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JO 2022 : Clément Noël, des abymes du doute à la médaille d'or olympique

Le skieur de Val d'Isère a retrouvé son ski au meilleur des moments après une première partie de saison frustrante ponctuée par une seule victoire en Coupe du monde, son seul podium.

Article rédigé par Quentin Ramelet - De notre envoyé spécial à Yanqing
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
le bonheur intense de Clément Noël, champion olympique de slalom aux Jeux de Pékin, le 16 février 2022. (FABRICE COFFRINI / AFP)

Une bête blessée est toujours plus dangereuse. Dans la fosse aux lions, au départ du slalom des Jeux olympiques mercredi 16 février, Clément Noël était en chasse. Touché par une succession de déconvenues depuis sa sortie en Coupe du monde à Madonna di Campiglio le 22 décembre dernier (aucun podium en cinq courses dont deux sorties), le Vosgien a ressorti les crocs au meilleur des moments, pour s'offrir le droit de goûter à l'or.

Il en rêvait. Comme tous évidemment. Mais surtout, Clément Noël en avait besoin pour remobiliser le skieur méconnaissable qu'il était devenu depuis plusieurs semaines. Le skieur de Val d'Isère "espérait changer la donne" sur ce slalom olympique "où tout est remis à zéro". Car après avoir offert une masterclass sur le premier slalom de la saison, chez lui à Val d'Isère (Jakobsen, 2e, à +1''40), la machine s'était enrayée à plusieurs reprises par la suite.

"Adelboden, c'est là où je me mets à douter"

D'abord fin décembre à Madonna où il trébuchait sur le dernier piquet du tracé alors qu'il avait relégué la concurrence à plus d'une seconde. Puis à Adelboden, le 9 janvier. Le Français sortait dès le premier run. "Madonna n'est pas le tournant. Plutôt à Adelboden, où je sors en première manche en skiant plutôt mal. Et là ça m'a fait douter un petit peu, donc je n'ai pas réussi à me libérer sur la course d'après à Wengen qui est une piste que j'apprécie beaucoup."

Huitième à Wengen, 15e à Kitzbühel, 9e à Schladming, son mois de janvier est inquiétant, loin de ses standards habituels.

"A chaque fois, mes premières manches étaient bonnes donc ça veut dire que le ski était là. Mais derrière, il y a eu des désillusions en seconde manche pour différentes raisons. La plupart, ça se joue dans la tête. C'est pour ça que je n'ai pas été bon en janvier."

Clément Noël

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Que s'est-il donc passé entre ce 25 janvier, à Schladming, et son jour de gloire olympique ? "J'avais peur qu'il doute encore un peu, oui c'est vrai, j'avais peur", nous confie très ému Frédéric Perrin, le responsable du groupe technique de l'équipe de France de ski alpin. "Dans l'approche, quand on est avec eux, j'essayais de lui enlever tous ces doutes, en étant hyper détaché, hyper tranquille, hyper cool car je ne voulais pas qu'il doute. Mais ce n'était pas simple après tout ce qu'il avait enchaîné au mois de janvier."

Pour effacer ce mois de janvier décevant, Clément Noël avait remis sa tête à l'endroit : "Après Schladming, je m'étais pas mal reposé. J'ai fait une semaine tranquille à la maison avec du repos et de la 'prépa' physique. Je pense que ça m’a fait du bien de couper un peu. Et ensuite, avant d'arriver ici, nous sommes partis trois jours à l'entraînement en Italie qui ont été plutôt bons. Et ça a été bénéfique." Ses adversaires ont pu le constater.

La seconde manche, son chef-d'oeuvre

Mercredi à Yanqing, tous ces maux, ces doutes, se sont évaporés en 49 secondes et 79 centièmes. "Quand il est comme ça, il est juste excellent. Il a ce feeling de magie avec la neige, il fait corps avec l'élément", glisse son coach. Dans cette seconde manche, il est parvenu à refaire "son meilleur ski", avoue-t-il l'or autour du cou et les yeux rougis par le froid et ses larmes qui ont coulé.

Exceptionnelle manche de Clément Noël, le Français s'impose et remporte l'or olympique en slalom. Il rapporte la 4e breloque or de la délégation.
Ski Alpin - Slalom (H) : Clément Noël décroche l'or olympique Exceptionnelle manche de Clément Noël, le Français s'impose et remporte l'or olympique en slalom. Il rapporte la 4e breloque or de la délégation.

Clément Noël a ainsi sonné sa révolte "le jour où ça compte le plus". A 24 ans seulement, le slalomeur français entre par la grande porte dans l'histoire du ski alpin français, aux côtés notamment d'Antoine Dénériaz (2006), Jean-Pierre Vidal (2002) ou encore Jean-Claude Killy (1968). Un nouveau géant de l'Olympe.

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