Manuel Valls : ce qu'il faut retenir de sa prestation sur France 2
Le ministre de l'Intérieur était l'invité de l'émission "Des paroles et des actes", jeudi soir. Il a défendu "la gauche efficace" et a parfois semblé en difficulté face à Marine Le Pen.
POLITIQUE – Deux petites heures pour défendre son action, répondre aux interrogations et, accessoirement, tenter de conforter son statut de "personnalité politique préférée des Français". Manuel Valls était l'invité de l'émission "Des paroles et des actes", jeudi 6 décembre sur France 2. Une longue prestation lors de laquelle il a avant tout défendu sa vision réformiste du socialisme, mais aussi semblé en difficulté lors du débat face à Marine Le Pen. Francetv info vous dit tout ce qu'il faut en retenir.
Le slogan : "La gauche efficace"
On dit de lui qu'il mène une politique de droite ? "Ma famille, c'est la gauche (...) Je suis de cette gauche efficace, s'est-il défendu. Il s'agit de regarder le monde tel qu'il est (...) il faut des solutions réalistes, efficaces, il n'y a pas de place pour le romantisme."
Car s'il se dit bien de gauche, Manuel Valls, qui a répugné à utiliser le mot "socialisme", a tenu à rappeler qu'il est d'une gauche réformiste : "Le problème de la gauche, c'est que c'est souvent dans l'exercice du pouvoir qu'elle est amenée à théoriser ce qu'elle fait. Je préférerais qu'elle le fasse avant. Sur les conséquences de la globalisation économique, sur le rôle de l'Etat, sur la compétitivité, sur les questions de sécurité ou d'immigration." Une façon d'assumer le "social-libéralisme" alors que le PS est toujours sous pression de son aile gauche.
Illustration de cette "gauche Manuel Valls", sa sortie sur l'affaire ArcelorMittal de Florange, au sujet de laquelle le ministre a clairement affiché sa préférence pour la ligne de Jean-Marc Ayrault, par rapport à celle, plus à gauche, d'Arnaud Montebourg. Manuel Valls a en effet salué le "langage de vérité" du Premier ministre, et estimé que "nationaliser les entreprises", comme le propose son collègue ministre du Redressement productif, ce "n'est pas possible".
Le style : très "hollandais"
On dit de lui qu'il est ambitieux ? Manuel Valls préfère se montrer résolument modeste : "Je ne me suis pas réveillé un jour en me disant 'je vais devenir président de la République' !" Modeste également face aux sondages. Cela lui fait-il plaisir de voir qu'il est la personnalité politique préférée des Français ? "Ce n'est pas le problème", esquive-t-il.
Toujours est-il que, comme François Hollande durant la campagne présidentielle, Manuel Valls veut se poser en rassembleur dans son rôle de ministre de l'Intérieur. "Voilà une fonction dans laquelle il faut rassembler les Français, rassembler les élus. Il faut lutter contre la violence et la délinquance. (...) Ma tâche, c'est de rassembler. Nous voulons apaiser. Nous voulons recoudre le pays."
Un Manuel Valls qui a également fait penser à François Hollande sur la forme, en employant un ton calme, une voix posée et un débit parfois saccadé.
Le débit de Valls est exactement le même que celui de Hollande. #DPDA
— Béatrice Houchard (@beache3) Décembre 6, 2012
C'est moi ou Manuel Valls parle désormais comme François Hollande ?
— Vinvin (@Vinvin) Décembre 6, 2012
La phrase marquante : "Oubliez Sarkozy !"
"Oubliez un peu Nicolas Sarkozy, vous interrogez Manuel Valls !" Régulièrement comparé à son prédécesseur, le ministre de l'Intérieur s'en est subitement agacé. Et de contre-attaquer en insistant sur la "différence" entre Nicolas Sarkozy et lui : "Sur tous les sujets, Nicolas Sarkozy a gouverné et sur la plupart, malheureusement, il a échoué. Il y a une différence, c'est que dans l'action comme dans les mots, Nicolas Sarkozy a souvent divisé, jeté les Français les uns contre les autres, fracturé la société."
Le moment fort : le débat face à Marine Le Pen
Le temps fort de l'émission a cependant eu lieu lorsque Marine Le Pen est venue débattre face à Manuel Valls. Résolument offensive, la présidente du Front national a su montrer qu'elle avait minutieusement préparé cet affrontement. Inondé de chiffres plus ou moins précis, et peut-être un peu trop poli sur la forme, Manuel Valls a laissé le sentiment d'être trop en retrait, d'encaisser les coups.
"Il faut maîtriser l'immigration. (...) Vous essayez de faire croire qu'on résout les problèmes de ce pays en stigmatisant les étrangers comme étant responsables de la situation. La facilité de votre discours [est] insupportable", s'est-il contenté de répondre aux attaques répétées de Marine Le Pen. "La différence entre vous et moi, c'est que vous vous parlez, nous nous agissons. (...) Vous êtes en dehors du monde, en dehors de la réalité !"
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