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JO 2022 : la touche Papadakis-Cizeron, une marque de fabrique qui vaut de l’or

Le couple français a remporté lundi son premier titre olympique, venant récompenser une alliance vieille de 17 ans. 

Article rédigé par Apolline Merle, franceinfo: sport - De notre envoyée spéciale à Pékin
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron lors de leur programme libre sur la patinoire du Capital indoor stadium, lundi 14 février. (WANG YUGUO / XINHUA / MAXPPP)

Ils ont cette alchimie unique. Quand Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron s’élancent sur la glace, ils ne forment qu’un. Et pour cause, les nouveaux champions olympiques de danse sur glace patinent côte-à-côte depuis 17 ans. "Ils ont toujours patiné ensemble. Ils n'ont pas besoin de se parler pour se comprendre, et cela fait toute la différence. D'ailleurs, je ne connais personne d'autres dans le milieu qui n'a pas changé de partenaire", remarque Annick Dumont, entraîneuse française de patinage artistique et consultante pour France Télévisions.

Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron brillent par leur symbiose unique sur le circuit mondial. Souvent, les deux athlètes sont comparés à des jumeaux sur la glace tant leur lien est profond. Malgré leur caractère différent, ils se rejoignent sur la vision qu’ils ont de la danse sur glace, du geste et de la pureté technique. "Ils s’apportent quelque chose l’un et l’autre, estime Annick Dumont. Quand on regarde les autres patineurs, on se dit 'wow lui est fantastique, ou elle est superbe'. Mais la force de Gabriella et Guillaume, ce sont eux. Ils sont sublimes ensemble."

Patinage artistique - Danse sur glace : le record du monde de Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron

Technique et goût du risque au menu

Sur la patinoire, ils se distinguent surtout par leur toucher de glace, leur technicité hors pair ainsi que leur vitesse d’exécution et d’enchaînement. Mais aussi, par leur originalité et leur goût du risque, leur touche personnelle. Jamais ils ne se confortent dans l'ordinaire, ou le déjà-vu.

Et ce n'est pas à Pékin qu'ils allaient commencer. Samedi 12 février, lors du programme de danse rythmique, le couple a proposé une prestation qui tire ses influences du waacking, une danse née dans les clubs gay de Los Angeles dans les années 1970. "Ils ont choisi un thème que personne n'avait osé aborder avant eux. Le waacking est une danse agressive, qui envoie un message fort de provocation et de rébellion", analyse Annick Dumont.

"Je les admire pour avoir choisi cette danse car lors des années olympiques, personne n'ose faire différemment que la norme établie. Il n'y a qu'eux qui ont proposé quelque chose de différent."

Annick Dumont, consultante pour France Télévisions

à franceinfo: sport

En effet, le choix a été d’autant plus fort qu’ils ont été les seuls à sortir des sentiers battus, quand tous les autres couples sont restés dans cette norme, entre danses romantiques et sentimentales, avec des rythmes rock ou blues.

Ce pari osé, mais payant, leur a même permis de battre leur propre record du monde (90.83) sur le programme de danse rythmique, et de prendre la tête du classement provisoire samedi. "Les grands champions, ce sont ceux qui sont capables d'aller là où le chemin les mènent et de ne pas toujours suivre celui des autres", a félicité Claude Onesta, le manager de la haute performance à l'Agence nationale du sport, venu assister à leur sacre au Capital indoor stadium à Pékin.

Marquer "l’histoire par leur différence"

Lundi, les deux Tricolores ont continué leur chemin, sans détour. Lors de leur deuxième prestation, leur créativité s'est une nouvelle fois exprimée dans un programme libre où la recherche artistique comprend une part plus importante que lors de la danse rythmique. En choisissant l'Elegie de Gabriel Fauré, compositeur français du XXe siècle, Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ont mêlé et assemblé les genres, comme ils savent si bien le faire, entre une musique classique et une danse contemporaine. "C'est tout eux", sourit Annick Dumont, encore émue de leur prestation. Un choix qui n'a pas laissé le jury insensible.  

Grâce à un score de 136.15 sur le programme libre, le couple a obtenu un total de 226.98 points sur l'ensemble de la compétition, réalisant un nouveau record du monde et s'offrant ainsi l’or tant espéré. "Ils ont marqué l’histoire de leur discipline par leur différence, analyse Annick Dumont. A chaque fois, ils arrivent à mêler une très grande qualité technique à l’émotion, ce qui n’est pas simple à réaliser. Par ailleurs, ils n’ont fait aucune erreur sur leurs deux programmes. Ils ont survolé la compétition, c’est rarissime." Avec six points d’avance sur les Russes Victoria Sinitsina et Nikita Katsalapov, médaillés d’argent, Gabriella et Guillaume ont bien pris le large à leur manière, et pour la première fois, avec l'or olympique autour du cou.

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