Une mosquée de Marseille accusée de "légitimer la violence" menacée de fermeture

Le ministère de l'Intérieur reproche à l'imam de la mosquée des Bleuets de tenir des propos "incitant à la violence et à la discrimination". Les responsables de la mosquée ont dix jours pour répondre aux griefs du ministère pour tenter d'éviter une fermeture.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La porte d'entrée de la mosquée des Bleuets à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 20 août 2024. (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

Le préfet de police des Bouches-du-Rhône a notifié, mardi 20 août, à la mosquée des Bleuets à Marseille son intention de la fermer, estimant que des "propos légitimant la violence" y sont tenus depuis des années. "A la demande de M. Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, le préfet de police des Bouches-du-Rhône a lancé aujourd'hui une procédure de fermeture de la mosquée des Bleuets" située dans le 13e arrondissement, dans le nord de Marseille, a précisé la préfecture de police dans un communiqué.

Cette mosquée où prêche l'imam français Ismaïl (Smaïn Bendjilali), qui conteste les accusations portées contre lui, a dix jours pour répondre aux griefs du ministère pour tenter d'éviter une fermeture. Quelque 300 à 350 fidèles la fréquentent le vendredi, selon les autorités, qui soulignent que la forte présence de cet imam sur les réseaux sociaux lui donne une plus grande audience.

"Depuis 2017 et jusqu'en août 2024, l'ensemble des propos tenus dans cette mosquée, et notamment par l'imam Bendjilali, me conduit à considérer que le maintien en activité de cette mosquée présente des risques et continue à permettre la propagation de ces propos et de ces théories incitant à la violence et à la discrimination", a expliqué à l'AFP le préfet de police Pierre-Edouard Colliex.

"Prêches légitimant le viol conjugal ou la polygamie"

"L'imam principal de cette mosquée y défend une vision fondamentaliste légitimant le recours à la violence", précise la préfecture. Le religieux est aussi accusé par les services du ministère de l'Intérieur de tenir "un discours incitant à la discrimination et à la haine contre les femmes, notamment par des prêches légitimant le viol conjugal ou la polygamie", poursuit-elle.

"La question, ce n'est pas que dans un texte écrit il y a mille ans, il y ait des textes forcément datés. Le problème, c'est de postuler sur les réseaux sociaux en 2020 que le viol conjugal est légitime. C'est ça le problème, pas des textes anciens", a insisté Pierre-Edouard Colliex, alors que des passages de textes sacrés de diverses religions sur la place des femmes suscitent des polémiques. "Quand des propos haineux en écho à ses publications sont tenus par des commentaires sur les réseaux sociaux, l'imam ne les modère pas", a-t-il ajouté.

Le préfet de police reproche aussi à cette mosquée d'accueillir des prédicateurs légitimant l'attaque du mouvement palestinien Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. Mourad Hamza, de la mouvance des Frères musulmans, aurait ainsi en octobre 2023 qualifié "l'attaque terroriste du 7 octobre de 'révolte' et de 'châtiment divin infligé aux juifs'", a affirmé Pierre-Edouard Colliex : "On est clairement dans la légitimation d'une attaque terroriste."

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