JO 2022 : comment Nathan Chen, nouveau champion olympique de patinage artistique, a survolé la concurrence

Il en rêvait, il l'a fait. L'Américain Nathan Chen, triple champion du monde en titre, a décroché, jeudi 10 février, le premier titre olympique de sa carrière, à 22 ans. Avec 332,60 points et un record du monde sur le programme court, le jeune prodige a dominé la compétition de bout en bout. Le consultant de France Télévisions, Philippe Candeloro, double médaillé de bronze aux JO de 1994 et 1998 et vice-champion du monde en 1994, analyse pour franceinfo: sport ce brillant sacre olympique.

Une constance parfaite

Depuis le début de la compétition à Pékin, le patineur américain Nathan Chen a brillé par sa constance lors des programmes court et libre. Avec 332,60 points, il a distancé la concurrence après avoir fini à la première place du programme court, mardi 8 février. Cette prestation, interprétée sur les notes de La Bohème de Charles Aznavour, lui a en prime permis d'établir un nouveau record du monde. "C'est rare de voir un champion olympique gagner le programme court et le programme libre", remarque Philippe Candeloro.

Une condition physique impressionnante

Cette domination est révélatrice de l'excellence physique atteinte par l'Américain de 22 ans. "Il a montré qu'il était vraiment prêt pour les JO, d'autant qu'il a aussi participé à la compétition par équipes. Rien ne l'a fatigué", salue Philippe Candeloro.

"C'est un bosseur. Il s'est beaucoup protégé du Covid-19 depuis son arrivée à Pékin, poursuit le consultant de France Télévisions. Il a fait tous ses entraînements avec le masque. Quand on est capable de réaliser, à l'entraînement, un programme libre en portant le masque, avec des quadruples, des triples sans la moindre fatigue alors qu'on est quasiment en apnée... Cela prouve qu'il était prêt."

Une domination technique imparable

En plus d'une condition physique impeccable, Nathan Chen révolutionne sa discipline par sa maîtrise des quadruples sauts, sa spécialité depuis plusieurs années. "Il réalise depuis quelques temps déjà des quadruples lutz et flip, qu'il a d'ailleurs réussis dans le programme aujourd'hui. Il effectue ce que les autres patineurs font, mais en mieux, avec de meilleurs enchaînements et avec plus de répétitions", explique Philippe Candeloro.

Jeudi, lors du programme libre, il a enchaîné cinq quadruples. "Il a été le seul à le faire et à le réussir. C'est le fruit d'une longue préparation, pas de six mois, mais de trois ans, selon moi", remarque-t-il. 

Un mental de champion 

En 2018, lors des Jeux de Pyeongchang, Nathan Chen participe à ses premiers Jeux olympiques et est attendu comme la nouvelle pépite du patinage américain. Mais la pression est trop forte. Il termine le programme court à la 17e place. Un classement qu'il ne parviendra pas à remonter dans le programme libre, malgré une bonne performance. Alors, à Pékin, son envie était plus forte que tout. "Il avait besoin de prendre sa revanche sur les derniers JO. Je pense que c'est cela qui a fait de lui un champion olympique aujourd'hui", estime Philippe Candeloro.

Et si la force mentale lui a manqué il y a quatre ans, aujourd'hui c'est tout le contraire. "Il était programmé pour devenir champion olympique, et il n'a pas flanché. Il passe en dernier sur le programme libre, et malgré les excellentes prestations des deux Japonais juste avant lui, Yuma Kagiyama et Shoma Uno, il a tenu la pression", analyse Philippe Candeloro. "Je le remercie pour le spectacle qu'il nous a offert, conclut l'ancien patineur. Aujourd'hui, il a surtout marqué les esprits en démontrant qu'il était un patineur fiable, qui ne subit pas la pression. Il va inspirer sa génération et les suivantes."