JO de Los Angeles : organiser des Jeux "sans voiture" en 2028 sera "très difficile", selon un expert des transports

La maire de Los Angeles a annoncé que les Jeux olympiques de 2028 seront des Jeux "sans voiture". Mais comment une ville aussi peuplée et dépendante de la voiture pourra-t-elle s'en passer ?
Article rédigé par Claire Guédon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
La ville de Los Angeles est connue pour être très embouteillée. (FREDERIC J. BROWN / AFP)

Les JO de Los Angeles, en 2028, seront "les Jeux sans voiture", a affirmé la maire de la ville, Karen Bass, samedi 10 août. Une promesse ambitieuse, à quatre ans de l'échéance, mais qui permettrait de lutter contre les embouteillages notoires de la ville californienne. L'enjeu est donc de taille, dans une ville de 3,8 millions d'habitants, plus de 18 millions dans l'agglomération. S'y ajouteront également, lors des Jeux, un demi-milliard de visiteurs espérés.

Mais qui est déjà allé à Los Angeles le sait, il est très difficile de circuler sans voiture. Sauf que la maire l'assure : "ces Jeux impliqueront d'utiliser les transports publics pour se rendre sur les tous les sites". Alors la ville a lancé de grands chantiers, notamment la construction d'une ligne de train qui mènera enfin jusqu’à l’aéroport de Los Angeles, qui est en cours. Date programmée pour la fin des travaux : début 2026. Pour la ligne de métro reliant le centre-ville à l’université de UCLA, où logeront les athlètes, il faudra attendre 2027, si tout va bien.

Étendre le réseau de bus

Des projections "très très optimistes", selon James Moore, spécialiste des transports à l'université USC, à Los Angeles. "Le plan du Comité d'organisation, présenté en 2018, n'avait pas beaucoup de sens. Il était trop centré sur les rails", explique-t-il. Sauf que les financements prévus n'étaient pas à la hauteur, selon lui. Entre-temps, Karen Bass est venue à Paris pour les JO. "Elle a réalisé tout ce qui avait été accompli là-bas, et tout ce qu'il nous restait à faire, assure James Moore. C'est après qu'elle a dit qu'il faudra passer par le bus."

En effet, la ville a depuis annoncé qu'elle allait compter sur le réseau de bus, qu'il va falloir renforcer au maximum. Pour cela, plus de 3 000 bus seront empruntés à d'autres États américains. Une bonne idée, pour le spécialiste des transports. "Nous avons beaucoup de place sur la route, mais qui n'est pas assez bien gérée", déplore James Moore, alors qu'il y a énormément de déplacements à Los Angeles.

Convaincre les habitants

Sauf qu'il ne suffit pas de construire et de multiplier les lignes, encore faut-il inciter les habitants et visiteurs à utiliser ces transports en commun. Pas facile, selon James Moore, dans une ville où la culture de la voiture est très ancrée.

"Très honnêtement, je ne pense pas que ça fonctionnera, il faudra probablement qu'ils changent leurs plans."

James Moore, spécialiste des transports

à fanceinfo

"Si vous organisez des Jeux olympiques, mais qu'il n'y a pas de place pour se garer et que vous n'autorisez personne à se déplacer en voiture, ça pourrait fonctionner, mais il y aura beaucoup de mécontentement et d'incompréhension de la part des habitants", selon le spécialiste, qui rappelle que les sites olympiques retenus ont de grands parkings. "Il faudrait rendre ces parkings inaccessibles. Mais que se passe-t-il si des gens viennent quand même avec leur voiture ? Tout cela me semble très difficile à mettre en place", observe James Moore.

Préparer les visiteurs

Mais l'universitaire, tout comme la maire de Los Angeles, comptent sur le même phénomène qui a eu lieu lors des Jeux précédents, en 1984. Cet été-là, beaucoup d'habitants avaient quitté la ville. En 2028, "ils s'arrangeront probablement à nouveau pour rester loin des Jeux" et organiser leur quotidien différemment, en profitant du télétravail par exemple, explique le spécialiste.

Tous les espoirs sont donc permis, d'autant plus que les visiteurs, eux, ne seront pas forcément réticents à utiliser les transports en commun. "Ils seront au courant, avant de venir, qu'il faudra se déplacer sans voiture et organiseront leur voyage en fonction de ça."

Dans tous les cas, cette stratégie ne pourra qu'être bénéfique pour le système de transport californien, "négligé pendant trop longtemps", estime James Moore.

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