Les TGV low cost, pas chers mais pas forcément pratiques
Des trains à grande vitesse relieront, dès 2013, Marne-La-Vallée à Lyon Saint-Exupéry, Marseille et Montpellier, pour moins de 25 euros par billet, selon RTL. Mais les usagers devront faire des concessions.
Après l'avion, le train. La SNCF doit lancer l'an prochain des TGV à bas prix, rapporte RTL, lundi 4 juin. D'après les informations de la radio, la société s'inspire du modèle aérien : trains au départ d'une gare excentrée, un seul bagage par voyageur, achat de billet uniquement en ligne et non remboursable. FTVi passe en revue les avantages et inconvénients du projet low cost de la SNCF présenté par RTL.
• Un prix fixe et bas
Pas de carte de réduction, pas de variation de prix en fonction de la date d'achat, "même prix pour tout le monde", selon RTL. Les premiers TGV low cost relieront Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne) à Lyon, Marseille et Montpellier pour moins de 25 euros, croit savoir la radio. Un choix qui comblerait les attentes des usagers qui se plaignent régulièrement auprès du médiateur de la SNCF, Bernard Cieutat, de "ne pas connaître précisément les règles applicables en matière de tarifs", selon le Républicain lorrain.
"J'ai du mal à croire que la SNCF impose un prix fixe sur ces trains, car le prix variable est l'une des clés du low cost", s'étonne toutefois Emmanuel Combe, professeur à l'université Paris-I, spécialiste du low cost, contacté par FTVi. La société de transport n'a toujours pas commenté ni démenti les informations de RTL.
• Des gares éloignées des centres-villes
Les TGV concernés quitteraient Marne-la-Vallée plutôt que Paris-Gare de Lyon, pour arriver à Saint-Exupéry (à 20 km de Lyon, sur la commune de Colombier-Saugnieu), près de l'aéroport, au lieu de Part-Dieu (centre de la ville). "La SNCF semble s'inspirer des compagnies aériennes qui décollent 'dans les champs', comme le fait Ryanair à Beauvais", analyse Emmanuel Combe. Ces gares très excentrées permettraient à la SNCF de réaliser des économies de taxes (droits de péage) et d'avoir plus de marge de manœuvre sur les horaires des trains.
Du côté des usagers, ça se complique. Actuellement, un trajet Paris-Lyon en TGV prend environ deux heures et coûte entre 35 et 90 euros. Pour relier Marne-la-Vallée à Lyon Saint-Exupéry, il faut compter environ 1h45, plus 40 minutes entre Paris et la gare et 30 minutes pour atteindre le centre de Lyon. Soit, au total, près de 3 heures. En ajoutant le prix des billets de transport en commun au billet SNCF à 25 euros, le Paris-Lyon "low cost" revient au final à environ 45 euros. De quoi faire reculer les passagers qui préféreront simplifier leur voyage, comme l'indiquent des témoignages recueillis par RTL. Un handicap ? "Pas forcément, mais si l'on observe les compagnies aériennes, celles qui fonctionnent le mieux décollent des gros aéroports comme Orly et Roissy", rappelle le spécialiste Emmanuel Combe.
• Un seul bagage, pas de restauration, pas de première classe
Minimaliste. Le projet décrit par RTL est "destiné à attirer une clientèle qui s'est détournée du TGV jugé élitiste, explique Emmanuel Combe, en dépouillant la fleur de ses pétales". Une seule classe, pas de wagon-restaurant, un seul bagage par personne. "Si c'est effectivement le projet de la SNCF, il est incomplet", poursuit le spécialiste du low-cost. Il manque, selon lui, la "deuxième partie" du low cost : les options payantes, sur lesquelles la SNCF gagnerait de l'argent. Comme Easyjet, qui réclame un supplément d'une vingtaine d'euros pour un bagage en soute.
"La plupart des voyageurs ne veulent pas dépenser moins, ils veulent dépenser mieux", juge-t-il. Economiser 20 euros sur le billet de train, mais manger un bon repas dans un wagon-bar accueillant. "Je serais très étonné qu'il s'agisse là du projet définitif de la SNCF, qui est totalement à contre-courant", conclut Emmanuel Combe. Selon lui, la compagnie de trains devrait davantage s'inspirer de ses concurrents des airs que sont Easyjet, Transavia ou Vueling, qui s'intéressent toujours plus aux voyages d'affaires en proposant des options relativement chères en plus de leurs billets à prix cassés.
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