Reportage "C'est l'occasion ou jamais de les voir" : on a rencontré des fans de basket qui traquent les stars de la NBA aux JO de Paris

Article rédigé par Benoît Jourdain
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7 min
Le joueur américain Kevin Durant rentre dans son hôtel à Paris devant les fans qui attendent et le prennent en photo, le 2 août 2024. (FRANCEINFO / BENOIT JOURDAIN)
Leur présence attire les foules et les regards. Dans l'espoir d'apercevoir les basketteurs américains, certains n'hésitent pas à patienter des heures devant l'hôtel où les joueurs de Team USA résident ou devant la salle dans laquelle ils s'entraînent.

Il est arrivé un peu après 9 heures devant cet hôtel 4 étoiles, situé à quelques encablures de l'Opéra Garnier. Sami n'a pas hésité à prendre un train à 8 heures, depuis l'Oise, vendredi 2 août, et marcher une trentaine de minutes depuis la gare de Nord pour se positionner devant cet établissement cossu. Armé d'un stylo, d'une chaussure et de son smartphone, il rêve de croiser Kevin Durant, qui y loge, avec toute l'armada de l'équipe américaine de basket. Après des allers-retours entre Lille et Paris lors d'une phase de poule maîtrisée, avec notamment une victoire convaincante contre la Serbie, les choses sérieuses commencent pour les stars de Team USA, qui affronte le Brésil en quarts de finale mardi 6 août.

LeBron James, le meilleur marqueur de l'histoire de la ligue nord-américaine, Stephen Curry, la star des Golden State Warriors, ou encore Jayson Tatum, récent champion NBA avec les Boston Celtics, figurent parmi les plus grands noms de ces Jeux olympiques de Paris 2024. Et sont des proies de choix pour les chasseurs d'autographes et de selfies du monde entier. Les superstars de la NBA continuent de faire rêver, trente-deux ans après la folie qui s'était emparée de Barcelone avec la présence de la Dream Team de Michael Jordan, Magic Johnson ou Larry Bird. Pour trouver leurs joueurs favoris dans la capitale, les fans n'hésitent pas à éplucher les réseaux sociaux, repaire d'informations pour ces pisteurs des moindres déplacements de Team USA.

Faire le pied de grue pour le Graal

Sami est l'un d'eux. Motivé par ses amis, venus jeudi et repartis avec une photo et un autographe de Stephen Curry, l'adolescent de 16 ans a été matinal, mais est un peu surpris d'être seul. Il a obtenu le lieu de résidences des joueurs grâce à un compte X de fans de LeBron James. Quelques minutes après, Djilan, 14 ans, arrive du Val-d'Oise. Lui était là la veille, pendant quatre heures. "J'ai repéré le nom de l'hôtel sur une vidéo TikTok où on voyait les deux dernières lettres, je les ai tapées sur Google et j'ai vu que cet hôtel correspondait aux images", retrace le jeune Sherlock Holmes.

"Je ne vais pas assister à des matchs des Jeux. Etre ici, c'est l'occasion ou jamais pour les voir."

Sami, fan de basket

à franceinfo

Les énormes cars noirs et les vans qui stationnent devant l'hôtel laissent peu de place au doute. L'établissement a été privatisé par les quatre équipes de basket masculine et féminine américaines, car celles du 3x3 y logent aussi. Impossible donc de rentrer pour prendre un café et tenter d'apercevoir les stars. Mais les deux garçons sont bien décidés à faire le pied de grue, et même à revenir les autres jours, pour obtenir leur Graal.

Le destin va les gâter. Kevin Durant puis LeBron James descendent d'un van pour pénétrer dans l'hôtel. Si la star des Lakers ne s'arrête pas, Kevin Durant, lui, prend le temps de signer la chaussure de Sami. Et de prendre la pose. "Purée, je ne m'attendais pas à le voir. D'habitude, tu les vois à la télévision. Là, tu le vois en vrai", souffle Djilan, impressionné. Son compère, lui, arbore un large sourire : "J'ai hésité à prendre la chaussure, je l'ai mise dans mon sac cette nuit, j'ai bien fait." Lui qui joue en club dans son département n'a pas hésité à utiliser sa seule paire, un modèle conçu par Nike pour Kevin Durant justement.

Sami, supporter venu voir les joueurs NBA, a obtenu la signature de Kevin Durant sur sa chaussure à Paris, le 2 août 2024. (FRANCEINFO / BENOIT JOURDAIN)

"Je ne sais pas si je la remettrai", assure-t-il. Et quel meilleur support pour un autographe qu'une basket, objet culte chez tous les fans de la balle orange. Les deux se félicitent d'être venus si tôt. Un peu plus tard, la foule aurait rendu leur quête d'une photo beaucoup plus ardue. La suite va leur donner raison.

Une sortie par la petite porte

Aux alentours de 10 heures, l'entrée de l'hôtel commence à s'animer. Les membres de la sécurité sont plus visibles, le ballet des vans se prépare et attire les curieux. Nassim et Chloé, qui sortent d'une visite du Musée Grévin, s'arrêtent. "J'ai vu une personne portant un tee-shirt de Team USA, assure ce fan de LeBron James. J'ai pensé qu'ils étaient là." Les minutes défilent et l'assistance grossit.

Hugo, 22 ans, vient d'arriver. Maillot de la star des Lakers sur le dos, celui qui est venu de Clermont-Ferrand pour les JO sait que c'est l'une des dernières chances de voir son idole, qui approche de la quarantaine. Il était à Lille pour voir une rencontre des Etats-Unis et avait poussé jusqu'à l'hôtel des joueurs, où la foule était bien plus impressionnante que dans la capitale. 

Des supporters prennent des photos au moment de la sortie de l'hôtel des stars de la NBA, à Paris, le 2 août 2024. (FRANCEINFO / BENOIT JOURDAIN)

Une trentaine de personnes attend désormais devant l'établissement, lorsque la sécurité fait place nette devant la porte principale et celle annexe. Il faut choisir son côté. Pour cette petite loterie, on écoute ceux qui ont déjà vécu la scène : "Ils sortent par la petite porte." Et peu avant 11 heures, la patience est récompensée, les stars apparaissent.

Ça crie fort, mais les joueurs ne s'arrêtent pas, pressés de monter dans les véhicules, direction Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) pour l'entraînement matinal au palais des sports Marcel-Cerdan. Sami, Djilan et Hugo les ont vus, mais ils en veulent plus. "Il faut 30 minutes en métro pour arriver là-bas", assure le premier, qui a repéré le trajet. Ils craignent de manquer l'arrivée à la salle, mais Djilan veut mettre toutes les chances de son côté pour être au rendez-vous : "Dès que les portes du métro s'ouvrent, je cavale." Manque de chance ce jour-là, les stars de la NBA les ont devancés.

La sécurité ne rigole pas

Dans la salle, les joueurs enchaînent les paniers et s'amusent. Stephen Curry, Anthony Edwards, coéquipier de Rudy Gobert aux Minnesota Timberwolves, et Tyrese Haliburton, le phénomène des Indiana Pacers, entament un concours de tirs du milieu de terrain. LeBron James, lui, alterne entre discussion avec le staff et rire avec ses coéquipiers. L'entraîneur Steve Kerr, Kevin Durant ou encore Devin Booker répondent à quelques questions de la presse.

A l'extérieur, Sami et Djilan tentent de trouver des solutions pour pénétrer dans l'enceinte. Mais leur talent de négociateur ne paie pas. Nicolas, lui, se mêle aux journalistes. Il n'a pas d'accréditation presse, mais porte la tenue de sapeur-pompier. Avec son appareil photo, il mitraille : "Je suis très, très fan, ne m'en voulez pas, mais je vais en profiter." Un peu plus tard, impossible ensuite de retrouver sa trace. "Il s'est fait mettre dehors parce qu'il n'avait rien à faire là", avance un membre du service de sécurité.

Quand on a que l'humour

La salle qui a connu la "Wembamania" la saison précédente est devenue un repaire pour les fans, notamment pour Sacha et Jonas, deux jumeaux, qui ont acquis une petite notoriété dans le quartier. "On vient tous les jours, affirme le premier. Au début, LeBron James ne nous disait pas bonjour. Désormais, il nous appelle 'My Twins'."

Devant la salle dès 10 heures, il discute avec la sécurité pour obtenir des informations et sort son maillot de l'équipe américaine qui compte déjà quelques signatures, dont celle du pivot naturalisé Joël Embiid et de l'entraîneur Steve Kerr. Il espère surtout celle de Jayson Tatum, son joueur favori.

Sacha est quotidiennement devant le palais des sports Marcel-Cerdan, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), pour apercevoir les stars de la NBA. (FRANCEINFO / BENOIT JOURDAIN)

Le garçon sert de vigie au moment de la sortie des joueurs, environ deux heures après leur arrivée dans la salle. Il crie les noms de ceux qui sortent, espérant les attirer à lui.

"C'est incroyable de les voir, je n'ai presque plus de voix à force de crier."

Sacha, fan de basket

à franceinfo

"Je vais être là tous les jours, promet-il. Le coordinateur de Team USA nous a promis un cadeau à mon frère et moi." La signature de Jayson Tatum ? "Je ne sais pas, mais celle-là, je l'aurais."

Stan, un Américain qui vit à Neuilly, mise de son côté sur l'humour pour attirer un regard. "Je suis un grand fan des New York Knicks, je vais leur dire de signer là-bas", plaisante-t-il. S'il n'a pas obtenu la signature de LeBron James dans son équipe fétiche, il a obtenu un "For Sure" à sa demande de la part du porte-drapeau américain. De quoi lui mettre quelques étoiles dans les yeux.

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