski de fond. Alors que les deux dernières épreuves de Coupe du monde avant les JO ont été annulées pour des raisons sanitaires, le staff des fondeurs a décidé de renforcer son propre protocole sanitaire. “Après ces annulations, nous avons assez vite pris la décision de faire un stage en bulle sanitaire dans la station des Saisies (Savoie). On voulait réduire au maximum les risques pour ensuite se détendre. Pour l'instant on s'en sort bien, on a fait le bon choix. Cela a fait entièrement partie de la préparation", explique Olivier Michaud, directeur de l’équipe de France de ski de fond.

D’ailleurs, dans cette logique, lui et son équipe ont décidé de faire l’impasse sur les coupes d’Europe de janvier pour, là encore, éviter tout risque de contamination.

Soulagement et prévention

Certains athlètes ont aussi pris leurs dispositions quand ils le pouvaient. Le skieur alpin Nils Allègre s’est lui aussi isolé après la Coupe du monde de Kitzbühel, en Autriche, le 23 janvier. "C’était une bonne angoisse. J’ai déjà loupé des courses à cause du Covid. Je ne voulais donc pas revivre ça. Je suis resté seul avec ma copine chez moi avant Pékin", raconte-t-il.

Le biathlète Quentin Fillon Maillet a suivi la même ligne en s’isolant avec sa compagne après la dernière manche de Coupe du monde, une semaine avant le départ pour Pékin. "Contrairement à d'autres équipes étrangères qui ont fait le choix de rester en stage, la stratégie de l'équipe de France de biathlon était de rentrer à la maison, explique-t-il. Je fais toujours très attention pour ne pas être positif. Les restrictions étaient limites plus dures avant qu'ici, sur place." Des mesures préventives, donc, car le risque était trop grand. Un athlète positif n’aurait pas pu participer aux JO, de quoi bouleverser des carrières.

Arrivé sans encombre en Chine le 1er février, Cyril Burdet est certes soulagé mais reste toutefois prudent. "Aujourd’hui, ce qui est un soulagement, c’est que l’équipe soit au complet. Mais l'expérience montre aussi que tant qu’on n’a pas fait cinq ou six jours en vase clos, il est toujours possible d'avoir une mauvaise surprise." Avant d’ajouter : "L'autre soulagement est que l'on peut de nouveau réellement se concentrer sur le sportif, et moins sur l'aspect sanitaire, qui est difficile à maîtriser."

"On compte un peu les jours"

Une sérénité également partagée par Olivier Michaud, qui a confié avoir ressenti "une première décompression en arrivant à Zhangjiakou". "C’est une belle réussite d’être arrivé jusqu’ici avec tous les tests qu’il fallait faire avant le départ, confie le skieur alpin Matthieu Bailet. On est déjà contents d’avoir passé cette étape. En plus ici, les mesures sont draconiennes, avec des tests tous les jours notamment, donc pour avoir un problème…."

Peu à peu, l’angoisse de l’arrivée se dissipe, même si le Covid reste toujours dans un coin de la tête. "Ce qui est plus pesant, c’est la peur d’attraper le Covid même ici, parce qu’on voit des gens arriver sur le village en étant positifs, être isolés, constate Perrine Laffont. On compte un peu les jours jusqu’à notre départ, et on se dit : "il reste plus que tant de jours à rester négatif'." 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.