Les rebelles syriens ont utilisé des armes chimiques, selon une enquêtrice de l'ONU
Carla del Ponte a évoqué, dimanche, des témoignages selon lesquels les rebelles ont "fait usage de gaz sarin".
Les rebelles syriens ont fait usage du gaz sarin, selon Carla del Ponte, membre de la commission d'enquête de l'ONU sur les violations des droits de l'homme en Syrie. "Selon les témoignages que nous avons recueillis, les rebelles ont utilisé des armes chimiques, faisant usage de gaz sarin", a-t-elle déclaré dans une interview à la radio suisse italienne, dans la nuit du dimanche 5 au lundi 6 mai. Le gaz sarin est un agent neurotoxique interdit par le droit international.
Depuis plusieurs mois, la communauté internationale s'interroge sur l'utilisation d'armes chimiques, attribuée tantôt au régime de Bachar Al-Assad, tantôt aux rebelles. Francetv info revient sur les questions posées par ces révélations.
Les deux camps utilisent-ils des armes chimiques ?
"Nos enquêtes devront encore être approfondies, vérifiées et confirmées à travers de nouveaux témoignages, mais selon ce que nous avons pu établir jusqu'à présent, pour le moment, ce sont les opposants au régime qui ont utilisé le gaz sarin", a indiqué Carla del Ponte. L'ancienne procureure du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie a précisé que les enquêtes en cours pourraient aussi établir si le gouvernement de Bachar Al-Assad avait utilisé ou non ce genre d'armes chimiques. Or, Reuters indiquait le 30 avril que l'enquête de l'ONU faisait face au refus de Damas d'accorder aux inspecteurs "un accès sans entraves aux sites suspects".
Dès septembre, la presse allemande révélait que le régime se préparait à faire usage de ce type d'armement. Fin avril, les Etats-Unis ont reconnu pour la première fois, et avec prudence, que le régime syrien en avait utilisé contre les rebelles. Mais outre des témoignages et des accusations formulées par l'opposition au régime, la preuve n'a pas été formellement établie.
La Turquie a annoncé pour sa part avoir également mené une enquête auprès de réfugiés syriens blessés, afin de déterminer si le régime avait fait usage de telles armes pour mater la rébellion.
Pourquoi cette question agite-t-elle la communauté internationale ?
Pour les chefs d'Etat occidentaux, partagés sur la nécessité d'armer ou non la rébellion syrienne, l'annonce de son recours aux armes chimiques n'est pas sans conséquence. Impossible pour autant de prévoir si cette nouvelle donnée modifiera la position de la communauté internationale à l'égard des rebelles.
Jusqu'à présent, les puissances occidentales se sont concentrées sur la question de savoir si le régime de Bachar Al-Assad utilisait des armes chimiques. Pour la première fois début mai, Barack Obama a fait état d'indices sur un recours limité du régime syrien à du gaz sarin. Et depuis août 2012, le président américain a plusieurs fois parlé de "ligne rouge" en menaçant d'intervenir si Damas utilisait des armes chimiques. Il a toutefois mis en garde contre toute décision qui serait prise sans avoir "tous les éléments" en main.
Les Etats-Unis sont prudents depuis le scandale des prétendues armes de destruction massive, à l'origine de la guerre en Irak. Selon une journaliste de Canal + en poste à Washington, Obama "a laissé entendre [lundi] qu'il ne souhaitait pas parachuter des forces spéciales sur [des] sites chimiques en Syrie".
Est-il interdit d'utiliser du gaz sarin ?
Le sarin est un puissant gaz neurotoxique qui peut être utilisé en aérosol, notamment à partir de l'explosion de munitions, mais peut également servir à empoisonner l'eau ou la nourriture, selon le Center for disease and control prevention d'Atlanta. Outre son inhalation, le simple contact avec la peau de ce gaz bloque la transmission de l'influx nerveux et entraîne la mort par arrêt cardio-respiratoire. Il est inodore et invisible.
Avec le gaz VX et le gaz moutarde, le sarin figure parmi les armes chimiques les plus stockées par les Etats. Ce stockage est autorisé uniquement à des fins défensives, note Le Monde.fr. Le gaz sarin a été "étiqueté comme arme de destruction massive par les Nations unies en 1991, par la résolution 687 (PDF)", précise le site du quotidien. La Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), établie en 1993, interdit son utilisation. Une convention que la Syrie a toujours refusé de signer, rappelle Le Monde.fr
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