Paris 2024 : ces athlètes qui concilient grandes études et préparation pour les Jeux olympiques
Des Jeux olympiques, en France qui plus est. L'objectif d'une vie pour nombre d'athlètes, qui s'ajoute pour certains à la construction d'un avenir professionnel, avec la poursuite d'études particulièrement exigeantes. Avec un emploi du temps aussi chargé, leur préparation pour Paris 2024 demande une adaptation de tous les instants.
Cinq jeunes sportifs, qui ont les JO dans le viseur à 200 jours de la cérémonie d'ouverture ce lundi 8 janvier, racontent la gestion de leur quotidien à franceinfo: sport. Certains sont d'ailleurs déjà qualifiés, comme Gabriel Bordier (20 km marche), étudiant en médecine, et Ugo Didier (nageur handisport), étudiant ingénieur. Les autres espèrent les imiter, comme les volleyeurs Théo Faure et Clémence Vieira (beach-volley), tous les deux étudiants ingénieurs à l'Insa Toulouse, et la championne de France du 800 mètres Léna Kandissounon, en master de communication à Sciences Po Paris.
Abandonner l'idée de perfection
Ces jeunes adultes, âgés de 22 à 26 ans, répartissent d'ordinaire leur temps entre cours, entraînements et révisions. "Comme c'est une année pré-olympique, le focus est plus sur le sportif", admet Clémence Vieira. Vice-champion paralympique à Tokyo en 2021, Ugo Didier concède, lui, avoir choisi "moins de cours que les années précédentes" pour libérer plus de temps à sa préparation sportive.
Pour tous, leur cursus s'adapte à leurs besoins d'athlètes. Joueur de volley en Italie, Théo Faure suit des cours à distance. Gabriel Bordier espace ses stages en médecine et a "six mois de disponibilité pour les Jeux". Clémence Vieira, elle, bénéficie d'un tutorat particulier avec certains professeurs. Également dans un cursus adapté, à Sciences Po, qui lui "a sauvé la vie" en termes d'organisation, Léna Kandissounon rappelle tout de même qu'elle a "droit au même nombre d'absences" que ses camarades et qu'elle doit faire attention à ne pas être considérée comme "défaillante".
L'adaptabilité du rythme scolaire rend compatible le respect des exigences sportives. Toutefois, le défi olympique reste de taille. En première ligne, "la pression et l'attente des gens parce que ce sont les JO, mais surtout parce que c'est en France", d'après Gabriel Bordier, qui a la chance d'être déjà qualifié. "C’est un peu compliqué [...] de se préparer pour les JO sans même savoir si on va pouvoir y participer", reconnaît Théo Faure, qui espère être sélectionné dans l'équipe de volley.
Si beaucoup de ces athlètes vont ralentir le rythme scolaire à l'approche des Jeux, valider leur ticket olympique implique d'avoir performé tout au long de l'année. "Je ne saurai qu'en juin si je suis qualifiée pour les JO, après les championnats de France," détaille Léna Kandissounon. "Tout se fait au dernier moment," confirme Clémence Vieira, qui doit enchaîner des tournois de beach-volley afin de progresser au ranking mondial.
L'école comme point d'équilibre
Interne en rhumatologie au CHU d'Angers, Gabriel Bordier n'a "pas trop de temps" pour lui. "Mes jours de repos sont les demi-journées où je vais m’entraîner", raconte ce dernier. Pas de répit non plus pour Léna Kandissounon, qui s'entraîne à Rennes alors qu'elle étudie à Paris : "Je n'arrête pas. Je suis toujours avec ma valise. Si je ne m'entraîne pas, j'ai des oraux à préparer, des devoirs... Mon emploi du temps est millimétré. Je ne peux pas me permettre de décaler quelque chose, sinon ma journée est foutue".
Il faut aussi savoir faire le deuil de la perfection, tant au niveau sportif que scolaire. Au début de ses études en génie civil, Clémence Vieira voulait parvenir à "tout faire parfaitement". Pourtant elle a vite noté que "ça ne paie pas". La solution réside souvent dans la capacité à savoir lâcher du lest. "On se rend compte que si on veut faire les choses à 100%, on doit faire des choix", pointe Léna Kandissounon. Bien souvent ces athlètes font celui d'étaler leurs diplômes sur plusieurs années, quitte à prendre un peu de retard. La coureuse de demi-fond fait son master en quatre ans et confie moins approfondir ses cours, "une sorte de sacrifice à faire pour garder (son) équilibre".
L'équilibre. C'est le maître-mot. Ces cinq athlètes ne cessent d'en parler. Mais, contrairement à ce qu'on pourrait penser, faire des études peut être une aide leur permettant de ne pas s'enfermer dans la performance sportive. "De ne faire que de l'athlétisme, ça va être un challenge", annonce Léna Kandissounon. Sous-entendu, il faut quelque chose à côté pour compenser. Théo Faure est d'accord, poursuivre ses études "permet de s’évader de la pression de performance".
Une échappatoire salvatrice qui a aussi profité à Clémence Vieira lorsqu'elle s'est blessée en 2022 : "Je n'avais pas d'entraînement pendant trois mois, pas le même rythme, alors j’étais bien contente d’aller en cours". Pour Ugo Didier, "les études apportent beaucoup plus de positif que de négatif. Quand on compare le stress que va engendrer une compétition paralympique avec le stress d'un examen à l’Insa, on relativise beaucoup plus".
" Si je ne faisais pas d'études, je serais complètement folle. Je me prendrais trop la tête sur l'entraînement, ce ne serait pas bon pour la performance. "
Léna Kandissounonà franceinfo: sport
Parfois, les études permettent aussi de mieux appréhender des facettes moins visibles de la vie du sportif. Étudier la médecine depuis huit ans permet à Gabriel Bordier de "mieux anticiper et gérer les périodes de blessure". Même chose pour Léna Kandissounon, dont le master de communication lui a fait comprendre que "le sportif est une marque" et lui offre des clés face aux médias que n'importe quel autre athlète n'a pas forcément.
Comme tous leurs pairs, ces cinq sportifs doivent aussi trouver des sponsors. C'est d'ailleurs un enjeu majeur dans la préparation des Jeux. L'aide financière de marques partenaires est devenue une nécessité tant les coûts d'une saison olympique sont colossaux, et les rentrées d'argent, faibles. "C’est compliqué quand t’es étudiante", concède Clémence Vieira, pour qui "c'était la catastrophe" avant de trouver un agent. Léna Kandissounon nuance ce discours : "Il y a aussi l'effet 'waouh' d'être étudiante à Sciences Po. Le rapport à l'élitisme est assez prononcé dans le milieu sportif". Le fait d'être capable de mener deux carrières d'élite de front attire parfois les sponsors.
Yeux sur les Jeux mais tête froide, ces sportifs ont tous un point en commun. Ils savent que la réussite professionnelle est tout aussi importante, que ce soit pour continuer à être sportif de haut niveau ou pour l'après-carrière. "Tu ne seras pas sportive de haut niveau jusqu'à 60 ans", appuie comme une évidence Léna Kandissounon.
À regarder
-
"C'est un honneur incroyable..." On a rencontré Maxence, pro du parkour et l'un des personnages mystères de la cérémonie d'ouverture de Paris 2024
-
La cantatrice Axelle Saint-Cirel entonne la Marseillaise pour clore la parade des athlètes
-
Les joueurs de l'équipe de rugby à 7 dansent leur choré au pied de l'Arc de Triomphe
-
Teddy Riner est ovationné par la foule lors de la Parade des Champions
-
La "Parade des champions" est officiellement lancée depuis les Champs-Élysées
-
Paris 2024 : revivez les 4 cérémonies en 4 minutes
-
Qui est GЯEG qui a performé à la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques ?
-
Paris 2024 : Revivez les plus beaux moments de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Jean-Michel Jarre enflamme le Stade de France
-
Jeux paralympiques : les exploits et des sourires en or pour les athlètes français
-
Il est temps de dire au revoir à la flamme
-
Huit danseurs de breaking valides et handicapés font le show
-
Les porte-drapeaux français pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
"La Marseillaise" interprétée par le trompettiste André Feydy
-
Santa ouvre la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : historique, l'équipe de France de cécifoot championne paralympique
-
Prothèses, fauteuils roulants : comment s'équipent les athlètes pendant les Jeux paralympiques ?
-
Ces Jeunes archers du Nord découvrent le para tir à l'arc et ses champions
-
Paris 2024 : "Durant ces Jeux, on a montré que l'on pouvait faire rimer les notions de handicap et de performance..." Le bilan tout sourire de Marie-Amélie Le Fur, patronne du comité paralympique
-
Paris 2024 : il réconforte les athlètes, sensibilise les officiels au handicap... Marc ne fait pas que conduire en tant que chauffeur volontaire sur les Jeux
-
À 23 ans, il va mixer pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques !
-
La para-escalade fera son entrée aux Jeux de 2028 : une innovation française permet aux personnes en fauteuil de grimper comme tout le monde
-
Paris 2024 : Aurélie Aubert, chouchou du public et nouvelle star du sport para
-
Qui est Frédéric Villeroux, légende du cécifoot ?
-
Immersion avec des collégiens invités aux Jeux paralympiques
-
Paris 2024 : l'équipe de France de cécifoot est en finale paralympique
-
Paris 2024 : nouveau doublé français en para cyclisme
-
Qui est Axel Bourlon, champion de para haltérophilie ?
-
Paris 2024 : qui est Gabriel Dos Santos Araujo, star de la para natation ?
-
Paris 2024 : des tablettes et des casques VR pour les personnes malvoyantes
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.