Paris 2024 : matériaux bas carbone, panneaux solaires... Les innovations du village olympique pour répondre aux défis du dérèglement climatique

Inauguré jeudi par le président de la République Emmanuel Macron, le village olympique a été bâti avec la volonté d'être un exemple d'adaptation au changement climatique.
Article rédigé par franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
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La façade de deux bâtiments du futur village olympique de Paris 2024, qui sera inauguré jeudi 29 février 2024 par Emmanuel Macron. (MIGUEL MEDINA / AFP)

Afin de tenir sa promesse d'un "nouveau modèle d'organisation" des Jeux olympiques, prenant en compte notamment la réduction du bilan carbone des évènements sportifs, Paris 2024 a expérimenté de nouveaux matériaux, techniques et dispositifs pour faire du village olympique un exemple de construction durable."On peut répondre à quatre grands sujets, le carbone, comment on le diminue drastiquement, la question du dérèglement climatique, l'économie des matériaux, et la biodiversité", avance à l'AFP Nicolas Ferrand, directeur général exécutif de la Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques). 

Du bois et du béton "ultra bas carbone" ou de récupération

Pour le choix des matériaux, le choix a été fait "non pas en fonction des contraintes techniques, économiques ou architecturales", mais "en fonction de leur empreinte carbone", assure Julie Bosch, directrice de projet chez Vinci Immobilier. L'ossature des bâtiments, l'isolation, les façades et les planchers des habitations (200 000 m2 de planchers posés) sont majoritairement en bois (à 30% français). Les sols des bâtiments, qui seront reconvertis en bureaux, sont couverts de béton "ultra bas carbone" pour une économie de 5 000 tonnes équivalent CO2 par rapport à un projet équivalent en béton traditionnel d'après la Solideo, alors que celui utilisé pour les sols extérieurs provient de débris récupérés d'autres bâtiments.

Une partie de la chaussée intègre aussi des coquillages qui facilitent le passage de l'eau pluviale pour qu'elle soit stockée avant d'être restituée "en périodes chaudes, créant une transpiration des pavés et un rafraîchissement de l'espace public", selon la Solideo.

La climatisation bannie, une différence de 6°C avec l'extérieur promise

Une centrale géothermique, inaugurée en décembre dans le quartier Pleyel, à Saint-Denis (Seine Saint-Denis), fournira du chaud et du froid aux quartiers environnants, dont le village olympique, permettant de ne pas avoir besoin de climatisation, bannie du cahier des charges. Les délégations nationales pourront tout de même louer une "unité de refroidissement" auprès du Comité d'organisation. Alimenté par ce réseau de chaud et de froid, un système de planchers dit "réversibles", chauffants en hiver et rafraîchissants en été, a été installé dans les bâtiments d'habitation. Sur les toits, notamment de la future résidence étudiante, des panneaux solaires fourniront une partie de l'électricité du village des athlètes.

L'enveloppe et l'isolation des bâtiments ont aussi été pensées pour supporter plus de canicules, selon des hypothèses climatiques de Météo-France pour 2050. "S'il fait très chaud dehors ou très froid, il y a un temps d'inertie très important avant que ça contamine le logement", d'après Julie Bosch. Une différence de 6°C avec l'extérieur est promise.

Grâce à des bâtiments érigés en quinconces, des appartements traversants et bi-orientés, mais aussi des façades sud faites de matériaux réfléchissants ou peintes en blanc, la morphologie du quartier et des immeubles a également été imaginée pour favoriser une circulation de l'air et de la lumière.

L'eau de pluie récupérée, l'air filtré

Pour réduire la consommation en eau potable, "un système de régulation goutte à goutte" a été installé pour recueillir les eaux de pluie. Il permettra d'irriguer la végétation des toitures, mais aussi celle en contrebas. L'un des bâtiments (nommé "Cycle") a même été équipé d'un système de "filtration céramique" pour assainir les eaux grises et les réutiliser pour alimenter l'eau des toilettes, arroser les espaces verts ou nettoyer les véhicules.

Enfin, pour assainir l'air extérieur de ce quartier proche de la capitale, outre sept hectares d'espaces verts, des sortes de grandes soucoupes blanches surélevées, de quatre mètres de diamètre, ont été installées pour capter les particules fines. Un autre système, "Combin'Air", pourra aussi assainir l'air extérieur grâce à un filtre au charbon actif et à des algues.

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