Témoignages "On aime le sport, mais à ce point, on ne pensait pas" : comment la ferveur des Jeux de Paris transforme ces Français en "Olympix"

Article rédigé par Audrey Abraham
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Les fans-zones installées dans la capitale font le plein, dessin d'illustration. (STEPHANIE BERLU / RADIOFRANCE)
La ferveur populaire envahit la France depuis l'ouverture des Jeux olympiques de Paris, au point de rendre certains (presque) accros au tableau des médailles.

Difficile de décrocher du téléviseur ? Même au travail ? Vous vous surprenez à suivre avec passion les épreuves de disciplines dont vous ignoriez l'existence il y a encore quelques jours ? Rassurez-vous, vous n'êtes pas seul. Après des semaines de critiques, d'inquiétudes, de doutes, de contestation, les Jeux olympiques semblent avoir conquis le cœur des Français, et même des plus réfractaires. Après les "footix" de 1998, voici les "olympix" de 2024.

Dans la fanzone du Club France, à Paris en plein cœur du parc de La Villette, nombreux sont les visiteurs qui n'avaient pas prévu de venir. C'est le cas de Mickaël, 40 ans. Le Parisien confie qu'il comptait même fuir la capitale pour la période. Pour lui, se retrouver au milieu de la foule, devant un grand écran qui diffuse une épreuve de tir à l'arc "est quelque chose d'inespéré. Je pense que la cérémonie d'ouverture a un peu déclenché quelque chose."

"À fond derrière tous les Français"

Idem pour Jérôme 35 ans, qui la semaine dernière était encore sur une plage du Sud-Ouest : "Je ne m'attendais absolument pas à venir ici." Ces derniers jours, il a découvert le BMX et s'est pris de passion. "J'ai acheté un BMX. J'ai 15 jours, je vais m'y mettre, plaisante-t-il. On découvre les sports de glisse grâce à cet évènement extraordinaire, c'est génial !"

François, 28 ans, se surprend à hurler devant les épreuves pour soutenir les athlètes français. "Je suis le sport mais pas tous les sports. Par exemple, le tir à l'arc habituellement je ne regarde pas du tout et là, on est en plein devant. Le ping-pong, on est au taquet avec les frères Lebrun. N'importe quel sport dans lequel un Français est engagé on s'y intéresse", résume-t-il. 

Et il emporte cette ferveur bien au-delà du Club France : "Même au boulot, on est sur double écran et sur le téléphone en même temps pour les sports qui ne sont pas diffusés." D'après François, le chauvinisme explique en grande partie cette effervescence : "On est à fond derrière tous les Français. On est dans l'émulation à Paris. On aime le sport, mais à ce point, on ne pensait pas !"

"On se laisse prendre au jeu"

Joëlle, une septuagénaire, a été entraînée au Club France par des amis. Le reste de l'année elle ne suit aucun sport, mais cet après-midi, elle reconnaît se "prendre au jeu." La médaille de bronze du judoka français Maxime-Gaël Ngayap Hambou l'a ainsi stupéfaite : "Tout à l'heure, je regardais le judo, je ne peux pas dire que j'étais passionnée, ce n’est pas vrai, mais j'étais très attirée." 

Sur la pelouse de la fan-zone, Ysée, 20 ans, est accompagnée d'une amie. Habituellement, elle s'intéresse "un peu au foot, mais c'est tout". Une discipline l'a particulièrement intéressée : "Le hockey sur gazon, je ne connaissais pas. Je connaissais le hockey sur glace, mais pas sur gazon. C'est une belle découverte. Voir un sport collectif qui change un peu des sports qu’on voit souvent, c'est très cool."

"Le fait que ça se passe à Paris, voir des lieux qu'on connaît qui sont transformés pour le sport, ça fait aussi plaisir."

Ysée, 20 ans

à franceinfo

Le cadre exceptionnel de ces Jeux de Paris participe, en effet, pour beaucoup à l'engouement collectif. "Ces Jeux se déroulent pour la première fois véritablement au cœur du centre-ville d'une agglomération. On l'a vu avec notamment le triathlon, l'émerveillement est total parce qu'on est dans des sites historiques incroyables", estime le sociologue et historien du sport Eric Monnin, interrogé par franceinfo.

"La France attend les Jeux depuis une centaine d'années"

Le vice-président de l'Université de Franche-Comté à l'olympisme, directeur du Centre d'études et de recherches olympiques universitaires (Cerou) et ambassadeur Paris 2024, voit une autre raison à la ferveur populaire : "La France attend les Jeux depuis une centaine d'années. Cela fait très longtemps que la France n'a pas organisé de grand événement universel, ce qu'on appelle des méga-événements. La Coupe du monde de football 1998 est le dernier organisé par le pays, constate Eric Monnin. Il faut se rendre compte que quand on organise les JO, cela équivaut à 42 championnats du monde organisés simultanément. C'est ça qui est incroyable."

Le sociologue rappelle également que l'essence même des JO est de valoriser des sports souvent mal connus du grand public. "Il y a du football, un sport majeur en France, et pourtant on n'en parle pas tellement. On va découvrir des sports complètement nouveaux qui vont mettre en avant des athlètes complètement inconnus, mais qui sont de grands athlètes et qui sont parfois oubliés", illustre-t-il. Mais d'après le sociologue, l'héritage sociétal de ces Jeux reste à évaluer, notamment les effets que cet engouement va produire sur les inscriptions dans les clubs à la rentrée prochaine. Pour convertir, pour de bon, les "olympix" en vrais sportifs.

Comment la ferveur des Jeux de Paris transforme ces Français en "Olympix" - Audrey Abraham

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