Marine Le Pen, "première des intégristes" pour Vincent Peillon
La présidente du FN veut voir disparaître les signes religieux de l'espace public, voile et kippa compris, et provoque de nombreuses réactions.
POLITIQUE - La sortie de la présidente du Front national ne sera pas passée inaperçue longtemps. Marine Le Pen se prononce pour l'interdiction du voile et de la kippa dans l'espace public, y compris dans la rue, dans un entretien au Monde vendredi 21 septembre.
Que dit exactement Marine Le Pen ?
"Si l'on supprime le voile, on supprime la kippa dans l'espace public", estime Marine Le Pen. Par "espace public", la dirigeante d'extrême droite entend "les magasins, les transports, la rue". Elle précise que si elle arrivait au pouvoir, elle mettrait "à la porte tous les intégristes étrangers". "Tous ! On les connaît très bien", dit-elle.
Comment réagissent les politiques et les instances religieuses ?
Cette prise de position a entraîné de nombreuses réactions. A commencer par celle de François Hollande : "Tout ce qui déchire, oppose, divise est maladroit et donc nous devons appliquer les règles, les seules règles que nous connaissons, c'est les règles de la République et de la laïcité", a assuré le chef de l'Etat en marge de l'inauguration à Drancy (Seine-Saint-Denis) d'un mémorial de la Shoah.
Au cours du même déplacement, Vincent Peillon a de son côté estimé que Marine Le Pen était "la première des intégristes". Le ministre de l'Education a déclaré : "Tous ces amalgames, ces imprécisions, font le lit de l'obscurantisme et de la haine. Réagissons (...). Marine Le Pen jettera de l'huile sur le feu sur tous les intégrismes."
"La laïcité n'est pas l'éradication de toute expression religieuse dans la société", a expliqué Jean-François Copé. Le secrétaire général de l'UMP a estimé que par sa déclaration, "Marine Le Pen montre qu'elle n'a rien compris à la laïcité".
De son côté, le Conseil français du culte musulman a estimé que cela revenait à "aspirer à instaurer un régime totalitaire en France".
Qu'impose la loi actuellement ?
Pour Jean Baubérot, historien et sociologue de la laïcité, "Marine Le Pen se place exactement à l'inverse de la loi de 1905" sur la séparation des Eglises et de l'Etat. Dans un entretien à l'AFP, l'intellectuel rappelle qu'à l'époque du vote de cette loi, "tous les amendements qui visaient à des interdictions de ce qu'on appelle les manifestations de la religion sur la voie publique avaient alors été massivement rejetés".
Pour autant, les "signes ostentatoires de religion" sont interdits dans les établissements scolaires publics depuis 2004. Et depuis le 14 septembre 2010, le port du voile intégral est, lui, interdit dans tout l'espace public. Les contrevenants risquent une amende de 150 euros.
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