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Les premières dames n'en font qu'à leur tête

Avant Valérie Trierweiler, d'autres compagnes de président ont affiché des positions différentes de leur époux et tenté de peser sur leurs choix politiques.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Cécilia Sarkozy à la sortie du Fouquet's (Paris), au lendemain de l'élection de Nicolas Sarkozy, le 7 mai 2007. (ERIC GAILLARD / REUTERS)

Elle est la personne la plus proche du président de la République, mais n'a pas de statut officiel. Pour ne pas être une "potiche", comme elle l'a déclaré au quotidien britannique The Times, Valérie Trierweiler prend des risques. En affichant publiquement, mardi 12 juin, son soutien à l'opposant de Ségolène Royal aux législatives, par exemple. D'autres avant elle ont tenté de s'affranchir d'un protocole mal défini. Passage en revue.

Danielle Mitterrand, que Valérie Trierweiler cite en exemple, est la première épouse de président de la Ve République engagée en politique. Bien plus à gauche que François Mitterrand, elle tacle sans détour les ministres de la première cohabitation. A commencer par Jacques Chirac, Premier ministre, qu'elle accuse de "faire tout et n'importe quoi", dans une interview au JDD en décembre 1986. Puis le ministre de l'Intérieur Charles Pasqua, en 1993, dont elle attaque publiquement la politique d'immigration.

Militante tiers-mondiste, elle manque de provoquer des crises diplomatiques, avec le Maroc notamment, parce qu'elle défendait le Front Polisario. Ses interventions pour les causes kurde et tibétaine agacent le Quai d'Orsay qui tente d'entretenir de bonnes relations avec la Turquie et la Chine. En 1995, elle choque la classe politique en sautant au cou de Fidel Castro sur le perron de l'Elysée.

Bernadette Chirac est elle-même une femme politique, n'en déplaise à son mari. "Elle donne donc son avis, mais toujours en privé, elle aussi, selon l'historien Philippe Valode, car chez les Courcel (son nom de jeune fille), on a appris à se tenir."

Un épisode peu relayé par les médias de l'époque qui montre toutefois le pouvoir qu'elle exerce sur Jacques Chirac. A la fin des années 1970, il est conseillé par deux éminences grises : Marie-France Garaud et Pierre Juillet, que Bernadette n'apprécie guère. "En 1978, elle somme son mari de s'en séparer en menaçant de le quitter", raconte Philippe Valode à FTVi. Il cède quelques mois plus tard, après l'échec du RPR aux élections européennes de 1979.

Cécilia Sarkozy n'est passée que brièvement à l'Elysée en 2007, sans jamais réellement s'y installer. Mais en six mois, elle a infligé plusieurs vilains revers à Nicolas Sarkozy, avant même son élection. Alors qu'elle a activement participé à son ascension politique, l'épouse du candidat UMP ne vote pas au second tour de la présidentielle et déclenche ainsi sa première tempête médiatique, comme le raconte Rue89. La rumeur dit qu'elle l'a en réalité déjà quitté.

Le couple présidentiel bat de l'aile et Cécilia multiplie les absences remarquées. Une angine l'empêche (officiellement) d'assister à une rencontre avec les Bush. Elle évite une visite à Sofia (Bulgarie) avec Nicolas Sarkozy, après s'être tant investie dans la libération des infirmières bulgares.

Elle porte le coup de grâce à son époux en le quittant officiellement en octobre, avant de convoler avec Richard Attias à New York. "Elle ne l'aimait plus, une fois sa mission politique accomplie, elle a privilégié le personnel", analyse Philippe Valode, auteur de Les premières dames de la cinquième République (Editions de l'Archipel).

Carla Bruni-Sarkozy a d'abord été "épidermiquement de gauche" avant de devenir "ultra-sarkozyste", comme le raconte L'Express. Quand elle s'indigne, dans Elle, contre les tests ADN que le député Thierry Mariani veut imposer aux migrants à l'automne 2007, elle n'est encore que Carla Bruni.

Depuis leur mariage en février 2008, elle ne cesse d'encenser la politique menée par Nicolas Sarkozy et déclare qu'il a "tout bien fait". Son vocabulaire et sa fascination sans bornes pour son mari amusent la presse. Particulièrement lorsqu'elle assure qu'il possède "cinq ou six cerveaux parfaitement irrigués" à Valérie Benaïm et Yves Azéroual, auteurs de Carla et Nicolas, la Véritable Histoire.

Yvonne De Gaulle, elle, a bien essayé de peser, mais en vain. "Elle s'est opposée au retour du général De Gaulle à la vie politique en 1958, mais uniquement de façon privée", raconte l'historien Philippe Valode. D'ailleurs, "il n'était pas question pour elle de parler à la presse qu'elle considérait comme l'épouvante", précise-t-il. Et quand De Gaulle, à 67 ans, est rappelé au pouvoir pour résoudre la crise algérienne, Yvonne désapprouve mais le suit.

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