JO de Paris 2024 : chercheuse d'or mais médaillée de bronze, comment Clarisse Agbégnénou a échoué à conserver son titre

La Française de 31 ans a été battue, mardi, par la future championne olympique Andreja Leski en demi-finale, avant de se reprendre et terminer sur le podium.
Article rédigé par Emmanuel Rupied - à l'Arena Champ-de-Mars
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Clarisse Agbégnénou vient de se faire battre par la Slovène Andreja Leski, lors de la demi-finale des Jeux olympiques de Paris, le 30 juillet 2024. (JACK GUEZ / AFP)

Il ne reste que trente secondes de combat quand l'improbable se produit sur le tatami central de l'Arena Champ-de-Mars, mardi 30 juillet. Balayée par la Slovène Andreja Leski, Clarisse Agbégnénou vient de chuter dans cette demi-finale olympique. Les secondes s'égrènent, le temps que l'arbitrage vidéo vérifie l'affront. Mais la sentence tombe : "waza-ari". La Française ne pourra pas retourner la situation.

Si la judokate de 31 ans se reprend, quelques minutes plus tard, pour aller chercher le bronze, la championne olympique en titre accuse le coup. "J'étais anéantie. Il y a beaucoup d'énervement surtout quand je vois la Slovène qui gagne, ça fait mal, parce que j'étais au-dessus", expliquera-t-elle après la rencontre. Chercheuse d'or, Clarisse Agbégnénou a manqué son rendez-vous pour marquer un peu plus l'histoire de son sport.

Clarisse n'est plus en mission

Quelques jours plus tôt, au club France, le discours est différent, le regard aussi. Les épaules "plus légères" qu'à Tokyo, de son propre aveu, Clarisse Agbégnénou n'est pas dans le même état d'esprit avant de débuter les Jeux olympiques à Paris, chez elle. Sa médaille d'or aux Jeux, elle est déjà allée la chercher au Japon, trois ans plus tôt. Ses six titres de championne du monde auxquels il faut ajouter cinq couronnes au niveau continental, sont autant de lignes au palmarès que de raisons d'afficher cette sérénité.

Libérée, la Française de 31 ans annonce la couleur et ses ambitions sont encore élevées. "Je me sens forte, mon mental est d'acier, donc je dis bon courage [aux adversaires]". Elle veut l'or et rien d'autre. Depuis sa victoire olympique, la Française n'est cependant plus aussi dominante qu'avant. Absente durant près d'un an pour donner la vie à une petite Athéna, la Française a remporté le Mondial en 2023 mais a dû se contenter du bronze un an plus tard, quelques mois après avoir terminé sur la même marche du podium au Master mondial de Budapest.

La Française Clarisse Agbégnénou a remporté la médaille de bronze aux Jeux olympiques de Paris 2024, dans la catégorie des -63 kg, au Grand Palais éphémère, le 30 juillet 2024. (JACK GUEZ / AFP)

Un constat partagé par son ancien coach, Larbi Benboudaoud, en analysant ses combats à Abou Dabi lors des championnats du monde. "De l'extérieur, je trouve qu'elle n'a plus le même impact physique." Clarisse le sait et l'a souvent répété, c'est une "athlète complètement différente" depuis sa grossesse. Alors elle a fait sa mue, travaillant notamment sur ses techniques au sol pour pouvoir faire face à cette nouvelle génération émergente qui s'est fait les dents pendant son absence.

Une nouvelle génération a émergé

Laura Fazliu (23 ans), médaillée de bronze à Paris, et la Slovène Andreja Leski (27 ans), en or, en sont les principales représentantes. "La nouvelle génération pousse fort et elle n'est plus la Clarisse qui domine, maintenant c'est plus compliqué pour elle", explique Emilie Andéol, championne olympique en 2016 à Rio et consultante pour France Télévisions.

Si la Française a dominé la première, Leski a été la combattante de trop, malgré ses cinq victoires par le passé contre la Slovène pour aucune défaite. Une "erreur tactique", comme le reconnaît la native de Rennes en zone mixte après la rencontre.

Ce sont des jeunes qui ont envie de détrôner les plus anciennes. Elles en veulent et donnent tout ce qui me permet à moi de ne pas me reposer sur mes lauriers.

Clarisse Agbégnénou, médaillée de bronze aux JO de Paris

à franceinfo: sport

La donne a changé et Clarisse Agbégnénou ne peut plus se permettre d'erreurs maintenant que le niveau s'est uniformisé dans cette catégorie des -63 kg. Cependant, l'essentiel pour la judokate de 31 ans est ailleurs désormais. "Après une grossesse, une maternité, c'est un exploit, c'est fou. Je peux être fière de moi et du chemin parcouru. Je vais mettre la médaille autour du cou de ma fille et je vais faire plein de photos."

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