Météo : les plans canicule sont-ils vraiment efficaces ?
Mis en place après la vague de chaleur meurtrière de 2003, le plan national canicule a été à nouveau activé cette semaine. Mais, selon Santé publique France, malgré ce dispositif, la mortalité continue d'augmenter.
Chaud devant. Alors qu'une vague de chaleur "sans précédent" pour un mois de juin touche l'ensemble de la France depuis lundi 24 juin, la mairie de Paris et plusieurs départements ont activé le plan national canicule (PNC). Mis en place après la canicule meurtrière de 2003, ce dispositif prévoit plusieurs niveaux d'alertes, qui permettent de déployer différents outils, comme une plateforme téléphonique, et de mobiliser les personnels de santé. L'objectif affiché est d'éviter les 15 000 morts de la vague de chaleur de 2003.
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Depuis sa création, cet outil est vanté par les ministres de la Santé, comme Nora Berra en 2010 ou Agnès Buzyn en 2018. "Toutes ces mesures ont permis d’atténuer l’impact sanitaire de cet épisode de canicule", se félicitait cette dernière à la rentrée 2018, après un été particulièrement chaud.
"On continue de constater une augmentation de la mortalité"
Mais la réalité est plus nuancée que ce qu'affirment ces ministres. Dans une étude publiée en avril 2019, Santé publique France a fait un inventaire des canicules depuis 1970. L'Agence nationale de santé publique estime que "les efforts déployés dans le cadre du PNC ne se traduisent pas par une maîtrise du risque et qu'un impact très important demeure possible, en particulier pour des intensités similaires ou supérieures à celle de 2003". Pour résumer, "malgré tout ce qui est fait par le plan canicule, on continue de constater une augmentation de la mortalité", précise à franceinfo Mathilde Pascal, auteure de cette étude.
Mais s'il faut retenir une chose, c'est qu'il est très difficile de modéliser l'impact du plan canicule sur la mortalité : "On n'est pas capable de dire : 'Sans le plan canicule, il y aurait eu tant de décès. Avec le plan, il y en aurait eu tant'", explique Mathilde Pascal. Pour plusieurs raisons, d'abord parce que les canicules se ressemblent de moins en moins.
Le nombre de canicules, leur intensité, leur répartition géographique évoluent. Tous ces paramètres peuvent avoir des conséquences directes sur la santé et la mortalité.
Mathilde Pascal, experte de Santé publique Franceà franceinfo
Ensuite, parce que d'autres facteurs interviennent comme "le vieillissement de la population, les mesures de prévention qui sont déployées de manière différente selon les départements et les collectivités", complète Mathilde Pascal. "Évaluer un plan est extrêmement difficile", conclue-t-elle.
Mieux diffuser l'information
Pour Santé publique France, le risque sanitaire d'une canicule reste mal perçu et les circuits de diffusion de l'information touchent moins les personnes vulnérables. L'organisme pointe également "l'impossibilité de réduire véritablement son exposition, notamment dans le cadre professionnel et dans les logements mal isolés".
L'organisme public recommande de compléter ce dispositif par "une prévention de fond des impacts de la chaleur tout au long de l'été". "Cette prévention passe par l'éducation de la population en général, la formation des professionnels (santé, petite enfance, sports, travailleurs), l'amélioration du confort thermique des logements, la réduction des îlots de chaleur urbain ou le développement du lien social", estime l'Agence nationale de santé publique.
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