"C'est comme un baby-blues" : les athlètes montés sur les podiums des JO racontent le revers de leur médaille olympique
Vous pensiez que l'or, l'argent et le bronze faisaient le bonheur ? Sur le coup, aucun athlète ne vous dira le contraire. Sur le long terme, c'est plus compliqué.
Huit centimètres de diamètre, six grammes d'or, d'argent ou de bronze véritable pour un poids total cent fois plus lourd. Quand on est athlète olympique, on sacrifie près de vingt ans de sa vie pour conquérir une médaille en mondovision. Le sourire sur le podium, les larmes lors de l'hymne national, les parents et les proches dans les gradins ou vissés à leur télévision, la fête au Club France, les sollicitations médiatiques et puis... plus grand chose. Sans aller jusqu'à devoir dormir dans sa voiture quelques semaines après les Jeux comme la lutteuse Ronda Rousey (qui effectuera une lucrative seconde partie de carrière dans les octogones de MMA et au cinéma), l'après-médaille n'est pas un chemin pavé de roses comme certains l'imaginaient. Lisez donc l'histoire de cette douzaine de médaillés alors que les Jeux de Tokyo se sont achevés dimanche 8 août.
La difficile descente du podium
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, les médaillés n'achètent pas une Ferrari en rentrant au bercail, après avoir claqué leur mirifique prime de médaille et les mallettes de billets promises par leurs futurs sponsors au bord d'une piscine privée à Miami. "Le lendemain de ma médaille olympique à Barcelone, je suis allé faire mes courses dans un gros supermarché proche de Boulogne-sur-Mer, raconte Didier Hoyer, médaillé de bronze en canoë-kayak en 1992. Les gens m'arrêtaient dans les rayonnages : 'Oh, vous faites vos courses ici ?' Et le soir, quand j'ai sorti mes poubelles, les éboueurs et mes voisins ont eu l'air de découvrir que j'habitais ici depuis des années."
Alexandra Ledermann pensait avoir coché toutes les cases, quand elle décroche le bronze lors du concours du saut d'obstacles aux Jeux d'Atlanta de 1996. Un décalage horaire favorable – il est alors 20h30 dans l'Hexagone. "Si ça avait eu lieu à Tokyo à sept heures du matin, personne ne s'en serait aperçu", souligne la cavalière. Une pratique porteuse, l'équitation, sport n°1 chez les filles. Et la championne qui débloque le compteur de l'équipe de France dans sa discipline. On imagine la boîte aux lettres remplies de sollicitations de partenaires potentiels et un fax (on est en 1996) qui crépite toutes les 20 secondes, dès son retour en Normandie. Tout faux.
J'ai toujours les mêmes sponsors depuis vingt ans. Ma médaille n'a absolument rien changé.
Alexandra Ledermannà franceinfo
Rien ? Rien de bien matériel en tout cas. "Si vous aimez les mondanités, une médaille, c'est idéal", sourit Frédéric Delpla, médaille d'or en escrime aux Jeux de Séoul. Un médaillé olympique, ça fait bien à l'arrière-plan de la photo quand Monsieur le maire coupe un ruban ou inaugure une statue. "J'ai été invité à l'Elysée, à Matignon, par la ville de Paris, par le département..." énumère Frédéric Delpla. Quatre ans plus tard, Didier Hoyez – le céiste qui fait ses courses au supermarché, vous le remettez ? – s'installe dans un stand du marché de Boulogne-sur-Mer. "J'ai dû dédicacer 200 cartes postales. Plus, peut-être. Chaque commerçant m'avait offert quelque chose pour me féliciter. J'avais du saucisson de cheval et des parts de pizza plein la bagnole." Dans un registre un peu plus glamour, l'épéiste Robert Leroux, médaillé aux Jeux d'Atlanta en équipe, se souvient avoir eu une double page de papier glacé dans Gala avec sa compagne, la championne olympique Valérie Barlois. "On s'était assurés que le sujet ne serait pas trop gnangnan", sourit l'escrimeur. "Mais bon, on ne va pas bâtir une vie sur un passage dans la presse people."
Et votre heure de gloire ne dépend pas toujours de vous. Car si votre fédération ne communique pas sur votre breloque, votre nom est bien vite oublié. Prenez Lise Legrand, première médaillée française de l'histoire en lutte avec Anna Gomis, "bronzée" le même jour. Lise qui ? C'est un peu ça le problème. "La fédération n'a pas misé sur moi en terme de communication, se souvient la médaillée de bronze d'Athènes. Le retour en terme de licenciés n'a pas été tip-top. Je pensais que l'histoire d'une fille qui réussit dans un sport d'hommes aurait pu donner envie aux petites filles de fouler les tapis. C'est une opportunité manquée."
Même quand vous brillez dans une équipe de France à la peine, rien ne vous garantit d'être l'arbre qui cache la forêt. Jonathan Lobert garde un souvenir doux-amer des Jeux de Londres, où il a sauvé l'honneur de la voile française avec une médaille de bronze en Finn. "Je suis tombé dans un contexte particulier, raconte le marin, avec une pointe d'amertume. Pour la fédération, les Jeux étaient un échec. Et donc contrairement à Rio, où la fédération a beaucoup communiqué après les bons résultats, à Londres, elle a cherché à tourner la page immédiatement." Au point que le partenaire qui accompagne financièrement les médaillés entre deux olympiades a zappé Jonathan Lobert en 2012. "Je n'ai pas trouvé ça très juste. Moi j'avais l'impression d'avoir fait le job. Je l'ai eue un peu mauvaise à l'époque."
Pour la fortune et la gloire, on repassera
La médaille commence à prendre la poussière, dans le placard où elle a été rangée. Quelques jours de gloire, quelques semaines de notoriété, et ne demeure dans l'esprit des gens qu'un vague souvenir. "Je revois très bien la scène. Je suis dans un magasin, et je donne mon nom à la caisse pour créditer ma carte de fidélité. Une cliente derrière moi dans la file m'interroge. 'Alexandra Ledermann... Vous avez le même nom que la médaillée olympique ?'" s'amuse la cavalière. Une médaille n'empêche pas d'être vite oublié. Brigitte Guibal a pu s'en rendre compte. Onze mois après son aventure australienne, la kayakiste médaillée d'argent à Sydney se retrouve devant les élèves de sa toute première classe d'EPS, un matin de septembre. "Les collégiens sont déconnectés de l'actualité, mais je n'ai pas souvenir d'avoir eu une seule question de leur part sur les Jeux en 2001, raconte celle qui enseigne depuis près de deux décennies, sans nostalgie aucune pour le feu des projecteurs. Ceux d'aujourd'hui sont toujours dubitatifs, ils n'arrivent pas à croire que leur prof puisse être médaillée olympique."
La première fois qu'on a reconnu Frédéric Delpla dans la rue, c'était en 1996, huit ans après sa médaille. Certes, les escrimeurs portent un masque qui ne favorise pas leur identification, mais n'empêche. "C'était... au lendemain de mon passage dans 'Fort Boyard', avec une équipe de sportifs de haut niveau ! raconte-t-il. J'étais dans la station des Arcs, je croise deux gamins le matin après la diffusion, et ils se poussent du coude : 'Regarde, il était dans 'Fort Boyard' hier'." Une participation qui suivra longtemps l'intéressé, qui ne peut pas s'empêcher de glisser au passage qu'il détient le record de la somme récoltée avec deux candidats seulement à ramasser les boyards.
C'est face aux participants d'un village vacances à l'île de Ré que Frédéric Delpla s'est rendu compte qu'un tête-à-tête avec le Père Fouras pesait plus que le fruit doré d'une vie de labeur. La directrice du club chauffe le public quand il monte sur l'estrade : "Cette semaine, nous avons la chance d'accueillir un champion olympique qui va nous présenter l'activité escrime." "Et là, pas un applaudissement, raconte le champion olympique. Je prends le micro : 'Je profite de l'occasion pour dire, puisqu'on n'est pas loin du fort Boyard, que j'ai fait l'émission'. Et là, tonnerre d'applaudissements." Sidération. "Je ne pouvais pas laisser passer ça. J'ai repris le micro : 'Vous vous rendez compte de ce que vous venez de faire ?' Tout le monde s'est regardé, un peu penaud."
Deux cents jours après les Jeux, Delphine Racinet-Réau, double médaillée au tir à 50 mètres à Sydney (2000) et à Londres (2012), s'est retrouvée penaude elle aussi, en face de sa feuille d'impôts. "La prime de médaille de Londres m'a fait changer de tranche d'imposition, et croyez-moi, je l'ai senti passer. J'ai dû pleurer misère devant les impôts pour obtenir un étalement, mais j'ai passé six mois très compliqués en 2013." Curieusement, les primes pour les breloques lors des autres olympiades ont échappé aux griffes du fisc. Mais n'allez pas croire que les autres médaillés ont tout placé dans une banque offshore au Panama, loin s'en faut. "A l'époque, ma médaille de Barcelone m'a rapporté 15 000 francs, se souvient Didier Hoyer. Ça m'a évité de payer la toiture de ma maison et la porte d'entrée, et de contracter un crédit. Ah, et un concessionnaire local m'a fait une remise de 17 000 francs en renonçant à sa marge pour une nouvelle voiture. C'est le seul cadeau qu'on m'ait fait." En 2004, Lise Legrand, qui travaillait dans la puériculture en jonglant entre sa vie de famille et les entraînements, a touché 15 000 euros et une bourse d'Adidas. "Ce n'est pas parce qu'on décroche une médaille olympique qu'on devient millionnaire."
On était dans l'ombre, et on y est retournés
Lise Legrandà franceinfo
Ce n'est même pas sa médaille qui a propulsé Alexandra Ledermann en haut de l'affiche, mais un coup de fil, quatre années après. A l'autre bout du fil, l'éditeur Ubisoft, qui flaire le bon coup commercial en apposant le nom de la championne à son jeu vidéo, dans un sport plébiscité par les filles. "Si ça avait été une conséquence directe de ma médaille, ils auraient appelé beaucoup plus tôt", insiste la cavalière, qui venait alors d'être sacrée championne d'Europe. Le début d'une nouvelle vie de rock star, ou presque. "Je me souviens d'une séance de dédicaces épique au Salon du cheval... Cinq heures d'affilée !" Le jeu vidéo a connu une quinzaine de déclinaisons, une BD sur sa vie (très romancée) s'est soldée par un joli succès, mais tout cela s'est terminé il y a une dizaine d'années. "Ça s'est bien calmé depuis", concède la cavalière, qui n'a plus à son nom qu'une marque de vêtements spécialisés.
Ma petite entreprise connaît un peu la crise
Il ne rêvait pas forcément d'un destin à la Mike Tyson. Mais Daouda Sow, médaillé d'argent aux Jeux de Pékin, pensait suivre la voie tracée pour les boxeurs. Une médaille, comme Mohammed Ali ou "Iron Mike" avant lui, constitue un précieux sésame pour passer pro, avec à la clé de belles bourses pour enfin bien vivre de son sport. Mais l'autre évènement de 2008, outre les Jeux de Pékin, c'est le début de la crise financière. "On ramé en terme de promotion, reconnaît le boxeur. On était sur une période compliquée. Les télés n'avaient plus d'argent pour nous mettre en avant, et les sponsors ne voulaient investir que sur un boxeur qui avait de la visibilité." Le serpent qui se mord la queue. Daouda Sow décroche quelques partenaires, produit ses propres combats, mais n'aura jamais l'occasion de devenir un Mike Tyson à la française.
Or, rien dans la préparation des champions ne les prépare au monde parfois brutal de l'après-médaille. "On nous apprend à aller la chercher, pas à la gérer", poursuit le boxeur installé dans le Nord. Dans son cas, devenir du jour au lendemain patron de PME après des années dans le cocon de l'Insep. "Par exemple, quand tu es blessé, le rendez-vous médical est pris à ta place. Et avec leurs contacts, ils le décrochent beaucoup plus vite que quand tu fais toi-même la démarche."
La descente post-olympique est dure à gérer
Delphine Racinet-Réauà franceinfo
"On se retrouve désemparé. C'est comme un baby-blues", renchérit Robert Leroux. "Je me suis posé pendant un an la question de continuer ou pas. L'or olympique, c'est le summum du summum", se rappelle Frédéric Delpla. La première citée avait déjà les deux pieds dans la vraie vie au moment de sa seconde médaille en 2012. "Mon patron m'a laissé cent jours pour me décider si je continuais ou pas. C'est la bonne durée de décompression post-olympique." D'autant qu'une médaille, sur un CV, ça ne pèse pas grand chose. "On est comme des étudiants qui viennent d'avoir un diplôme, sauf qu'on est plus âgés", illustre Malia Metella, médaillée d'argent en natation à Athènes. Fraîchement sortie des bassins, la jeune femme se lance dans le journalisme. Et se fait débarquer par son principal employeur – une agence de création de contenus – alors qu'elle part commenter les Jeux de Londres pour Canal+. Quand elle embarque dans l'Eurostar, il lui reste quinze jours avant de pointer à Pôle Emploi.
Je me suis demandée tout de suite comment j'allais payer mes factures, comment j'allais finir de rembourser mon appart
Malia Metellaà franceinfo
Les semaines passent, et la championne se résigne à quitter Paris. Direction la maison familiale avec la ferme intention de ne pas jouer les Tanguy. Raté. "Deux ans de galère", élude-t-elle. "Heureusement que j'avais de l'argent de côté. Heureusement que ma mère était encore là... La médaille olympique ne t'ouvre des portes que si tu as déjà fait tes preuves dans le monde professionnel."
Prenez Doriane Vidal. La snowboardeuse, vice-championne olympique de half-pipe à Salt Lake City, vient d'une famille de viticulteurs et une cuvée Doriane Vidal a été commercialisée quelques semaines après son triomphe chez les Mormons. "Mon nom n'a pas vraiment eu d'effet sur les ventes", soupire celle qui a repris le domaine familial et élabore de A à Z les crus depuis 2015. "Le milieu du vin est un peu particulier. Je n'aime pas trop me mettre en avant, rien que mettre mon nom sur les bouteilles représente un gros effort." Dans ce domaine, l'estampille d'un Robert Parker vaudra tous les médaillés du monde.
Sur l'étiquette de la bouteille, on devine un caractère japonais qui se transforme en snowboardeuse après examen attentif. Pas trace de la médaille en revanche. "Ça aurait pu être confondu avec les prix décernés lors des foires agricoles", se défend la championne. La cuvée Doriane Vidal a pourtant décroché une médaille d'or, lors d'un concours organisé en Belgique. Mais pour la viticultrice, pas un gramme de métal précieux. Juste un diplôme en papier, remisé dans le tiroir d'un bureau. Et là encore, l'impact sur les ventes s'avère négligeable.
"Clairement, être un athlète de haut niveau est un handicap dans le monde du travail", abonde Delphine Racinet-Réau, aujourd'hui chez Bouygues, mais qui a débuté sa carrière dans une boîte d'audit... dont elle a été débarquée quand les finances se sont dégradées. "J'étais la première dans la charrette", toute médaillée olympique qu'elle soit. Cette dernière a bien conscience que son statut de sportive et les mercredis après-midi passés à crapahuter sur un stand de tir adapté au tir à 50 mètres (pas de maison à proximité, obligation de pratiquer de jour...) n'a pas aidé sa carrière.
En sport, si vous vous donnez à fond, vous avez de fortes chances d'être récompensé par une médaille. Au boulot, si vous avez une particularité, vous pouvez tout donner, vous n'êtes pas récompensé de la même manière
Delphine Racinet-Réauà franceinfo
Pour des sportifs à qui on martèle depuis leur plus tendre enfance qu'ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes, rien d'étonnant à ce que beaucoup taisent leurs difficultés. Le coup de gueule de la judokate Emilie Andéol dans les colonnes du Parisien en décembre 2019 a surpris l'opinion. Pourtant, ils sont des dizaines à avoir connu l'angoisse du téléphone qui ne sonne pas. Entraîneuse à la piscine d'Aix-les-Bains, Catherine Plewinski, double médaillée de bronze sur 100 m nage libre et papillon à l'époque où la natation française était à sec, se retrouve sur le carreau quand la mairie est placée sous tutelle pour mauvaise gestion au milieu des années 1990. "Je ne me suis pas inscrite au chômage, raconte-t-elle. J'ai puisé dans la cagnotte que j'avais accumulée lors de ma carrière. Je me disais qu'en tant qu'ancienne athlète, un peu privilégiée, je n'avais pas le droit de toucher des aides. Et j'ai vécu comme ça pendant un an."
Retour de flamme (olympique)
Pour Yannick Szczepaniak, la médaille olympique représente tout de même une libération. Mais le lutteur lorrain constitue un cas très particulier : ce n'est qu'en 2016 qu'on lui a notifié qu'il figurait sur le podium de sa catégorie... des Jeux de Pékin, huit ans plus tôt. Entre deux, le scandale de dopage russe avait éliminé quelques rivaux. "Cette médaille a changé le regard que je posais sur ma carrière", explique ce solide gaillard de 120 kg. "J'avais fini ma carrière sans breloque, j'avais perdu toutes les petites finales que j'avais disputées, aux Jeux donc, aux Mondiaux, aux championnat d'Europe. Cette médaille m'a rendu les nuits plus faciles." Même si l'obtenir en 2008 aurait donné un autre tournant à sa carrière. "Quand je finis Pékin, je suis un loser, enchaîne-t-il crûment. J'ai eu beaucoup de mal à me remettre de cet échec." Au moins a-t-il pu récupérer sa prime de médaille sans trop attendre, en profitant de l'alinea "primes olympiques" pour les Jeux de Rio de la loi de finances 2016. D'autres athlètes, médaillés à retardement une année impaire, attendent encore leur dû.
Pour ceux qui ont choisi de ne pas poursuivre leur carrière dans leur sport d'origine, les années qui passent constituent autant de coups au cœur. Didier Hoyer est devenu prof d'EPS parce que "la formation ne durait que trois ans". Pas vraiment une vocation. Passé le choc de la première rencontre avec des élèves pas forcément motivés, une routine mortifère s'installe. "Petit à petit, on ne vous invite plus au bord des bassins. On se sent vite seul au monde", explique-t-il.
J'ai eu des idées noires pendant dix ans. On a vite fait de faire une connerie.
Didier Hoyerà franceinfo
"On se lève le matin pour aller travailler, mais on ne retrouve pas la flamme. Ce que je voulais faire, c'est enseigner, pas faire la police." Le céiste a même pensé créer une association d'entraide des anciens médaillés en détresse – "Je pensais appeler ça 'le revers de la médaille'" – bien plus nombreux qu'on ne le croit. Même parmi les quelque 70% de médaillés français qui évoluent toujours dans le giron de leur fédération, comme entraîneur ou comme dirigeant.
Contrairement aux footballeurs, prompts à encombrer leurs cheminées avec tous les trophées récoltés lors de leur carrière, le médaillé olympique a le triomphe discret. Celle de Doriane Vidal est sur la cheminée du mas familial – "Elle est énorme, on ne peut pas la rater" – mais n'allez pas croire qu'elle se perd dans la contemplation de sa breloque en argent pendant les longues soirées d'hiver au coin du feu. "Je ne la vois même plus", lâche-t-elle. Alexandra Ledermann a des photos de ses chevaux dans le salon, mais sa médaille dort dans un placard. "Je ne suis pas matérialiste", confie-t-elle. Elle n'est pas la seule. "La médaille, c'est la concrétisation pour la famille. L'essentiel, c'est ce qu'on garde au fond de soi tous les jours", résume Catherine Plewinski.
Et quand on leur demande où est leur breloque, certains marquent même un temps d'hésitation. "Ma médaille est chez mes parents, près de la télé", répond Malia Metella. "Dans mes toilettes, sous cadre avec des maquettes de bateaux que j'avais acheté à des athlètes roumains aux Jeux de Séoul", décrit Didier Hoyez.
Ma médaille ? Je l'ai retrouvée récemment lors d'un déménagement
Frédéric Delplaà franceinfo
Les breloques d'Anne Briand-Bouthiaux, quatre fois médaillée en biathlon, "traînent toujours dans un carton, dans mon abri de jardin". Celle a qui a levé les bras à Albertville, Lillehammer et Nagano a pris conscience au fur et à mesure de sa carrière d'une lente rupture avec l'esprit du sport de haut niveau. "Je ne renie pas tout ce que j'ai fait, mais avoir fait du sport de haut niveau n'est plus ce qui me définit. Ce ne sont que des objets. Pour tout vous dire, je cherche à les vendre." N'empêche. Au total, près de 19 000 médailles ont été distribuées depuis 1896. L'équivalent de la population de Fécamp. "Faites le rapport des gens sur Terre par rapport aux médaillés olympiques. On est des privilégiés, insiste Daouda Sow. Ma médaille est sur ma table de nuit. Je la vois tous les soirs. Je suis quasiment convaincu qu'elle influe sur mes actions présentes. Ça va me suivre toute ma vie."
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