: Reportage "Eh bien maintenant il y a 2028 !" : comment les athlètes malheureux de Paris 2024 se remettent en selle pour les prochains Jeux olympiques
Ils sont passés à côté des Jeux olympiques ou paralympiques de Paris 2024. Des athlètes qui ne se sont pas qualifiés pour les Jeux, ou n'ont pas été sélectionnés, vivent depuis un moment particulier. Passé la déception de ne pas en être, il a fallu vite se remobiliser pour la prochaine échéance : Los Angeles 2028. À l'Insep, le centre d'entraînement d'élite du sport français, les prochains Jeux olympiques qui se dérouleront aux Etats-Unis sont devenus le nouvel objectif ultime.
"L'objectif de toute une vie"
Depuis septembre, pour l'aider à se situer sur le sautoir de la halle Maigrot, Tifanny Logette a un nouveau clappeur. Nouvel entraîneur aussi pour la para-athlète de 30 ans, malvoyante et qui a changé beaucoup de choses dans son quotidien de sportive de haut niveau. Il y a quelques semaines encore, la spécialiste du 100m et saut en longueur n'aurait pas accepté de parler de l'échec Paris 2024. "C'est un peu l'objectif de toute une vie. Le fait de ne pas y arriver c'est extrêmement compliqué à vivre, à avaler et mentalement ce n'est pas simple. J'ai eu la chance d'avoir un ami qui m'a dit 'tu ne vas pas aux Jeux, tu viens avec moi en vacances'".
Mais tout de suite, Los Angeles 2028 est devenu une évidence pour la Lorraine qui n'a jamais participé aux Jeux Paralympiques.
"J'ai eu le coup de fil me disant que je n'y allais pas vers 16h. Vers 18h je me suis dit 'eh bien maintenant il y a 2028'. C'était quasiment instantané."
Tifanny Logetteà franceinfo
Los Angeles, une ville qui inspire déjà l'archer de 21 ans Nicolas Bernardi. "C'est les States : rap, plage, un endroit qui me plaît bien", confie-t-il. Le Niçois a 2028 dans le viseur depuis le début de sa carrière de haut niveau, mais Nicolas Bernardi a aussi pu toucher du bout des doigts Paris 2024 puisqu'il était remplaçant cet été de l'équipe de tir à l'arc qui a obtenu la médaille d'argent aux Invalides.
"C'était fou d'être dans les gradins et de pouvoir assister à ça. Des gens m'ont demandé si je n'étais pas déçu. Mais déjà c'était une médaille française donc je ne pouvais pas être déçu et ce sont les collègues qui l'ont eu donc j'ai versé ma petite larme car j'ai vu les sacrifices qu'ils ont faits en amont", se souvient-il. De quoi prendre de l'expérience et cela compte au moment de se lancer corps et âme dans cette nouvelle olympiade. "À l’heure actuelle je fais du gros volume et mon corps commence à avoir des petites douleurs à droite à gauche. En ayant vécu ça les années précédentes je sais maintenant comment préparer tout ça et je sais ce qu'une préparation olympique demande au niveau mental."
Ne pas perdre de temps
Dans cette équipe de France de tir à l'arc, Victoria Sebastian 20 ans, a sensiblement le même parcours. Elle aussi était remplaçante à Paris. La championne de France en titre rêve de la Californie dans quatre ans et cela a beau paraître loin, l'Héraultaise répète déjà les gestes, parce qu'il n'y a pas une minute à perdre.
"C'est une continuité le tir à l'arc, on travaille tout le temps pour être relâché, pour perfectionner son tir. On commence tôt parce qu'il y a énormément de choses à faire."
Victoria Sebastianà franceinfo
Avant de terminer leur trajectoire dans la cible, les flèches des archers sont propulsées à environ 250 km/h, presque deux fois moins rapide que les smashs qui sortent de la raquette de badminton d'Alex Lanier. À 19 ans et seulement deux semaines après les Jeux de Paris auxquels il ne s'est pas qualifié, le Normand est devenu le plus jeune vainqueur d'un tournoi Super 750, au Japon, l'équivalent du master 1000 au tennis. Un succès qui lui a apporté une énorme visibilité. "J'étais quand même agréablement surpris de voir que même les médias en parlaient alors que c'était du badminton et je me dis que si j'arrive à performer constamment comme ça, il y aura de plus de lumière sur le badminton", explique le sportif.
Devenu numéro un français cet été et présenté comme un prodige du badminton, Alex Lanier rêve déjà d'une trajectoire similaire à celle du pongiste Félix Lebrun pour populariser encore davantage son sport dans l'hexagone. "On n'a pas de champion du monde, pas de champion olympique, tout le monde connaît, tout le monde aime, mais il nous manque un peu l'étendard pour vraiment s'identifier, comme tu t'identifierais à un Félix Lebrun." Pour préparer Los Angeles en 2028 où il veut faire rayonner le badminton français, Alex Lanier vise une performance à Paris au mois d'août prochain lors des championnats du Monde.
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