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Témoignage Guerre en Ukraine : "Parfois, on entend tomber des bombes pas loin de la piscine", confient les sœurs Aleksiyiva qui s'entraînent tant bien que mal pour Paris 2024

A la piscine olympique de Kiev, en Ukraine, ces deux championnes, soeurs jumelles, s’entrainent en vue des Jeux olympiques de Paris, malgré la guerre. Elles racontent à franceinfo.
Article rédigé par Thibault Lefèvre - Eric Audra
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Les soeurs Aleksiiva, en Italie, le 13 août 2022. (FILIPPO MONTEFORTE / AFP)

Les sœurs Aleksiyiva ont d’abord quitté Karkhiv, leur ville d’origine, au tout début de la guerre : leur piscine d’entraînement venait alors d'être détruite. Rapidement, Vladyslava et Maryna sont parties quelques mois en Italie, et puis, quand la situation à Kiev s’est calmée, elles sont rentrées dans la capitale ukrainienne.

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Aujourd’hui, entre deux alertes à la bombe, les nageuses, médaillées de bronze en natation artistique, à Tokyo il y a trois ans, et triples championnes du monde, s’entraînent à piscine olympique de Kiev, 500 jours avant les Jeux olympiques de Paris. Tant bien que mal. "C’est très dur de penser à ça quand on entend les sirènes, explique Vladyslava, la cadette. Parfois, on entend tomber des bombes pas loin de la piscine. Alors on sort très vite du bassin et on arrête l’entraînement. Et puis c’est difficile de se concentrer quand tu entends des mauvaises nouvelles. Ce n’est pas juste par rapport aux autres sportifs."

"Le mois dernier, on s’est entraîné sans électricité ni eau chaude. On ne pouvait pas travailler notre programme avec de la musique. C’est très dur."

Vladyslava

à franceinfo

"C’est très dur de penser à ça, poursuit-elle. Parfois, on entend tomber des bombes pas loin. Alors on sort très vite du bassin. C’est très difficile." 

Les rapports avec les Russes se sont tendus

Ironie de l'histoire : en natation artistique, Russes et Ukrainiennes se partagent, avec les Chinoises, l’essentiel des podiums. C’est un petit milieu et les jeunes femmes se connaissent très bien. Bien qu'elles soient proches, après le déclenchement de la guerre, les échanges se sont tendus.

Aujourd’hui Maryna, l’aînée, n’imagine pas concourir contre une athlète russe. "Quand la guerre a commencé, des filles m’ont écrit des textos en me disant de ne pas m’inquiéter, que leur pays allait nous sauver, que leur président allait éradiquer le fascisme, s’indigne Maryna. C’est arrivé une dizaine fois, j’ai tout de suite pensé qu’elles étaient folles."

"Comment peut-on imaginer être à côté de gens qui soutiennent la guerre ? La Russie est un pays terroriste qui tue des gens, qui détruit beaucoup de vies. Comment imaginer que ce soit possible ?"

Maryna

à franceinfo

"Quand la guerre a commencé, des filles m’ont écrit en me disant de ne pas m’inquiéter et que leur pays allait nous sauver du fascisme. C’est fou !", s'agace-t-elle.

Et si le CIO approuve la participation des sportifs russes, sous bannière neutre, les deux sœurs l’assurent : elles boycotteront les Jeux de Paris, et abandonneront leur rêve olympique.

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