JO de Paris 2024 : la qualité de l'eau de la Seine était moyenne avant le triathlon, selon de premières analyses

Si les organisateurs n'ont pas publié les données officielles, des mesures réalisées par une start-up française révèlent une qualité de l'eau en dessous des seuils optimums espérés par la fédération internationale.
Article rédigé par Mathieu Lehot-Couette
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des participants aux Jeux olympiques nagent dans la Seine, le 31 juillet 2024, lors de l'épreuve masculine de triathlon. (KANAME MUTO / YOMIURI)

C'est passé in extremis. Les athlètes du triathlon ont enfin pu se jeter dans la Seine, mercredi 31 juillet, après un feu vert donné à la dernière minute par les organisateurs. "Les résultats des dernières analyses d'eau, reçus à 3h20, ont été jugés conformes", ont annoncé, dans la nuit de mardi à mercredi, le Comité d'organisation des Jeux olympiques et la Fédération internationale de triathlon, au terme d'un feuilleton de trois jours successifs d'annulations et de reports pour cause de pollution de l'eau.

Mais à quel point la qualité de la Seine s'est-elle améliorée ? Les organisateurs n'ont pas publié les valeurs des analyses, effectuées mardi à partir de quatre points de prélèvements entre le pont Alexandre-III et le pont de l'Alma. Interrogé par franceinfo pour connaître ces résultats, le Comité d'organisation a renvoyé vers la fédération World Triathlon, qui n'a pas donné suite.

D'autres analyses, publiées mercredi matin par la start-up française Fluidion, spécialisée dans la mesure de la qualité de l'eau, permettent toutefois de se faire une idée de l'état de la Seine. Cette société met à jour quotidiennement une page dédiée à la surveillance du fleuve parisien au niveau du pont Alexandre-III, où était placé le ponton de départ du triathlon.

Une pollution divisée par deux entre lundi et mardi

Les relevés de Fluidion portent spécifiquement sur la détection de bactéries Escherichia coli (E. coli). Ce germe, présent dans les intestins, est surveillé par les autorités sanitaires et par les organisateurs de compétitions pour jauger la qualité de l'eau. S'il est présent en trop grande quantité, la baignade est considérée comme trop dangereuse. World Triathlon vise une qualité de l'eau bonne ou excellente, avec des niveaux en E. coli inférieurs à 500/100 ml d'eau. A l'inverse, la zone de baignade est jugée de mauvaise qualité si les concentrations dépassent un seuil de 1 000/100 ml. 

D'après les analyses en laboratoire publiées par Fluidion, cette limite a été dépassée, lundi, avec des concentrations en E. coli de 1 553/100 ml. En revanche, les analyses effectuées mardi passent bel et bien en dessous du seuil réglementaire, avec un résultat de 687/100 ml, soit une contamination bactériologique de l'eau divisée par plus de deux en 24 heures.

Une qualité de l'eau toujours pas optimale

Malgré tout, cette amélioration notable reste tout juste passable, d'après le règlement de World Triathlon. Lorsque les concentrations en E. coli sont comprises entre 500 et 1 000, la qualité de l'eau peut être classée comme moyenne ou bonne, en fonction d'autres critères, tels que l'apparence de l'eau ou les conditions météo. Dans le cas de l'analyse réalisée dans la nuit de mardi à mercredi, le curseur devait pencher vers une qualité moyenne, compte tenu des averses qui se sont abattues sur l'Ile-de-France dès la fin de soirée.

En plus de ses mesures faites en laboratoires, la société Fluidion publie ses propres estimations réalisées à partir de capteurs qui analysent l'eau de la Seine en direct. Mardi soir, ces données faisaient état de concentrations en E. coli variant entre 868/100 ml et 2 870/100 ml. "En ce qui concerne le risque, nous sommes dans une zone grise", constataient les experts. "Nous sommes dans une situation complexe", concluaient-ils, à quelques heures des premiers plongeons des triathlètes.

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