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JO 2022 : "Alexis Pinturault est touché moralement, mais le ski, il l'a encore", assure Luc Alphand

Le Français visait la médaille d'or sur le combiné alpin, où il avait déjà remporté l'argent à Pyeongchang, en 2018.

Article rédigé par Quentin Ramelet - De notre envoyé spécial à Yanqing
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (FRANCOIS-XAVIER MARIT / AFP)

Décidément, cette saison ne réussit pas à Alexis Pinturault. Le tenant du titre du gros Globe de cristal en ski alpin espérait toucher l'or olympique, jeudi 10 février, à l'occasion du combiné. Médaillé d'argent en 2018 à Pyeongchang et champion du monde à Are (Suède) en 2019, le skieur de Courchevel a été contraint à l'abandon après avoir enfourché un piquet pendant le slalom. Notre consultant et ancien vainqueur de la Coupe du monde 1997, Luc Alphand, analyse la nouvelle désillusion du Français, qui vit un hiver de plus en plus compliqué.

Franceinfo: sport : Comment expliquez-vous cette nouvelle désillusion pour Alexis Pinturault ?
Luc Alphand : Elle s'explique par les fautes qu'il a faites. Et par le fait qu'il avait moins de marge que les années précédentes. Quand je dis moins de marge, on l'a vu dans les entraînements de la descente et les performances des Autrichiens (Marco Schwarz et Johannes Strolz). Ils avaient mis la pression sur Alexis dès les entraînements de la descente. Et pour lui, une bonne performance en descente était vraiment nécessaire vu le niveau de Strolz et Schwarz en slalom. Donc, quand on se retrouve dans sa position, avec presque une seconde de retard sur les Autrichiens, c'était une mission pas impossible mais vraiment difficile.

C'est ce qui explique son engagement excessif et donc sa sortie de piste...
Dans ce genre de situation, on se retrouve avec une seule solution. On est presque au pied du mur. Il fallait skier son slalom à 104%, voire 102%. Et déjà que lors des quatre derniers slaloms à 100% il y avait eu des sorties, ça complique encore plus la tâche. Après, il a tout tenté, il a repris du temps mais à ce rythme, il ne tient pas.

"Non, ce n'est pas le plus gros échec de sa carrière"

Cet abandon et ce nouvel échec sont finalement à l'image de sa saison galère. Mais comment passe-t-on du meilleur skieur de la planète en 2021 à ce qu'il produit cette année ?
Une performance de haut niveau, elle est 30 à 40% dans la tête. Le moral, la confiance, être bien et se sentir bien, c'est primordial. Mais cette confiance a été émoussée. Déjà en géant, parce que Marco Odermatt lui a mis une pression terrible. Mais, après, le Suisse ne fait pas les slaloms donc ce n'est pas lui le responsable des sorties d'Alexis Pinturault. Quand on n'arrive plus à gagner comme avant, forcément on doute, surtout lorsqu'on vient de remporter la Coupe du monde au général. C'est sûr qu'aujourd'hui, ne pas faire de médailles et sortir... tu te mets encore dans un mauvais moule. Car si tu finis, que tu repars avec une médaille, de bronze ou d'argent, ce n'est vraiment pas la même chose que de finir au bord de la piste comme ça.

Est-ce l'un des échecs les plus importants de sa carrière ?
Non, ce n'est pas le plus gros échec de sa carrière. Il en a connu des plus gros, à Saint-Moritz aux Championnats du monde (2017) où il était vraiment favori. Là, c'était un vrai échec. Parce qu'il ne savait pas d'où il venait et ne comprenait pas. Alors que là, il le comprend très bien. Le ski en ce moment, il l'a.

Après sa descente manquée, Alexis Pinturault n'a pas réussi à se rattraper au slalom. Le Français chute avant la fin du parcours.
Combiné Alpin slalom (H) : Alexis Pinturault chute avant la fin du parcours Après sa descente manquée, Alexis Pinturault n'a pas réussi à se rattraper au slalom. Le Français chute avant la fin du parcours.

Pourra-t-il être en moyen de rebondir rapidement ?
C'est un warrior (guerrier), quelqu'un qui connaît vraiment bien les grands rendez-vous et c'est pour ça qu'il est toujours là à se battre, avec les moyens qu'il a en ce moment. En tout cas, il ne lâche jamais rien. Et comme Marco Odermatt a quelques petits problèmes, ses JO ne sont pas finis. Il y a encore le géant dimanche. En revanche, d'ici là, il ne redeviendra pas en trois jours ce qu'il était l'année dernière. Mais ça reste un champion qui va se battre jusqu'au bout. Juste, ce n'est plus le tigre qu'il était la saison dernière. 

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