Marion Maréchal-Le Pen, le nouveau visage du FN
Lisse, médiatique, (très) jeune, la petite-fille de Jean-Marie Le Pen est l'une des deux députés du Front national élus dimanche. Portrait.
Marion Maréchal-Le Pen, 22 ans, petite-fille de Jean-Marie Le Pen et nièce de l'actuelle présidente du Front national, sera la plus jeune députée de l'Assemblée nationale. Elle a été élue dans la 3e circonscription du Vaucluse. Plus de cinquante ans après son grand-père, lui aussi devenu à 27 ans plus jeune député de sa législature, elle marque le retour du Front national dans l'hémicycle.
• Son nom, "un fardeau et un honneur"
"A génération différente, style différent", déclarait-elle récemment au quotidien britannique The Guardian (article en anglais). Marion Maréchal-Le Pen incarne une image policée et féminine d'un Front national en quête de dédiabolisation. Jeune, jolie, cette étudiante en droit dit préférer le sourire à la bagarre.
Son nom est un "fardeau et un honneur", pense-t-elle. Elle entend l'utiliser à l'Assemblée nationale "pour s'apporter un peu de visibilité". Déjà, sa campagne s'est déroulée sous le feu des médias, attirés par cette héritière frontiste peu commune. A la fois lisse et médiatique, Marion Maréchal-Le Pen a pour mission de briser le fameux "plafond de verre" qui empêche le Front national de gagner, selon sa tante.
"Si nos élites daignaient nous écouter, elles mesureraient tout ce dont nous sommes capables, notre lucidité, notre idéal. S'ils tendaient l'oreille, ils comprendraient pourquoi les jeunes Français dont je fais partie nous rejoignent, déclare-t-elle après l'annonce de sa victoire. Je suis heureuse d'être la porte-parole de cette jeunesse française qui sera demain le fer de lance de la nouvelle espérance incarnée par le Front national et par Marine."
• Une circonscription favorable au FN
Le clan Le Pen a placé la benjamine dans la troisième circonscription du Vaucluse, la plus frontiste de France, rappelle Slate. C'est d'ailleurs dans une circonscription voisine que le maire d'Orange, Jacques Bompard, ancien membre du FN ayant créé son propre parti d'extrême droite régionaliste, la Ligue du Sud, a lui-même été élu député. Marion Maréchal-Le Pen, domiciliée à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), partait donc avec une longueur d'avance.
Elle a emporté le scrutin avec 42,09% des suffrages, profitant aussi d'une triangulaire favorable, comme le relate Libération. Pour avoir décidé de se maintenir au second tour face à la jeune frontiste et au candidat UMP sortant, Jean-Michel Ferrand, Catherine Arkilovitch, candidate socialiste entrée en dissidence, a pris le risque de faire élire Marion Maréchal-Le Pen.
Un certain nombre de personnalités politiques locales, comme le sénateur et président socialiste du conseil général du Vaucluse, Claude Haut, ont dit leur malaise de voir "la petite-fille Le Pen s'installer ici".
• Quel rôle politique ?
Marion Le Pen-Maréchal est jeune, manque d'expérience et fait face à des critiques pour incompétence.
Candidate sur une liste FN aux municipales de 2008 à Saint-Cloud puis aux régionales de 2010 comme deuxième de liste dans les Yvelines, la jeune femme avait flanché face aux caméras. "Je me suis retrouvée au centre des médias, j'ai été un peu dépassée", raconte-t-elle.
Aujourd'hui, elle se défend. "Je ne suis pas coachée par ma famille, je ne suis pas la marionnette de mon grand-père." Jean-Marie Le Pen confirme : "Elle fait véritablement à Carpentras ses premières armes et elle s'en tire de façon magistrale", estime-t-il, "fier" de sa petite-fille. Une jeune femme "de bonne race", avait-il lâché pendant la campagne.
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