"LeBron James est sur la réserve, Anthony Davis est très drôle" : on a rencontré les barbiers des stars de la NBA aux JO de Paris

Quand elles ne disputent pas leur tournoi olympique, les stars de la ligue nord-américaine de basket tuent le temps comme elles peuvent. Et n'hésitent pas à rester des heures entre les mains expertes de barbiers franciliens.
Article rédigé par Benoît Jourdain
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Oliver et David, deux barbiers franciliens, prennent la pose avec la star de Team USA, LeBron James durant les JO de Paris, le 30 juillet 2024. (DAVID REPU)

A quoi pense LeBron James en se faisant raser ? Oliver et David n'ont pas la réponse, mais peuvent se vanter d'avoir été au plus proche du porte-drapeau américain. Quand les stars NBA du basket ne disputent pas une demi-finale du tournoi olympique, comme c'est le cas jeudi 8 août contre la Serbie de Nikola Jokic, qu'elles ne s'entraînent pas, n'effectuent pas d'allers-retours en train entre Lille et Paris, ou ne sont pas traquées par des fans du monde entier, les membres de Team USA passent une bonne partie de leur temps dans leur hôtel parisien. Impossible pour le public d'y pénétrer, les Américains ayant privatisé les lieux. Olivier et David y sont pourtant parvenus. Le secret de ces deux Franciliens ? Prendre soin de la barbe de LeBron James et d'Anthony Davis lors de leur séjour parisien.

David a réussi à approcher ces vedettes planétaires par l'intermédiaire d'un de ses amis, chargé de la logistique et des déplacements du porte-drapeau américain lors de son séjour dans l'Hexagone. "Il m'a dit qu'il cherchait des barbiers pour la durée des JO", explique David. Cet énorme fan de NBA, qui a déjà assisté à des All-Star Games aux Etats-Unis, confesse que malgré la volonté de rester professionnel en toutes circonstances et sa préférence pour une autre star de Team USA, Stephen Curry, il y a "un effet 'wahou'" à coiffer le leader des Los Angeles Lakers, "le Michael Jordan de notre époque". Pour l'aider, il a fait appel à son ami Oliver, 24 ans. "David m'a ouvert beaucoup de portes, assure ce dernier. Donc quand il m'appelle pour un service, même hors coiffure, je suis le premier à dire oui. Et comme il a un grand cœur, il me rend la pareille dès qu'il peut."

Trois quarts d'heure pour un dégradé

Quelques jours avant les Jeux olympiques, David contacte Oliver pour lui proposer de raser des membres de Team USA. "Il m'a fait la surprise en me cachant l'identité des joueurs dont j'allais m'occuper", sourit Oliver. Rendez-vous donc à 10 heures du matin devant l'hôtel parisien des joueurs. Mais avant d'arriver jusqu'aux stars, il faut passer la sécurité. "On a été fouillés, on a passé des portiques, ils ont scruté notre matériel… Il y a un tas d'étapes avant d'arriver dans le salon pour coiffer LeBron James", retrace le barbier.

Quand il débarque dans le salon aux murs recouverts de pochettes de vinyles de rap américain et français, il découvre un fauteuil de barbier, installé spécialement pour l'occasion.

"Je ne suis pas un grand fan de basket, mais j'ai tout de même de l'admiration pour leur parcours et leur statut."

Oliver, barbier

à franceinfo

Oliver et David se sont rendus à deux reprises dans l'hôtel situé près de l'Opéra Garnier, dans le cœur de la capitale. Lors du premier rendez-vous, Oliver s'est occupé d'Anthony Davis, coéquipier de LeBron James aux Lakers et autre immense star de la NBA : "Je n'ai pas un très bon anglais, mais il m'a mis très à l'aise. Nous sommes restés quatre ou cinq heures là-bas." Quelques jours après, David le rappelle pour lui proposer cette fois de s'occuper du meilleur marqueur de l'histoire du plus prestigieux championnat de basket du monde.

Outre les deux stars, Oliver s'est occupé de membres de l'encadrement de l'équipe américaine. Chaque prestation a duré environ 45 minutes. "Je me suis occupé des dégradés de LeBron James et Anthony Davis : je rase au niveau des oreilles, et plus tu montes sur le crâne, plus tu laisses des cheveux. Plus le fondu est bien fait, plus on te rappelle", détaille-t-il. Les demandes sont assez simples et pas aussi farfelues que celle d'un Paul Pogba, grand amateur de coiffures excentriques.

"Un vrai moment de détente"

Mais de quoi discute-t-on avec des champions internationaux de cette dimension ? De basket et des Jeux olympiques évidemment, mais pas seulement. "Anthony Davis est très drôle et LeBron James est plus sur la réserve", raconte David. Oliver se souvient de discussions sur ses rappeurs américains préférés. "Il aime les rappeurs qui ont une belle plume, comme Jay-Z, J. Cole ou Kendrick Lamar. Moi, je lui ai dit que je préférais Gunna, Lil Baby ou Quavo, rembobine Oliver. On a commencé à plaisanter là-dessus." Le barbier en a profité pour lui faire découvrir le rappeur français Tiakola : "C'était un vrai moment de détente, comme dans un vrai salon de barbier."

Du haut de ses sept années d'expérience, Olivier est habitué à raser des artistes américains et francophones, ou des footballeurs et basketteurs internationaux. Il a cette fois découvert le monde de la NBA. "J'ai été marqué par leur professionnalisme, ils sont là pour les JO, donc ils doivent rester sérieux, mais ils étaient à l'heure, très cordiaux et respectueux", relate le Francilien.

"J'ai été agréablement surpris, ce n'était pas juste 'rase-moi et tais-toi'."

Oliver, barbier

à franceinfo

Bien rémunéré pour ses prestations, "à la hauteur de [son] travail", Olivier sait avoir réussi sa mission. Il ignore, en revanche, s'il va être de nouveau sollicité. Le jeune homme a conscience du privilège d'avoir vécu un tête-à-tête avec l'une des plus grandes stars de la planète. Mais il veut garder la tête froide : "Je suis fier quand j'en parle à mes proches, mais je n'aimerais pas qu'on me limite aux coiffures de stars. Voilà pourquoi je suis dans la retenue : j'aimerais surtout qu'on reconnaisse mon travail." Et quand on lui demande de quelle tête il rêverait de s'occuper, il n'a pas forcément un nom à donner. "Je suis plus fier de m'occuper de mon père que de Drake, conclut-il. Il ne voulait pas au début, car il avait déjà son coiffeur depuis des années. Mais avec le temps, j'ai réussi à le convaincre."

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